Imbroglio sur les développements permis en Moto3
Le team Leopard estime que KTM a fait sur sa machine des modifications qui avaient été explicitement interdites à Honda cette année en Moto3. Les procédures lancées par l'équipe auprès des instances dirigeantes ne lui ont pas donné satisfaction.
KTM a-t-il été autorisé à modifier des pièces alors que cela avait été interdit à Honda ? C'est la question soulevée par Leopard, qui engage en Moto3 la Honda de Dennis Foggia, actuel troisième du championnat derrière Sergio García et Izan Guevara, deux représentants de GasGas, marque détenue par KTM, à travers le team Aspar.
L'affaire a débuté le 23 décembre 2021 quand la FIM a annoncé aux équipes qu'elles ne pourraient plus faire évoluer tous les systèmes de câblage et leur connectique, interdisant ainsi les modifications sur le guidon ou la pompe à carburant, autant d'éléments sur lesquels le team Leopard avait travaillé pour améliorer ses moto. Craignant de perdre un avantage, l'équipe a demandé une clarification aux instances dirigeantes.
"Le directeur technique a répondu que les changements avaient été réclamés par KTM et que Honda avait donné son accord", précise Leopard dans un communiqué. "Il a dit que nous n'avions pas la possibilité d'utiliser les pièces que nous avions développées, la décision ayant été prise en 2021. Donc, à partir de 2022, les constructeurs devaient homologuer les pièces de 2021."
Honda n'a donc pas pu modifier certains éléments de sa moto, Leopard devant de son côté acquérir les versions 2021 des pièces et "investir des ressources considérables afin d'atténuer la perte de performance" que cela entraînait. L'affaire aurait pu s'arrêter là mais Leopard a constaté des changements sur la KTM engagée cette année.
"Au cours de la saison 2022, nous avons réalisé que sur toutes les motos de KTM et celles des marques du même groupe industriel [GasGas et Husqvarna, ndlr], toutes les pièces de performance [câbles, pompe à carburant et boutons du guidon] avaient été modifiées par rapport à la spécification utilisée en 2021. Pour résumer, nos rivaux avaient modifié les pièces susmentionnées, alors qu'il nous avait été dit qu'il était impossible de le faire. Face à une infraction évidente du règlement et dans l'esprit de la compétition, l'équipe a décidé que quelque chose devait être fait."
Sergio García
Leopard a demandé des clarifications auprès du directeur technique à Jerez et des investigations ont été lancées, avant que l'équipe ne dépose formellement une réclamation au Mugello. "Le collège des commissaires a rejeté notre demande, en nous informant que les nouveaux composants de KTM avaient été modifiés avec l'approbation du directeur technique, et avaient donc été homologués pour 2022", précise Leopard. "Cette réponse nous a étonnés, n'ayant pas reçu un mais plusieurs e-mails dans lesquels le directeur technique refusait à Honda (sans équivoque) d'effectuer les changements permis à KTM, et nous avons décidé de faire appel."
Une décision qui ne satisfait pas Leopard
La Cour d'Appel du MotoGP s'est saisie du dossier et a rejeté la demande de Leopard le 14 juillet dernier, avant de communiquer à l'équipe les justifications de sa décision le 9 août. Leopard s'est senti "désavantagé" mais selon la Cour d'Appel, il y eu des "incompréhensions" entre l'équipe, les instances dirigeantes et Honda l'hiver dernier.
"La Cour d'Appel considère les e-mails et les autres preuves comme de simples 'conversations entre individus' et ne les engageant pas, réduisant de fait le rôle essentiel du directeur technique et laissant le Moto3 en proie à une réglementation ambiguë qui mène à une multitude d'interprétations. Cela créé un précédent en opposition à ce qui est exprimé dans le règlement définissant des questions hautement techniques, mais aussi avec la longue tradition de notre championnat (et, plus globalement, des sports mécaniques)."
"Par conséquent, le directeur technique prétend avoir autorisé ces nouveautés et que ni Leopard ni le HRC n'avaient compris qu'ils pouvaient les introduire. En outre, notre volonté et celle de Honda de discuter au préalable avec le directeur technique de toute modification a été contre-productive, l'opinion du directeur technique n'ayant apparemment pas de valeur légale et pouvant être révisée en cas de besoin."
Dennis Foggia
Leopard estime que "des questions restent sans réponse" et que les différents constructeurs n'ont pas reçu les mêmes informations. "Comme le montrent les documents fournis à la Cour d'Appel du MotoGP, notre équipe et Honda Racing Corporation ont été empêchés par le directeur technique du MotoGP de développer des pièces" tandis que KTM a "explicitement été autorisé à le faire" selon Leopard.
L'équipe affirme enfin que KTM, GasGas et Husqvarna n'ont pas communiqué les changements effectués sur leur moto dans les temps. "Même si cette question a été soulevée et longuement évoquée au cour de l'audience, la décision de la Cour d'Appel du MotoGP ne prend étonnamment pas position sur cette question, ne la mentionnant même pas dans sa décision finale", déplore Leopard.
Rejoignez la communauté Motorsport
Commentez cet articlePartager ou sauvegarder cet article
Meilleurs commentaires
Abonnez-vous pour accéder aux articles de Motorsport.com avec votre bloqueur de publicité.
De la Formule 1 au MotoGP, nous couvrons les plus grands championnats depuis les circuits parce que nous aimons notre sport, tout comme vous. Afin de continuer à vous faire vivre les sports mécaniques de l'intérieur avec des experts du milieu, notre site Internet affiche de la publicité. Nous souhaitons néanmoins vous donner la possibilité de profiter du site sans publicité et sans tracking, avec votre logiciel adblocker.