C'était un 10 avril : la rivalité Rossi-Gibernau à son apogée
Le dépassement musclé de Rossi sur son adversaire dans le dernier virage du Grand Prix d'Espagne, en ouverture de la saison 2005, reste l'épisode emblématique de leur rivalité.

Lorsqu'on l'interroge sur le Grand Prix qui lui a transmis la passion de la course moto, Fabio Quartararo cite sans hésiter celui qui s'est déroulé le 10 avril 2005, à Jerez. Il n'avait que six ans, et pourtant, le petit Fabio a connu ce jour-là des émotions qu'aucune autre course ne pourrait par la suite égaler.
C'est aussi l'une des courses les plus polémiques de l'ère du MotoGP qui s'est jouée ce jour-là sous le soleil de l'Andalousie. Alors que la saison débutait à peine, Sete Gibernau, deux fois vice-Champion du monde, arrivait à domicile sur la lancée d'une solide intersaison, ayant fait de lui l'un des favoris pour ce nouveau championnat. C'était sans compter sur Valentino Rossi, qui dès cette première course, allait fermement mater son adversaire et lui asséner un coup au moral ravageur.
Parti deuxième sur la grille, derrière Rossi, le pilote espagnol a réussi à d'emblée prendre les commandes de la course et à boucler la quasi-totalité des tours en tête, lancé dans l'une de ses plus belles performances, lui qui comptait neuf victoires à son palmarès. Mais Rossi n'avait pas baissé les bras, loin de là, et les derniers tours ont fini par réunir les deux hommes dans un duel d'anthologie. Des dépassements qu'ils ont multipliés dans ce sprint final, on ne retiendrait surtout que l'épilogue de cette confrontation, une manœuvre réalisée dans le tout dernier virage et passée à la postérité, pouvant engendrer des débats toujours aussi virulents aujourd'hui dès lors qu'elle est évoquée.
Jamais sans doute ne mettra-t-on d'accord les deux camps : ceux qui estiment que Rossi est fautif de s'être jeté dans le dernier gauche et d'avoir provoqué un contact avec Gibernau qui se trouvait, lui, sur la trajectoire idéale et ne pouvait le voir ; et ceux qui maintiennent au contraire que l'Espagnol avait la responsabilité de s'écarter pour éviter le clash. Le fait est que ce dépassement musclé a permis au #46 de filer vers la victoire, alors que son adversaire l'observait impuissant depuis le gravier, ne pouvant finalement repartir que pour sauver une deuxième place, l'épaule gauche par ailleurs endolorie par ce contact peu chaleureux avec la Yamaha.
"Pendant ces années-là, Valentino et moi étions dans une grande rivalité, et on se connaissait très bien parce qu'on courait ensemble chaque week-end et que c'étaient plutôt des duels à l'époque. On savait tous les deux à quel point cette course était importante pour nous deux. Alors à la fin de la course, chacun de nous a fait ce qu'il pensait être le mieux pour le championnat", concédait il y a quelques années Sete Gibernau, lorsque BT Sports l'interrogeait sur le sujet pour sa série Greatest Races. Toujours férocement convaincu de la dangerosité de l'attaque de son rival malgré tout, il résumait : "Je vois cette course comme une super course, très mentale, un pilotage extraordinaire, et j'y ai pris du plaisir – à part dans le dernier virage."
À chaud, Gibernau en appelait à ne pas réduire cette course, qu'il avait dominée, à ce dépassement, et pourtant cet épisode lui colle encore à la peau aujourd'hui. Ironiquement, il n'a plus gagné de Grand Prix par la suite et c'est pourtant cette manœuvre qui reste emblématique de sa rivalité avec Rossi, alors même que ses résultats ont commencé à décroître. Après s'être confronté à Max Biaggi avec au moins autant de force par le passé, le pilote de Tavullia allait bientôt mener d'autres duels tout aussi marquants face à Casey Stoner, Jorge Lorenzo ou Marc Márquez, autant de rivaux chez qui il a cherché l'émulation.
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