2018, l'année de la concrétisation pour Aprilia ?

Il fait peu de doutes que la saison dernière a dû être frustrante pour l'équipe Aprilia, qui a sans doute aligné la moto intrinsèquement la plus rapide depuis son retour en MotoGP en 2015, sans toutefois parvenir à exploiter celle-ci au maximum.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cela. Le fait de changer l'intégralité du line-up bien sûr. À une période d'adaptation nécessaire pour Aleix Espargaró tant au niveau d'un nouveau prototype à découvrir (l'Espagnol provenait alors de Suzuki) qu'au niveau d'un nouveau statut à assumer, celui de fer de lance du projet du constructeur italien en MotoGP, se sont ajoutées les difficultés encore plus édifiantes d'un Sam Lowes qui avait tout à défricher dans la discipline.

Ajoutez à cela des problèmes mécaniques récurrents, et vous obtenez une dernière place au championnat des constructeurs, alors que les objectifs des troupes de Noale début 2017 étaient autrement plus ambitieux.

Mais cette année, avec un Espargaró doté d'une campagne d'expérience derrière lui, et un Scott Redding heureux de retrouver la structure Gresini chez qui il avait déjà évolué lors de ses débuts dans la catégorie reine en 2014, les espoirs sont de retour.

Des essais hivernaux pas optimaux

Pourtant, ce n'est pas pour l'heure les résultats des essais hivernaux qui peuvent rassurer. Car si la RS-GP a certes réalisé des progrès au niveau du châssis, avec notamment un allégement global de la machine rendu possible par l'introduction d'un nouveau châssis et d'une kyrielle de pièces clés telle que, entre autres exemples possibles, un bras oscillant en carbone, le point noir reste encore et toujours le moteur.

La nouvelle version de celui-ci n'a d'ailleurs toujours pas été à date essayée par les deux pilotes de l'équipe, qui devront attendre le premier week-end de course au Qatar pour faire un test grandeur nature du nouveau bloc propulseur à leur disposition.

Encore heureux que l'équipe transalpine dispose des points de concession, sans quoi ce type de situation pourrait s'avérer à double tranchant et compromettre l'ensemble de la saison – Suzuki pourra en témoigner sur le sujet.

Mais si la vitesse sur un tour lancé reste donc encore à vérifier, un aspect positif de la nouvelle RS-GP réside dans sa constance sur de longs runs, comme l'a confirmé Aleix Espargaró. "Nous sommes encore en difficulté sur un tour, donc cela ne va pas être facile en qualifications durant cette saison 2018", reconnaît l'Espagnol. "Mais je suis confiant dans le fait que le jour de la course nous serons plus proches des gars de devant, donc cela me rend heureux."

Quant à Scott Redding, tout heureux de rejoindre une équipe d'usine afin de ne pas subir les limites de développement inhérentes à une équipe satellite, l'idée sera d'entrer à plusieurs reprises dans le top 8 même si pour y parvenir, il sera nécessaire de faire observer à la RS-GP une nouvelle cure d'amaigrissement.

"Pour Aprilia, l'objectif est d'aller dans le top 8, ce qui en soi n'est pas une idée folle, c'est vraiment possible avec la moto et lors des simulations de course elle est très rapide, très forte", a confirmé le transfuge de Pramac. "Nous avons besoin de progresser un peu au niveau de la vitesse, réduire un peu le poids de la moto, et cela pourrait améliorer la vitesse."

Le patron de l'équipe, Romano Albesiano, est lui aussi optimiste quant à la possibilité de réaliser des top 10 sur une base régulière cette saison (l'équipe en a réussis sept l'an dernier, tous l'œuvre d'Espargaró).

"La cible pour cette année sera d'être constamment dans le top 10, possiblement avec deux pilotes, et quelques top 5, ce qui serait vraiment sympa à avoir", a déclaré l'Italien lors de la présentation du nouveau prototype ce jeudi. "Je pense que c'est possible, pas facile car cette année tous les concurrents ont fait une bonne avancée, mais c'est notre cas aussi, donc nous allons voir."