360 km/h attendus au Mugello : la sécurité est-elle en question ?

Tout le monde scrutera cette semaine les vitesses de pointe des MotoGP, alors qu'elles retrouvent le Mugello après deux ans d'absence et que de nouveaux records y sont attendus. Mais ne risque-t-on pas d'atteindre les limites de la raison sur la piste italienne ?

Fabio Quartararo, Petronas Yamaha SRT

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Depuis le début du championnat, seul Portimão n'a pas vu sa vitesse de pointe battue par les MotoGP du cru 2021. Il faut dire que la piste portugaise avait déjà été visitée très récemment, puisqu'elle concluait le championnat 2020. Avant Jerez et Le Mans, où un gain de 4,1 km/h a été obtenu à chaque fois par rapport à la référence précédente, Losail a fait les gros titres avec son nouveau record de vitesse de pointe.

C'est non seulement le record de la piste, mais aussi tout bonnement le record absolu en MotoGP qui a été battu au Qatar. Dans la ligne droite de 1,068 km de la piste de Doha, la Ducati de Johann Zarco a atteint une pointe à 362,4 km/h en début de championnat. Depuis, tout le monde attend le rendez-vous du Mugello avec une excitation toute particulière, car on peut se demander à quel point les limites y seront repoussées, sachant que la piste italienne détenait la référence avant que le cap des 360 km/h soit passé au Qatar.

La référence actuelle au Mugello est une pointe de 356,7 km/h établie par la Ducati d'Andrea Dovizioso lors de la dernière visite, il y a deux ans. Si la tendance actuelle se poursuit, la barre des 360 km/h devrait donc là aussi être franchie. Or, ce qui suit la ligne droite de 1,141 km c'est l'un des virages les plus célèbres du championnat, celui de San Donato, à aborder à un peu plus de 90 km/h après une bosse. "Un virage très exigeant, l'un des plus difficiles et extrêmes du calendrier, sans aucun doute", résume Aleix Espargaró.

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"Je pense qu'ils peuvent battre le record parce que généralement on peut avoir quelques km/h de plus ici par rapport au Qatar. Et puis le freinage dans San Donato et le saut avant de freiner, c'est l'endroit le plus impressionnant du championnat, je pense. À chaque tour, quand on sort du dernier virage on pense à la fin de la ligne droite !" décrit Valentino Rossi, qui a même porté un casque représentant ses yeux écarquillés à l'approche de ce virage.

Une chose est certaine, le freinage à San Donato risque d'être encore plus impressionnant que d'habitude si les MotoGP atteignent des vitesses plus élevées cette année. "J'espère que celui qui battra le record pourra prendre le premier virage, contrairement à Johann au Qatar quand il l'a fait", fait d'ailleurs remarquer Jack Miller.

Touche-t-on aux limites de la sécurité ? Pas de l'avis de Pecco Bagnaia, lui aussi doté d'une Ducati : "Arriver à 360 km/h ici, c'est différent par rapport au Qatar, parce que San Donato est un virage dingue. On a la possibilité de battre le record − surtout Johann, à mon avis, parce qu'il est plus aérodynamique − mais je ne pense pas que ça changera la sécurité de la piste. Attendons de voir les vitesses mais je pense que ça ne changera rien."

Valentino Rossi, Yamaha Factory Racing, Danilo Petrucci, Ducati Team

Avec l'amélioration sensible des performances globales des MotoGP cette année, la question de la sécurité revient sur la table à chaque Grand Prix, et pas uniquement à cause des vitesses atteintes en ligne droite mais aussi tout au long du tour. Même sur des pistes relativement lentes comme celle de Jerez, la proximité des protections de bord de piste a fait débat, notamment dans le virage 7 où l'on a observé des chutes à la dynamique glaçante.

Interrogés dans ce contexte sur l'avenir à donner à une piste aussi typée que celle du Mugello, les pilotes se sont montrés partagés, désireux de conserver le caractère des lieux tout en continuant à peaufiner la sécurité partout où c'est possible.

"Il faut que le Mugello reste une piste old school et améliorer la sécurité autour, à certains endroits, où il y a parfois des murs", a estimé Johann Zarco. "Quand on voit l'argent qui peut être dépensé pour refaire un asphalte, je pense qu'on pourrait le dépenser encore mieux pour modifier aussi ce qu'il y a autour. Est-ce qu'aller plus vite augmente le danger ? Je ne pense pas qu'il faille le voir comme ça, sinon il n'y a pas d'évolution, or ce n'est pas pour ça qu'on est payés, on est payés pour aller toujours plus vite. Pas seulement en ligne droite, mais ça fait partie du jeu. Pour moi, il y a aussi l'Histoire. C'est important de la conserver au cours de la saison, pour les futurs pilotes et pour tout le monde."

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"Je ne pense pas qu'on puisse changer le tracé, je ne pense pas que ce soit la bonne direction", a renchéri Jack Miller. "Je pense que la piste est fantastique comme ça. Il y a des choses à faire pour améliorer la sécurité et je pense que c'est nécessaire. Si on regarde en arrière, on voit tout ce qu'on a amélioré. Au final, on ne fera jamais une course moto sûre à 100%. C'est la course moto, ça fait partie de ce qui la rend belle. Je pense que si on peut améliorer certaines pistes, ce qu'on fait avec la Commission de sécurité et tout le reste, on ne le fait pas que pour nous mais aussi pour les gens qui viennent rouler."

"C'est l'évolution naturelle, c'est certain. Autrefois, le Championnat du monde se disputait sur des pistes urbaines. On avance dans cette direction", a ajouté le pilote australien, à qui Aleix Espargaró a fait écho : "C'est une évolution naturelle. Petit à petit, étant donné que les motos sont de plus en plus rapides, les circuits doivent aussi être de plus en plus sûrs et c'est ce que nous faisons à la Commission de sécurité. La seule raison pour laquelle on a des réunions chaque vendredi avec la Dorna, c'est pour essayer de rendre les circuits aussi sûrs que possible."

"On sait que le MotoGP n'est pas un sport facile et le risque est toujours là, mais si on peut améliorer des circuits ce sera super. Les vitesses sont toujours plus élevées et les murs deviennent plus proches. Beaucoup de circuits qui figurent au calendrier pourraient être améliorés pour gagner en sécurité et le Mugello en fait partie. Petit à petit, je pense qu'on fait du bon travail sur la sécurité", a jugé Espargaró, souvent le plus virulent pour pointer du doigt les manquements sur ce sujet.

"Il est important de continuer à travailler sur les pistes et particulièrement sur les voies de dégagement, car nos motos sont très rapides, c'est certain", a quant à lui estimé Valentino Rossi, conscient que le Mugello n'est pas moins concerné que de nombreuses autres pistes anciennes. "Si on parle de sécurité à Jerez, on est plus ou moins au même niveau au Mugello, avec des endroits qui sont un peu dangereux. Il faut donc toujours essayer de pousser au maximum pour que les voies de dégagement soient améliorées. Mais ça ne concerne pas que Jerez et le Mugello, il y a beaucoup de pistes sur lesquelles on pourrait faire mieux."

Avec Vincent Lalanne-Sicaud

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