Accompagner Acosta, comme une nouvelle jeunesse pour Hervé Poncharal
Pedro Acosta a insufflé une énergie nouvelle au sein de l'équipe Tech3 et ramené l'excitation de Grands Prix à enjeu. Pour Hervé Poncharal, le trac a laissé la place au plaisir pour cette saison passée à accompagner les débuts de l'étoile montante espagnole en MotoGP.
Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images
Quoi que vont révéler les deux mois à venir, dernière partie ô combien chargée de la saison, Hervé Poncharal peut d'ores et déjà estimer l'année de Tech3 réussie. L'équipe française aura encore fait preuve de sa force de résilience, après trois campagnes éprouvantes. Cette année, KTM s'est appuyé sur sa structure partenaire pour mettre le pied à l'étrier à sa pépite, Pedro Acosta, et le challenge peut être considéré comme relevé.
"Cette saison a été superbe jusqu'à présent", a admis Hervé Poncharal en participant au podcast officiel du MotoGP, lors du premier Grand Prix qui s'est tenu à Misano. "Clairement, Pedro dépasse toutes les attentes, mêmes les siennes", a-t-il poursuivi, soulignant l'effet de surprise qu'ont entraîné les résultats d'Acosta. "Même si à Valence, l'an dernier, lorsque nous avons fait notre première journée avec Pedro sur la moto, nous avons vu qu'il y avait quelque chose de spécial qui a immédiatement connecté entre lui et la MotoGP, et qu'il donnait l'impression d'avoir déjà passé pas mal de journées à son guidon, nous n'aurions jamais imaginé qu'il allait réaliser ce qu'il a fait jusqu'à présent."
Quand on vise la première ligne, des podiums potentiels, que l'on voit ses pilotes se battre pour des positions de tête, peu importe depuis combien d'années vous êtes là, c'est toujours magique !
"La vie est pleine de surprises et quand les surprises sont positives, on est juste heureux. Et nous sommes heureux, car nous avons souffert ces deux ou trois dernières saisons. Même si l'on adore être dans le paddock, avoir cette vie, faire partie du MotoGP Circus, ce n'est pas si amusant quand on est derrière ! Mais quand on vise la première ligne, des podiums potentiels, que l'on voit ses pilotes se battre pour des positions de tête, rien ne peut battre ce feeling et je peux vous dire que peu importe depuis combien d'années vous êtes là, c'est toujours magique !"
Près de 35 ans après les débuts de son équipe en Grand Prix, Hervé Poncharal assure avoir retrouvé l'enthousiasme de sa jeunesse grâce à cette saison vécue dans le haut du panier avec Pedro Acosta.
"Les sensations sont toujours les mêmes, vous savez. Quand j'ai vu Pedro sortir de la Q1 en Aragón, j'étais aux anges car je savais que le week-end serait potentiellement bon. Quand je l'ai vu prendre le départ du sprint et se battre pour les positions de tête en résistant aux attaques de Brad [Binder], j'étais comme un garçon de 16 ans, plein d'éloges et d'admiration pour ces gars. L'émotion était encore là. Vous savez, l'âge de votre cœur n'a pas d'importance : tant qu'il bat, et qu'il bat vite, vous ressentez du plaisir et des émotions !"
VIDÉO - Les dépassements de Pedro Acosta au GP du Portugal
"Certaines équipes, certains chefs mécaniciens qui travaillent avec des pilotes spéciaux ne le réalisent pas toujours. Vous gagnez chaque dimanche et c'est comme si c'était mission accomplie", a observé le patron français, résumant "moins vous en avez, et plus vous en profitez !".
Tech3 a eu l'occasion de briller durant les années 1990, notamment en remportant le titre 250cc avec Olivier Jacque, mais après la création de la catégorie MotoGP, il aura fallu attendre 2020 pour sabrer le champagne avec une première victoire apportée par Miguel Oliveira.
Si les trois années suivantes se sont révélées particulièrement complexes, l'arrivée d'Acosta a soudain ouvert de nouveaux horizons à l'équipe. Hervé Poncharal a accueilli le jeune Espagnol en étant pleinement conscient qu'il ne ferait que passer et qu'héberger un tel talent pendant un an ouvrait d'immenses possibilités, à condition d'être à la hauteur.
"J'avais une grosse pression, car je savais que ce jeune homme, ce pilote spécial, allait demander un soutien spécial, un traitement spécial et qu'il n'allait pas arriver pour faire une saison de rookie telle que n'importe qui la décrit − tu es ici pour apprendre, et c'est tout. Pedro veut apprendre, mais en 15 minutes, et ensuite il veut performer", a-t-il décrit.
Après avoir retrouvé le podium au GP d'Aragón, Pedro Acosta est sixième du championnat.
Photo de: GasGas Factory Racing
"Je ne savais pas si j'allais être au niveau, et c'est aussi quelque chose d'excitant car vous entrez dans l'inconnue, et j'aime être dans l'inconnue. Le déjà-vu, ce n'est pas intéressant. On a eu une super journée à Valence, le mardi après la dernière course 2023. J'étais plutôt satisfait de notre équipe, de la manière dont nous l'avions accueilli et lui avions offert du soutien. Et j'ai pu voir dans son feedback que non seulement il aimait la moto, il aimait la catégorie, mais il aimait aussi travailler avec notre équipe, et ça aussi c'était important."
"Il avait travaillé trois ans avec Aki [Ajo], où la majorité du staff est espagnole. On a aussi quelques Espagnols, mais pas seulement, c'est bien plus international, donc on doute toujours. Pedro n'avait que 19 ans quand il est arrivé, il sortait de trois ans dans cette famille Ajo et c'était un grand challenge pour moi. Je ne veux pas dire que le mardi soir, c'était déjà mission accomplie, que j'avais passé l'examen, mais c'était un bon sentiment, et à partir de là, nous sommes allés à Sepang pour les trois jours de tests de pré-saison […] et tout a été fantastique. Il n'y a jamais eu le moindre nuage, le ciel était tout le temps totalement dégagé !"
D'emblée dans le rythme et capable de se battre contre les plus grands, Acosta a décroché deux podiums dès les trois premiers Grands Prix, ainsi que plusieurs médailles en course sprint. Après un creux, qui a vu le pilote requérir un soutien technique à la hauteur de son potentiel et se rendre tantôt sur des tests privés, tantôt à l'usine KTM, la courbe de résultats est repartie à la hausse dernièrement, de quoi faire renaître l'optimisme en vue de ce qu'il pourrait encore accomplir sous les couleurs de Tech3.
La victoire n'est pas encore arrivée, mais il reste sept Grands Prix à Hervé Poncharal pour nourrir l'espoir d'une telle récompense pour son équipe, avant que l'Espagnol s'envole pour le team d'usine, laissant derrière lui, quoi qu'il arrive, ce plaisir qu'il aura offert aux troupes de Bormes-les-Mimosas.
Avec Guillaume Navarro
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