Aleix Espargaró inquiet d'un "calendrier très exigeant" en 2023

L'augmentation du nombre de courses et des déplacements hors d'Europe rendront la saison 2023 éprouvante selon Aleix Espargaró. Redoutant particulièrement les six Grands Prix prévus en sept week-ends, l'Espagnol a déjà prévu d'alléger son programme sur certaines épreuves.

Aleix Espargaro, Aprilia Racing Team, en conférence de presse

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Le calendrier 2023 du MotoGP dévoilé la semaine dernière reste provisoire mais les grandes lignes devraient peu évoluer. La Dorna a prévu 21 courses, un nombre record, mais surtout de nouvelles épreuves qui nécessiteront de longs voyages. Le GP d'Aragón, déplacement court pour tous les pilotes, va disparaître tandis que deux courses outre-mer seront au programme, au Kazakhstan au début de l'été puis en Inde en fin de saison.

Cette dernière partie de championnat s'annonce particulièrement éprouvante pour les équipes, avec deux séries de trois courses en autant de week-ends, associés à une séquence de sept courses loin des bases. L'Indonésie et le Qatar passeront en effet du début à la fin de la saison et s'ajouteront aux visites en Inde, au Japon, en Australie, en Malaisie et en Thaïlande, avant une finale dans la foulée à Valence. Aleix Espargaró redoute déjà ces huit courses en dix week-ends.

"Le calendrier de l'année prochaine sera très exigeant", a constaté le pilote Aprilia. "La dernière partie sera... pff... très dure. Trois courses consécutives à deux reprises [en octobre puis en novembre] et très loin de chez nous, ça sera très exigeant physiquement et mentalement avec les courses sprint, de nouvelles pistes. Un calendrier très exigeant, sincèrement, mais c'est comme ça."

"Je vais essayer de m'organiser au maximum avec mon équipe, avec ma famille. Je voyagerai sûrement plus avec mes enfants, on va voir comment s'organiser. J'ai le sentiment que la dernière partie sera très difficile pour les pilotes et pour tout le monde dans le paddock."

Aleix Espargaró se sent néanmoins "privilégié" dans son rôle alors que les mécaniciens doivent arriver plus tôt et repartir plus tard à chaque course. Afin de préserver sa vie de famille, le Catalan a déjà prévu avec Aprilia d'arriver plus tard sur les courses européennes l'an prochain, un luxe impossible pour les autres membres de l'équipe.

"Je crois que c'est encore plus galère pour les mécaniciens. Moi, j'ai la chance énorme d'être pilote de MotoGP et d'être dans l'équipe Aprilia qui permet à ma famille de venir donc il faudra juste que je m'organise avec ma femme, que je parle avec l'école des enfants et que je voyage avec eux. L'an prochain ils auront cinq ans, on réfléchissait déjà au fait qu'ils fassent la tournée outre-mer avec nous, et [on y pense] plus que jamais. Peut-être pas les deux tournées asiatiques, mais une des deux. Je pense que ça me fera du bien que ma famille soit là."

Action en piste

"J'avais déjà pensé à changer [mon organisation] lors des Grands Prix européens", a ajouté Espargaró. "Je ne voyagerai plus le mercredi mais le jeudi matin pour faire des week-ends un peu plus courts. Je vais devoir m'organiser pour ceux hors d'Europe mais j'ai beaucoup de chance car d'autres équipes ne l'autoriseraient pas et Aprilia me laisse amener ma famille. J'ai la chance qu'elle m'accompagne."

"Ça sera donc un peu moins pesant, en revanche pour beaucoup de mécaniciens qui ont la même vie familiale que moi, ce travail est très dur. Mais c'est comme ça. J'ai un mécanicien qui est devenu père il y a peu de temps et être loin de sa famille, c'est dur. Ce travail est génial mais c'est la partie difficile."

Ce n'est que le début de l'apocalypse !

Aleix Espargaró

Comme en Formule 1, le calendrier du MotoGP devrait continuer à s'enrichir et à délaisser l'Europe dans les prochaines années. L'Espagne va passer de quatre à trois courses en 2023 et ce nombre pourrait encore baisser à l'avenir puisque le contrat de Barcelone prévoit une présence une année sur deux. L'Italie voit aussi l'une de ses deux épreuves menacée si le public ne répond pas présent. L'expansion du calendrier aurait pu passer par la Finlande et la Hongrie, cependant ces deux projets semblent à l'arrêt et c'est avec une course en Arabie saoudite que la Dorna planifie l'avenir.

"Le problème c'est que j'ai la sensation que ce n'est que le début, que 2023 va être pire [qu'aujourd'hui] puis 2024 va être pire encore", a déplore Espargaró. "On en parle beaucoup à la Commission de sécurité et il y a beaucoup de pays hors d'Europe qui sont très intéressés pour rejoindre le championnat. Je ne pense pas me tromper en disant qu'à l'avenir on va faire d'autres courses aux États-Unis, dans les pays d'Amérique latine. Ça ne colle pas qu'il y ait quatre courses en Espagne et plus d'une en Italie donc ce n'est que le début de l'apocalypse ! [rires]"

De nouvelles contrées qui séduisent malgré la fatigue accrue

Cet allongement du calendrier, ces déplacements lointains accompagnés d'un décalage horaire et l'arrivée des courses sprint sont autant de facteurs qui inquiètent les pilotes quant à leur capacité à encaisser la durée d'une saison. Aleix Espargaró pense que l'enchaînement des Grands Prix sera usant pour lui et ses confrères.

"Même si cette année je me sens bien, en fin d'année on commence à avoir les batteries un peu vides, on manque un peu d'entrain... [...] On va s'organiser mais le championnat va être dur avec beaucoup de courses hors d'Europe. On ne peut pas le voir maintenant, mais dans les dix ou 11 prochaines années on verra beaucoup de pilotes MotoGP prendre leur retraite."

Marc Marquez, Repsol Honda Team

Marc Márquez

Marc Márquez fêtera ses 30 ans en 2023 mais il ne s'inquiète pas vraiment de l'allongement du calendrier et se réjouit même que le MotoGP se rende sur de nouveaux marchés. Après deux ans marqués par des blessures et des opérations, il craint néanmoins l'enchaînement de courses en fin d'année, qui ne pardonnera aucune faiblesse.

"Je n'ai pas de copine ni d'enfants donc moi ça me plaît [rires]", s'est amusé l'octuple Champion du monde. "C'est bien et je suis pour aller dans de nouveaux pays, [découvrir] de nouvelles cultures et [rencontrer] des fans différents. C'est important pour la marque et pour le championnat mais s'ils veulent faire ça pour l'avenir, on devra s'en tenir à 21-22 courses maximum, selon moi. Avec beaucoup de courses consécutives en fin de saison, une petite blessure et ça sera un désastre."

Maverick Viñales se réjouit également de voir le championnat se produire sur de nouveaux territoires et séduire un public toujours plus large. "C'est très important pour le MotoGP d'aller dans de nouveaux pays et d'agrandir la communauté du MotoGP", a-t-il souligné. "C'est une chose que nous devons faire, nous devons devenir le sport le plus important au monde donc pour moi c'est super. Évidemment, j'adore courir. L'Inde est importante car il y a beaucoup de fans là-bas, comme en Indonésie. En roulant là-bas on va beaucoup augmenter la communauté MotoGP et c'est super, c'est une bonne nouvelle."

Une opinion partagée par Pecco Bagnaia, qui regrette néanmoins que le calendrier 2023 ne fasse pas escale sur le théâtre de sa première victoire en MotoGP. "J'ai vu qu'on ira en Inde et pas en Aragón", a commenté le pilote Ducati. "Pour moi ce n'est pas très bon ! Mais en tout cas, on avait quatre courses en Espagne donc c'est bien de laisser la place à d'autres pays. Je suis assez impatient de rouler en Inde parce que c'est un nouveau circuit [pour moi] et j'aime toujours ça. C'est sûr qu'on sera loin de chez nous pendant longtemps l'an prochain."

Fabio Quartararo est impatient de découvrir les nouveaux circuits du calendrier. "De nouveaux pays, de nouvelles pistes... J'ai vraiment hâte d'aller en Inde car c'est un tracé que j'ai vu auparavant et il semble très rapide et amusant", a confié le leader du championnat au site officiel du MotoGP. "J'espère qu'on s'amusera sur cette belle piste !"

Avec Charlotte Guerdoux

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