MotoGP Test Sepang

Álex Márquez recolle les morceaux grâce à Ducati

Son adaptation naturelle à la Ducati pousse les responsables du constructeur à voir Álex Márquez comme un candidat récurrent au podium pour la saison à venir. Le pilote espagnol, lui, retrouve avec soulagement sa confiance au guidon après trois années rudes avec Honda.

Alex Marquez, Gresini Racing

Promu en MotoGP au pied levé, lorsque Jorge Lorenzo a requis la rupture de son contrat fin 2019, Álex Márquez a connu trois premières saisons mouvementées, dans l'équipe officielle Honda puis dans son team satellite. Décider l'an dernier de sortir de ce groupe l'a soulagé et c'est maintenant chez Ducati qu'il va tenter de trouver ses marques pour relancer sa carrière.

Ce changement l'éloigne du poids que représente la comparaison permanente avec son frère, pierre angulaire du programme du HRC, mais il lui permet aussi d'abandonner la RC213V, moto la plus critiquée du plateau. Jugée imprévisible et traître, la machine développée à Tokyo a vu son niveau se dégrader au point que seul Marc Márquez est parvenu à la faire gagner depuis avril 2018. Ducati, à l'inverse, a développé une moto désormais perçue comme la référence et fournie à huit pilotes, tous capables de se montrer aux avant-postes.

En accueillant Álex Márquez au sein de leur groupe, via le team Gresini, les responsables Ducati ont multiplié les marques d'attention à l'égard du discret pilote espagnol de bientôt 27 ans, titré dans les catégories Moto3 (2014) et Moto2 (2019). "Nous avons beaucoup de respect pour nos pilotes. Quiconque se trouve sur une Ducati a notre approbation", soulignait notamment Davide Tardozzi, team manager, auprès du site officiel la semaine dernière. Et d'ajouter au sujet du #73 en particulier : "Je crois que cette année il peut démontrer qu'il est double Champion du monde et je pense qu'il n'a jamais eu la possibilité de montrer ses performances."

À l'issue des trois jours de test réalisés à Sepang, la direction de Ducati était plus enthousiaste encore. Les performances du pilote espagnol ne sont pas passées inaperçues : huitième au classement final, il a placé sa GP22 à 0"496 du meilleur temps, avec un gain personnel de 1"623 par rapport au chrono qu'il avait établi en octobre dernier lors des qualifications sur place. En comparaison, Luca Marini, leader du test, a gagné 0"690, lui qui pilotait déjà la Desmosedici dans sa spec 2022 la saison dernière.

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"Après une période difficile avec la Honda, le fait de pouvoir disposer d'une moto qui fonctionne va lui donner énormément de motivation pour montrer quel pilote il est. Álex a remporté deux titres", a souligné Paolo Ciabatti, directeur sportif de Ducati Corse, auprès de Motorsport.com. "Il est assurément difficile d'être le frère d'un extraterrestre comme Marc, et ça peut l'être encore plus quand on est dans la même équipe que lui. Chez Gresini, ils prendront grand soin de lui."

Ducati perçoit notamment le potentiel d'Álex Márquez sous la pluie

Davide Tardozzi croit totalement dans cette union : "Nous sommes très heureux de la pré-saison qu'il est en train de faire. Nous pensons que cette moto peut mettre en valeur certains de ses points forts. Álex est très bon sur le mouillé et aussi dans des conditions mixtes, et notre moto aussi. Et nous pensons également qu'il peut très bien exploiter le freinage et l'entrée dans les virages." Et le team manager italien d'ajouter : "Cette année, on va clairement voir pourquoi Álex est deux fois Champion du monde."

La Ducati met Álex Márquez en confiance

Discret comme à son habitude, Álex Márquez avance minutieusement dans sa préparation. Après ses quatre premières journées au guidon de la Ducati (une en novembre à Valence, puis les trois jours du test de Sepang), il sait pouvoir encore peaufiner certains détails et parfaire son adaptation, mais la polyvalence de la moto italienne lui permet déjà d'avoir de bien meilleures sensations.

"Sur un tour, les chronos arrivent plutôt bien. Je sens la moto, c'est quelque chose de vraiment bien, elle donne beaucoup de feedback au pilote", décrivait-il dès la première journée en Malaisie. "Avec Honda, on sait que la performance n'était pas très bonne, mais le problème principal c'était le feedback envoyé par la moto au pilote. C'est quelque chose de très important, or avec la Honda on ne sait jamais ce qui va se passer, si on va glisser ou pas dans un virage. Avec celle-ci, on a le feeling pour essayer d'aller chercher la limite parce qu'on se sent vraiment en sureté sur la moto. C'est très important pour la régularité en course."

Si la Ducati pouvait le faire rêver lorsqu'il percevait l'aisance de ses pilotes alors que lui galérait sur la Honda, Álex Márquez a maintenant la confirmation que le caractère de cette moto change tout. "[Les pilotes Ducati] font les chronos d'une différente façon et c'est parce qu'on a le feeling et qu'on sent qu'on peut attaquer. Ce n'est pas comme lorsqu'on sent qu'on est déjà à la limite et qu'on ne sait pas si on peut en faire un peu plus, comme Marc qui très souvent joue avec la limite. C'est pour ça que beaucoup de pilotes sont rapides avec cette moto."

Jusqu'où ira Álex Márquez avec la Ducati ?

"C'est la différence principale. À part ça, bien sûr, il y a plus de moteur, on le voyait à la télé l'an dernier", a ajouté le pilote espagnol. "On le sait, [la Ducati] est une moto qui fonctionne très bien, qui a une très bonne géométrie et avec laquelle les chronos arrivent de façon plus naturelle pour tous les pilotes." Des qualités multiples, donc, mais il semble accorder plus d'importance à ses sensations générales qu'au potentiel concret de la moto à ce stade.

"Je suis encore en train d'apprendre à connaître la moto", a-t-il souligné auprès du site officiel à l'issue du test, "elle est très différente de celle que j'utilisais jusqu'à présent. Tout n'est pas encore sous contrôle, c'est un peu la moto qui me pilote plutôt que l'inverse. J'ai donc encore beaucoup de choses à comprendre mais c'était mon premier véritable test avec la Ducati. C'était très positif, je suis très content."

Admettant qu'il a pu perdre confiance au guidon de la Honda, voilà qu'il la retrouve peu à peu en se sentant en contrôle de sa moto et en se voyant rapide, sans compter qu'il n'a connu aucune chute pendant ces essais en Malaisie. "J'ai encore des interrogations mais je n'ai jamais douté du fait que je pouvais être rapide. Mais à certains moments on peut se dire qu'on a oublié comment piloter une moto", a-t-il admis. "C'était une période très dure mais je pense que ça m'aidera pour être plus fort et pour être un meilleur pilote à l'avenir." La grande question sera désormais de savoir jusqu'où peut aller Álex Márquez avec la Ducati.

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