"Fier et heureux", Álex Rins a offert son dernier succès à Suzuki

Álex Rins a réalisé une performance fantastique en remportant le dernier Grand Prix de Suzuki en MotoGP avant le retrait de la marque de son programme dans le championnat. C'est bien entendu avec des émotions importantes que le vainqueur du jour a rejoint la presse en interview après les célébrations du podium.

Le vainqueur Alex Rins, Team Suzuki MotoGP, sur le podium

Le vainqueur Alex Rins, Team Suzuki MotoGP, sur le podium

Gold and Goose / Motorsport Images

On pensait à Jack Miller pour raconter en cette fin de week-end valencien la belle histoire d’une victoire acquise par un pilote lors de sa dernière course avec son constructeur actuel, avant un départ vers de nouveaux horizons. Mais en réalisant un départ fantastique depuis la cinquième place de la grille menant au holeshot au premier virage, puis en ne quittant plus jamais la tête du Grand Prix malgré la pression constante d'adversaires déterminés, Álex Rins a écrit l’une de ces magnifiques histoires que seul le sport de haut niveau permet de narrer encore de longues années plus tard.

Pour le dernier Grand Prix de Suzuki en MotoGP, tandis que le constructeur japonais a mis fin au programme dans la discipline reine de manière brutale cette saison, son pilote depuis six ans a adressé le plus beau des hommages à l’équipe et sa monture en menant cette machine bleue sur la plus haute marche du podium. Une histoire digne d’une fiction qui a certes été moins visible du fait de la lutte pour le titre mondial opposant Pecco Bagnaia et Fabio Quartararo, mais qui laissera son empreinte dans un paddock chargé d’émotion...

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Quelle fin de conte de fées : tu as pris le départ depuis la cinquième place, tu as fait le holeshot, puis tu n'as plus perdu la tête de tout le Grand Prix. C'était la façon parfaite de terminer…

Oui, c'était extraordinaire de terminer la saison de cette manière. Suzuki s’en va. Je ne pouvais pas faire mieux que de prendre la première position. Mais comme vous l'avez dit, du début à la fin ça a été bon, mais à la fois difficile à gérer ! Tout d'abord, pendant le week-end, il y a eu beaucoup d'émotions qui me sont venues à l'esprit et dans mon corps, et j'ai essayé de garder ça de côté, parce que vous savez, hier, les qualifications étaient si importantes et nous avons vraiment bien exécuté les choses pour partir de la cinquième place. La concentration était difficile. Sur la grille, je disais au revoir aux mécaniciens et je pleurais ; toutes les émotions venaient à moi. Et à un moment donné, je me suis dit : "Álex, concentre-toi car tu as une course à faire".

Nous avons pris un superbe départ en arrivant premiers au premier virage et ensuite ça n'a pas été facile de contrôler cette course car Jorge [Martín] était très rapide et Brad [Binder] arrivait aussi très, très vite. Je ne pouvais pas me permettre la moindre erreur et j'essayais de garder ma trajectoire, de ne pas faire d'erreur, de contrôler les pneus… et à la fin nous y sommes parvenus ! Nous avons vu que nous pouvions à nouveau décrocher la victoire avec la Suzuki. Ils ont pris la décision de clôturer le programme MotoGP mais j'ai donné 100%. C'est ça, 100% !

Tu as dû ressentir tellement d'émotions en arrivant dans le Parc Fermé…

C'était super spécial de voir tous les membres de l'équipe heureux, souriants, en pleurs…  C'était superbe ! Il n'y a rien de plus que je puisse dire. Cet après-midi et demain, c’est ça. Et ensuite je passe dans un autre box, vers un autre chapitre de ma vie. Je suis enthousiaste et triste à la fois parce que nous avons beaucoup appris et nous avons gagné, perdu, pleuré ensemble avec Suzuki. Ce sera difficile, mais ce n'était pas entre mes mains… Comme je l'ai dit, je quitte cette course en donnant 100%. Nous avons gagné, je suis heureux. On l'a fait et je suis super fier, car nous le méritons vraiment.

Alex Rins, Team Suzuki MotoGP

Alex Rins, Team Suzuki MotoGP

Vas-tu demander à ce qu’on t’envoie cette moto en Andorre ?

C’est certain, c'est certain ! C’est super spécial ! Lorsque je suis allé dans le Parc Fermé, j'ai regardé le pneu arrière pour voir comment il était, et j'ai vu tous les noms des membres de l'équipe Suzuki qui avaient écrit à la main et c'était plein d'émotions pour moi avec les messages de tous.

Tu as dit avoir pleuré sur la grille ; as-tu aussi pleuré à l’arrivée ?

Oui, j'avais des larmes sur la grille. Pas quand j’ai passé la ligne d'arrivée, parce que je célébrais, et j'étais heureux. Je n'ai pas pu faire de célébrations et des burns, mais j'ai vu que Remy Gardner avait ruiné son pneu et fini sur la jante, c’était génial ! Mais oui, quand je suis arrivé dans la pitlane, j'ai pleuré avec les mécaniciens et ma femme. J’ai aussi voulu Lucas, mon bébé, je voulais monter sur le podium avec lui mais ma femme m’a dit qu’il dormait et qu’on n’allait pas le réveiller !

Tu as prouvé avec cette victoire que Suzuki est l'une des meilleures équipes du paddock. Cela ne prouve-t-il pas que cette décision de quitter le MotoGP était simplement ridicule et irrationnelle ?

[Rires] Je ne l'ai pas dit, c’est vous qui l'avez dit ! Je ne sais pas, au final, à chaque fois que je saute sur la moto et que je prends la piste, j'essaye de tout donner. Je pense que j'ai fait un bon travail pour Suzuki en leur donnant une moto performante et gagnante. Joan [Mir] a remporté le championnat et nous avons beaucoup travaillé. À la fin, ce qu'ils nous ont dit, c'est qu'ils ferment parce qu'ils ont d'autres plans pour le futur avec quelque chose de lié à l'environnement. Je respecte donc totalement ça.

Ce n'est pas facile parce que comme vous l'avez dit, nous avons une moto compétitive ; cette année était vraiment extraordinaire : ils avaient fait un pas en avant extraordinaire avec le moteur et nous étions là avec les Ducati ; mais c'est leur décision et je ne peux rien faire. Je ne peux rien dire parce qu’à la fin, ils m'ont beaucoup donné et je leur ai beaucoup donné aussi, donc c'est comme ça…

Joan a dit que peut-être que la décision de Suzuki de quitter le MotoGP avait eu plus d'impact sur lui qu’il ne le pensait. On a vu que vos résultats ont un petit peu baissé, comment est-ce que cette décision t'a affecté ? On a vu que tu étais très rapide en fin d’année et tu as remporté deux des trois dernières courses

Cela m'a beaucoup affecté, vous savez, parce que courir sans avoir de contrat sur la table n'était pas facile pour moi. En plus, il y a une course, à Montmeló, où j'ai touché un autre pilote et il y a eu ce gros crash. Je me suis cassé la main et rien ne se passait bien. Mais j'ai travaillé dur à la maison avec mon psychologue pour rester concentré à 100% car ce n'était pas facile. Mais nous l'avons fait.

Est-ce que ça a été le moment le plus difficile de carrière ?

C'est possible, c'est possible que ça ait été le moment le plus difficile de ma carrière. Parce que j'avais toujours tout sous contrôle, et après Jerez, je ne savais plus si j'allais piloter l'année prochaine… donc oui, c'est possible.

N’es-tu pas inquiet pour la l'année prochaine ? Tu vas monter sur la seule moto qui n'a pas remporté une course en 2022…

Sincèrement, je ne suis pas inquiet à propos de ça, je suis si enthousiaste d'essayer une moto différente, parce que passer six ans avec la même… Parfois, les changements sont bons. Et à la fin, Honda c'est Honda ! Ils vont faire une moto performante ; on a vu que Marc [Márquez] testait de nouvelles choses sur ces dernières courses et il était là. À Phillip Island, je me battais avec lui. J'ai vu plus ou moins comment était la moto. Pareil en Malaisie, où nous nous battions ensemble. OK, la moto n'est peut-être pas la meilleure de la grille avec ce dernier package, et la dernière fourche et les ailerons, etc. Mais Honda reste Honda et il est certain qu'ils feront de nouveau une moto performante.

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