Après la souffrance, le soulagement pour Álex Rins
Álex Rins a été récompensé de ses efforts en faisant dimanche son retour sur le podium, deux mois et demi après sa blessure à l'épaule.

Pour la première fois depuis le Grand Prix de Grande-Bretagne disputé en août 2019, qu'il avait remporté, Álex Rins a fait dimanche son retour sur le podium en obtenant la troisième place de sa course à domicile, à Barcelone. Soulagement ou bonheur, le pilote Suzuki avait du mal à faire pencher la balance émotionnelle après la remise des trophées. "C'est un peu des deux !" avouait-il, le visage barré d'un large sourire qui ne laissait rien paraître des souffrances qu'il a dû endurer pour revenir à ce niveau.
Car si sa fin de saison 2019 s'était révélée plus faible que ce qui aurait pu être attendu de lui, Rins restait l'un des favoris à l'approche du nouveau championnat, et au vu de la tournure que celui-ci a pris, on peut être certain qu'il aurait eu son mot à dire parmi tous ceux qui ont réussi à jouer la gagne jusqu'à présent s'il n'avait pas subi un revers douloureux dès le premier Grand Prix.
Touché à l'épaule dans une grosse chute à Jerez, le pilote espagnol allait manquer la première course mais aussi subir pendant des semaines les conséquences d'une blessure pour laquelle il a été décidé de ne pas l'opérer. Bien qu'il ait initialement eu du mal à réaliser la portée de cet accident, il a fini par comprendre qu'il allait longtemps en ressentir les conséquences.
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"C'est génial d'être de retour ici !" se réjouissait-il dimanche lors de la conférence de presse réservée aux hommes du podium. "Ça faisait depuis Silverstone qu'on essayait de se battre pour le podium et on l'obtient enfin. Je suis très content, car comme tout le monde le sait, je me suis luxé l'épaule à la première course. Après Jerez, à Brno je me disais que je me sentais à 100% puisque je n'avais pas de douleurs sur l'os, alors pour mon corps et mon esprit ça a été difficile à comprendre car au bout de quatre ou cinq tours d'essais je tirais la langue, je n'arrivais pas à être plus rapide que je ne l'étais."
"Cette course a été dure pour moi, comme les week-ends précédents. C'est notre troisième course de suite, et franchement je ne suis pas à 100% physiquement à cause de ma blessure de l'épaule de jerez, mais je suis très content."

"J'étais très loin sur la grille, j'ai essayé de garder l'esprit libéré et d'avancer pas à pas", expliquait Rins, qualifié en 13e position. Un très bon départ l'a d'emblée propulsé à la sixième place, et mis à l'abri des embouteillages et de la chute de Johann Zarco et Andrea Dovizioso dans le deuxième virage. Ensuite dépassé par Pol Espargaró, il a dû s'employer durant cinq tours pour réussir à reprendre l'avantage sur le pilote KTM. Son coéquipier, Joan Mir, avait alors pris deux secondes de marge.
"Avec mon chef mécanicien, on avait établi un petit plan avec le rythme de course de tout le monde et je n'étais pas très loin, la clé était de prendre un bon départ. Alors je suis content parce que j'y suis arrivé, j'ai récupéré beaucoup de positions dans le premier tour. À partir de là, j'ai essayé de gérer mes pneus, de reprendre des secondes sur celui qui me devançait, et qui était Joan. J'ai perdu quelques secondes en me battant contre Espargaró, mais ensuite j'ai essayé de garder l'esprit libéré et de ne faire aucune erreur."
"J'ai essayé de me concentrer sur moi-même, sur mon style de pilotage, pour essayer d'économiser les pneus autant que possible. Au final, ça se voit dans les temps, car on tournait une ou deux secondes plus lentement. Mais on l'a fait et je suis très content, car on semble pouvoir tenir le rythme. On a beaucoup de mal en qualifs, quand on monte des pneus neufs pour se porter devant, mais ensuite en course on est là, alors il faudrait qu'on trouve un compromis qui nous rapproche plus [sur la grille]."
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Sous la pression des progrès de Joan Mir, qui s'est affirmé comme l'homme fort du championnat grâce à sa régularité aux avant-postes depuis cinq courses, Álex Rins a répondu de la meilleure des manières en allant chercher cette troisième place, finalement revenu à huit dixièmes seulement du Majorquin alors que cinq positions les séparaient sur la grille. Un premier double podium en 13 ans pour Suzuki, qui confirme autant la pertinence de ce line-up que la réussite des efforts accomplis ces dernières semaines par le #42.
"Le premier pilote que l'on veut battre, c'est son coéquipier, alors il est clair que j'essaye d'être rapide pour le battre. Il fait une bonne saison, très régulière. Ça veut dire que notre moto est compétitive", retient-il. "Je me suis battu pour cela sur les dernières courses. Je me souviens du premier Grand Prix en Autriche, où je suis tombé alors que j'étais deuxième et que je passais Dovi. Mais il faut rester dans le présent et essayer de le battre."
"Je suis très content, on a travaillé très dur en piste et en dehors pour que je sois à 100% et je veux remercier mon équipe, à la fois Suzuki et mon équipe personnelle, pour avoir toujours été là, ainsi que tous les fans qui sont à la maison à cause du COVID. C'est une saison difficile", concédait Rins à l'arrivée, n'oubliant pas de penser aux autres dans son bonheur : "Je veux dédier cette course à toutes les familles qui souffrent à cause de ce virus, à ma famille aussi et à Luis Salom."

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À propos de cet article
Séries | MotoGP |
Événement | GP de Catalogne |
Catégorie | Course |
Lieu | Circuit de Barcelona-Catalunya |
Pilotes | Álex Rins |
Équipes | Team Suzuki MotoGP |
Auteur | Léna Buffa |
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