Analyse : Dovizioso en quête de revanche face à Márquez
La pré-saison de MotoGP a posé les bases d'un nouveau duel entre Márquez et Dovizioso, avec une apparition éphémère de Lorenzo aux avant-postes et une bonne dynamique chez Yamaha avec Zarco comme invité surprise.
Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images
Márquez ou la confiance du Champion
S'il fallait établir un classement des pilotes qui se sont montrés les plus compétitifs cet hiver, le Champion le dominerait haut la main. Marc Márquez s'avance vers le début du championnat comme la référence, aussi bien en raison de la couronne qui a coiffé sa tête ces deux dernières saisons, que pour la régularité qu'il a affichée lors des trois tests collectifs qui se sont déroulés cet hiver.
Même s'il n'a pas été le plus rapide à Sepang (Lorenzo a signé le meilleur temps en Malaisie), à Buriram (Pedrosa) ainsi qu'à Losail (Zarco), il n'y a pas de pilote sur la grille avec un rythme sur un tour aussi constant que le Catalan. Son ADN lui permet de tirer le meilleur d'un tour, de sorte que durant la pré-saison, en particulier au Qatar, il a sacrifié cette force pour gagner en régularité.
Le nouveau moteur de sa Honda devrait moins le limiter lors de la première manche du calendrier et, à partir de la deuxième en Argentine, il devrait passer à la vitesse supérieure et exhiber son plein potentiel. Alors que la RC213V n'est pas au niveau des deux premières versions qu'il a pu pilotées lors de ses débuts en MotoGP (2013 et 2014), elle est au moins un cran au-dessus des deux dernières, avec lesquelles il a tout de même réussi à remporter le titre lors des deux derniers exercices.
Dovizioso, la principale alternative
Le seul aspect où Andrea Dovizioso sera derrière Márquez au Qatar le dimanche 18 mars, ce sera le palmarès. Mais cela mis à part, l'Italien a réussi à donner le change à l'Espagnol en 2017, dans un championnat qui s'est décidé lors de la finale à Valence, et durant lequel Dovi a accumulé un total de six victoires, soit le même total que le numéro 93.
De ce que nous a donné à voir 2018 jusqu'ici, le pilote Ducati a fait partie des plus rapides à Sepang, et n'a pas eu à démériter à Buriram, avant d'enfoncer le clou au Qatar, où il était d'ailleurs passé près de la victoire lors de la première manche en 2017, un scénario qui pourrait bien se renouveler au vu des résultats des derniers essais.
Après avoir créé la surprise l'an dernier, Desmodovi s'est affirmé comme la principale alternative à Marc Márquez pour décrocher la couronne. "J'apprécie beaucoup de débuter l'année comme un candidat [au titre], et cela montre que nous avons bien travaillé. Je me sens encore plus compétitif que la saison précédente", déclare le natif de Forli, un pilote qui a acquis la réputation de ne pas lancer des paroles en l'air.
Le travail s'accumule pour Lorenzo
Après une première prise de contact explosive sur le circuit de Sepang, avec un record de la piste en prime, les sensations n'ont fait que se dégrader pour le Majorquin. Lorenzo est reparti de Thaïlande avec plus de doutes que de certitudes – il en est même venu à utiliser une Ducati de 2017 – et a fini les essais du Qatar avec un constat clair : il reste aujourd'hui beaucoup de travail à faire, aussi bien de son côté que de celui de l'équipe, et faire en sorte que son pilotage cadre bien avec les pré-requis de la Ducati.
Si dans la foulée des essais en Malaisie la majorité de ses pairs sur la grille l'ont présenté comme un prétendant au titre, ces derniers ont dû depuis réviser quelque peu leur avis. Maintenant, certains le voir au mieux capable de gagner quelques courses, mais sans la régularité nécessaire pour viser plus.
Pour le moment, l'Espagnol continue de travailler, conscient qu'il s'agit là de la seule façon d'atteindre l'objectif qu'il s'est fixé lorsqu'il a quitté sa zone de confort chez Yamaha et qu'il s'est embarqué dans ce projet. Son engagement avec Ducati est ferme, mais alors qu'il est sur le point de devoir le renégocier, la démarche se fera sans doute à la baisse.
Yamaha dans le flou
Il n'y a rien de pire pour une équipe de MotoGP que de réaliser un pas en avant ponctuel sans n'avoir rien changé sur la moto. C'est pourtant bien ce qui se passe dans les deux parties du garage de Yamaha depuis quelques mois, une période où la marque aux trois diapasons s'est montrée désorientée et n'a pas été capable de trouver des solutions au problème de traction rencontré par Valentino Rossi et Maverick Vinales depuis top longtemps.
Aux innombrables châssis étrennés il faut ajouter les carences soulignées par le Docteur sur la M1 au niveau électronique, par rapport à Honda et Ducati. Le numéro 46 insiste sur ce point à la fois sur le fait qu'il est satisfait avec la décision de repartir de la base fournie par la moto de 2016 pour développer celle de 2018.
Vinales, de son côté, se limite à souligner qu'il est impossible de viser le titre avec un prototype qui n'est pas à son goût. En définitive, une partition identique à celle de l'an passé. Considérés sous cet angle, les statistiques de l'an passé de la firme d'Iwata deviennent un bon bilan (quatre succès et 13 podiums).
Zarco fait beaucoup parler de lui
Il est toujours surprenant de voir que Johann Zarco continue d'accumuler les crédits avec une Yamaha de deux ans d'âge, tant au niveau du châssis que du moteur, alors que les pilotes officiels ne parviennent pas à reprendre l'ascendant.
Lors de son arrivée dans la catégorie reine, le Français a gagné le respect des "vaches sacrées", en adoptant une attitude appropriée en piste, et en témoignant du respect parfois teintée, mais à juste mesure, d'outrecuidance en piste.
Alors que Rossi et Viñales n'ont fait que réclamer une moto pour leurs besoins, le Cannois assure pour sa part qu'il n'y a pas de meilleure façon d'extraire tout le potentiel de la M1 qu'en recourant au style de Lorenzo qui, aux prémices, est celui qui a marqué de sa patte le châssis de 2016.
Passée sa période d'adaptation de rookie, nul doute que le Français va encore faire parler de lui. La seule inconnue réside dans le fait de savoir si l'annonce du partenariat entre Tech3 et KTM va avoir une influence immédiate sur la relation avec Yamaha en 2018.
Suzuki rectifie le tir
Depuis une saison 2017 à oublier, Suzuki va se présenter en 2018 avec les devoirs faits et une nouvelle moto, surtout au niveau du moteur, bien plus aiguisé. C'est donc maintenant qu'Andrea Iannone et Alex Rins vont devoir montrer qu'ils sont dignes de leur étiquette de pilotes d'usine, ce qu'a fait l'Espagnol durant tout l'hiver, de façon bien plus régulière que l'Italien.
À l'issue des trois séances d'essais, le "Maniac" va devoir se faire violence. Beaucoup considèrent que l'Italien est plus attiré par les photos que par la feuille des temps. Si tel est le cas, quelqu'un devrait être en mesure de lui dire qu'il est temps de prendre conscience de l'importance du moment qu'il vit, et du rôle qu'il joue comme fer de lance du constructeur d'Hamamatsu, qui à chaque fois semble avoir plus de doutes sur la continuité du numéro 29 au-delà de son contrat annuel, qui expire au 31 décembre.
Aprilia en mal de puissance
Aleix Espargaró, point de départ du projet d'Aprilia en MotoGP, ne semble déjà plus savoir quoi faire pour disposer du moteur qu'Aprilia lui promet depuis maintenant des mois. L'Espagnol continue de réclamer un moteur plus puissant depuis 2017, et l'introduction de celui-ci se fait désirer.
Maintenant, il semble que le bloc propulseur va faire ses débuts au Qatar, lors de la première manche du calendrier, où l'aîné des frères Espargaró avait fini à la sixième place en 2017, le meilleur résultat d'Aprilia depuis son retour en MotoGP en tant que structure officielle en 2015. "En termes de rythme, nous sommes bien mais il nous manque de la puissance. Je ne sais pas quoi faire pour aller plus vite sur un tour", insiste Espargaró.
KTM met le turbo
Dans la foulée d'une première expérience complète en MotoGP passée avec succès, la croissance de KTM s'avère exponentielle, à grand renfort d'investissement dans un projet où les troupes autrichiennes sont très investies. Le constructeur de Mattighofen a mis le turbo, et espère continuer d'accélérer et franchir une marche supplémentaire en 2019, quand deux RC16 supplémentaires seront sur la grille, celles de Tech3.
Avec Pol Espargaró bien cramponné de son côté du garage, l'incertitude rode autour de Bradley Smith, d'autant plus si on prend en compte l'intérêt manifeste qu'a démontré KTM dans le fait de recourir aux services de Zarco, dont le contrat le lie pour l'instant à l'équipe d'Hervé Poncharal.
Les petits nouveaux à leur place
Depuis l'apparition rafraîchissante de Johann Zarco et de Jonas Folger, les cinq nouveaux venus promus en MotoGP cette année semblent être moins fringants, et tout laisse à penser qu'ils vont rester à la place habituellement dédiée aux nouveaux venus. En ce sens, il faut souligner la bonne impression laissée par Nakagami jusqu'à sa chute lors de la dernière journée à Losail, ainsi que la bonne progression de Syahrin, alors que Morbidelli est le principal prétendant au titre de Rookie de l'année.
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