Dovizioso maître de lui avant sa dernière course : "Je le vis bien"

Andrea Dovizioso assure être plus focalisé sur la manière dont il va pouvoir remonter en course après s'être qualifié 12e que par les émotions qui pourraient l'envahir lorsqu'il passera la ligne d'arrivée de son dernier Grand Prix avec Ducati.

Andrea Dovizioso, Ducati Team

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

C'est un Andrea Dovizioso tout en contrôle, mais en apparence serein, qui s'est exprimé face à une salle de presse virtuelle très fournie samedi soir, après avoir disputé ses dernières qualifications au guidon de la Ducati. Après huit ans d'une union qui aura connu ses hauts et ses bas, le pilote italien s'apprête à quitter la Desmosedici ce dimanche à l'issue d'une 141e course à son guidon, ayant choisi d'observer une année sabbatique en 2021 pour, espère-t-il, mieux revenir l'année suivante et se lancer dans un nouveau défi avec un autre constructeur.

Gentiment agacé par sa 12e place sur la grille de départ du Grand Prix du Portugal, Dovizioso affiche sa détermination à mener à bien ce dernier Grand Prix en tentant d'atteindre son but − le podium du championnat, pour lequel ils sont sept à se battre − mais admet également avoir pleinement conscience de la page qu'il est en train de tourner.

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Es-tu content que ce qui est pour le moment ta dernière course se passe à Portimão ?

J'étais très content de faire ma dernière course sur une nouvelle piste, j'aime toujours changer de circuit et c'est un endroit magnifique. Je n'aime pas trop le tracé, mais c'est juste dû à mes caractéristiques et à mon style, qui font que je suis normalement un gros freineur. La Malaisie ou le Japon sont des pistes complètement différentes et c'est ce que j'aime. Mais c'est en tout cas un très bel endroit.

Les qualifications semblaient prometteuses, mais tu as finalement obtenu la 12e place : que s'est-il passé ?

Je suis très déçu et très en colère. Mes sensations se sont améliorées séance après séance et mon rythme pour la course est intéressant. Il était important de partir de l'une des deux premières lignes, car il est très difficile de dépasser sur cette piste : il faut piloter en étant toujours sur l'angle, il n'y a pas véritablement de gros freinages et avec les caractéristiques des pneus Michelin on ne peut pas freiner trop tard en étant agressif. On a d'ailleurs pu voir que beaucoup de pilotes ont fait des erreurs au freinage, car on bloque facilement l'avant sur l'angle. Je pense que si je pars devant avec les pilotes rapides, je pourrai les suivre car c'est plutôt une piste fluide, on peut être beaucoup plus rapide en suivant quelqu'un que sur la plupart des circuits.

Je suis donc très déçu, parce qu'on avait besoin d'une bonne position sur la grille, que l'on n'a pas. Mais on verra. On n'a pas tout perdu, car au championnat je me bats contre de nombreux pilotes et ils sont autour de moi [sur la grille], alors tout peut encore arriver. Il est clair qu'il va falloir prendre un bon départ et ce sera très difficile car les deux premiers virages sont très serrés, il est presque impossible d'y gagner une position, mais on verra. Il faut rester concentré car la vitesse est là.

Y a-t-il eu un problème particulier sur ces qualifs ?

Il n'y a pas eu de problème. Pour faire les qualifs à ce niveau-là, il faut vraiment avoir un feeling dingue avec la moto ou sortir quelque chose de particulier. Pour faire certains chronos, il faut vraiment freiner sans savoir si on va réussir à s'arrêter, passer dans les virages sans savoir si on arrivera à rester sur la piste… Il faut vraiment jouer avec les limites, or il est difficile de se laisser aller et d'obtenir ça, surtout sur un tracé qui oblige à la fluidité, car ça n'est pas une piste sur laquelle le chrono arrive quand on l'agresse. Bien au contraire, il faut l'attaquer avec une plus grande fluidité que d'autres pistes.

Andrea Dovizioso, Ducati Team

Petrucci dit être en difficulté dans les virages rapides : tu as ce même problème de feeling à l'avant dans ces virages-là ?

Oui, dans les virages rapides il faut utiliser énormément d'angle. On réussit à être rapide si on arrive à glisser et donc à décharger un peu l'avant, et avec cette glissade on fait tourner la moto. Si on n'arrive pas à faire ça, on sort de la piste en permanence mais on perd surtout le feeling à l'avant. Quand le vent s'est un peu levé dans l'après-midi, ce point s'est un petit peu dégradé, c'est donc assez compliqué. Et puis, même si c'est génial qu'ils aient réussi à refaire le bitume pour nous faire courir, l'asphalte et les vibreurs n'ont pas été bien raccordés, il y a donc des paliers sur toute la piste. Quand on touche la ligne blanche ou le vibreur en étant sur l'angle au freinage, il y a différents paliers qu'on ne peut pas voir, si bien qu'on a du mal à avoir des sensations et on risque de tomber. C'est pour ça qu'on voit beaucoup de pilotes tirer tout droit, parce qu'à partir du moment où on arrive là-dessus on relâche presque tous sinon on tomberait.

En attendant le retour que tu espères en 2022, ces qualifications étaient tes dernières, c'était la dernière fois que tu poussais la Ducati à fond : y as-tu pensé ? Comment l'as-tu vécu ?

Oui, malheureusement on n'arrive pas à totalement mettre sa tête sur stop ! Elle fait son chemin, elle est traversée par tout un tas de pensées, certaines belles, d'autres moins. On y pense, oui, c'est impossible de ne pas penser à certaines choses ! Mais, franchement, je le vis bien quand je pense à ces dernières qualifications, quand je me dis que c'est peut-être la dernière fois que je pouvais pousser la Ducati avec les pneus tendres… J'y pense, mais de manière insouciante, pas d'une manière négative.

Je ne suis pas dans un moment de mélancolie et je n'ai pas de pensées lourdes qui pourraient me faire passer une mauvaise nuit. Je suis plus en colère de cette 12e position... Ça me fait vraiment chier [rires] parce que, bordel de merde, il était essentiel de partir devant pour essayer de me battre pour les positions auxquelles je tiens au championnat. Pour reprendre des places sur Rins, je dois arriver devant et espérer que ça ne se passe pas bien pour lui, et puis je dois devancer les deux Yamaha… La situation est un peu compliquée.

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Crutchlow avait les yeux humides après les qualifs. Toi aussi tu es ému, ou bien tu es plus froid ?

Moi je suis plus froid… Avec les années, je me suis un peu adouci et je me suis ému un peu trop souvent par rapport à ce à quoi je suis habitué ! [rires] Mais ça m'a fait vraiment plaisir, et surtout quand on a le pouvoir d'émouvoir les gens, comme j'en ai eu la chance ces trois dernières années… wow ! Ça n'a pas de prix, c'est un pouvoir que tout le monde n'a pas et ça a été génial d'être dans ces situations. Mais je suis assez froid, surtout avant la performance, avant la course. Dans ces situations, je suis très focalisé sur ce que je veux faire pour obtenir le résultat. Ce qu'il en sera après… ça dépend, ça dépend qui est là et comment ça se passe ! [rires]

Que ressens-tu en pensant qu'approche le moment où tu vas quitter Ducati ? Éprouves-tu une certaine légèreté ?

Je le vis de manière sereine, je le vis bien. Chaque décision a des pours et des contres, et je le vis donc bien pour tout un tas de situations que vous connaissez. Je ne le vis pas mal au point de dire que tout était parfait et qu'il va me manquer quelque chose que j'aurais voulu. Il y a des pours et des contres. Depuis que la décision a été prise, je ne l'ai pas vécue de façon négative. Il y a différentes dynamiques et c'est bien comme ça, disons ça.

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