Andrea Dovizioso part "léger", mais "en colère"
Sixième du Grand Prix du Portugal, Andrea Dovizioso a réussi à se hisser au quatrième rang du championnat, et c'était bien là une source de satisfaction pour lui à l'heure de quitter le MotoGP. Pour mieux revenir en 2022 ?

Encore très en contrôle deux heures après avoir passé la ligne d'arrivée de ce qui est, en l'état actuel des choses, sa dernière course en MotoGP, Andrea Dovizioso a tout de même accepté avec un sourire touché les nombreux messages d'affection que lui ont transmis les journalistes auxquels il a, comme à son habitude, accordé un long moment et qui, pour certains, ont vu sa carrière en Grand Prix évoluer tout au long des 19 saisons auxquelles il a pris part.
Ce n'est qu'un au revoir, a-t-il insisté depuis qu'il a annoncé prendre une année sabbatique, mais sans programme scellé pour le moment en vue de 2022, lui-même ignore si ce moment n'était pas en réalité celui des adieux. Quoi qu'il advienne à l'avenir, une page importante se tournait en tout cas avec ce Grand Prix du Portugal, qu'il abordait avec un objectif clair à atteindre au championnat pilotes, objectif sur lequel il restait en grande partie concentré à l'heure de mettre des mots sur cette course. Il l'avoue toutefois, sitôt le drapeau à damier passé, la légèreté que lui procure son départ de Ducati s'est fait sentir...
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Quelles sont tes émotions maintenant que tu as terminé cette course ? Es-tu triste ?
J'étais très concentré sur la course afin de vraiment faire le maximum pour le championnat, alors je ne voulais pas accorder trop d'attention au passé ou à l'avenir. J'ai vécu ce week-end d'une manière un peu difficile, car j'avais du mal avec la piste, mais j'étais détendu par rapport à ma situation. Au final, je suis content, notre objectif était de finir quatrième au championnat et on l'a fait. En partant 12e, c'était très dur, d'autant que j'étais en lutte contre cinq pilotes au championnat. On aurait même pu terminer troisième ! [pour quatre points, ndlr] Mais vu les sensations que j'ai eues cette saison, le fait que je termine quatrième ne fait que confirmer que ma mentalité et mon approche du championnat fonctionnent. Par contre, il est clair que mes sensations n'étaient pas assez bonnes pour que je me batte pour le titre. Je suis donc déçu de ça, mais ça a été une saison très difficile.
Il est clair que beaucoup de choses vont me manquer, parce que je m'entends très bien avec certaines personnes chez Ducati, avec mon équipe, et c'est quelque chose que je n'ai jamais connu dans ma carrière. Quand on passe huit ans avec les mêmes personnes, et que l'on obtient de belles victoires, la relation devient très belle. Beaucoup de choses vont me manquer, c'est sûr, mais d'un autre côté je me sens léger actuellement, car il y a des choses qui ne me plaisent pas tellement dans cette situation et en la terminant je me sens léger, pas comme si j'avais vraiment voulu continuer.
Comment évalues-tu ta quatrième place au championnat ? En es-tu satisfait ?
Si on m'avait dit ça avant le championnat, non, clairement pas, parce que je voulais me battre pour le titre. Mais d'un autre côté, c'est très difficile, et il est impossible de transmettre aux gens les sensations que l'on a sur la moto. Quand elles sont mauvaises sur toutes les pistes, dans toutes les conditions, que je me bats en qualifs, que je suis tout le temps derrière en essais, qu'en course j'ai parfois réussi à récupérer beaucoup de positions, mais pas en pilotant comme je le faisais par le passé… C'est difficile, je n'ai pas aimé cette façon de piloter cette année, particulièrement car ces trois dernières années j'ai fait de très belles choses. Alors par rapport à ces sensations, quatrième c'est une très bonne position, c'est sûr.

Tu dis que tu te sens léger. Est-ce que ça veut dire que la situation était devenue tellement insupportable que ça ne te pèse même pas de refermer un chapitre aussi important ?
Je me sens compétitif, alors il est logique que j'aie dit tout le week-end que je ne voulais pas vivre cette course comme ma dernière tout court, mais comme ma dernière avec Ducati. Je ne sais pas ce qui va se passer à l'avenir, mais quoi qu'il en soit, et indépendamment de comment ça s'est passé cette année, penser continuer avec Ducati n'aurait pas été la situation que j'aurais voulue. Quand on est dans une situation dans laquelle on ne sent pas à l'aise, où l'on n'est pas d'accord avec certaines choses, c'est le fait de ne plus y être lié qui fait qu'on se sent léger. Et cette situation se termine aujourd'hui.
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Après, beaucoup de choses vont me manquer, parce que quand on parle de Ducati on généralise mais c'est un peu erroné. J'ai d'excellents rapports avec la majeure partie des personnes chez Ducati et j'ai notamment une relation spéciale avec mon équipe. Il y a donc beaucoup de choses qui vont me manquer.
Si tu devais décrire en un seul mot ce que tu ressens actuellement en refermant cet important chapitre dans ta carrière, quel serait-il ?
C'est un peu difficile, ce serait une erreur d'utiliser un seul terme, mais disons que je suis léger, comme je l'ai dit, mais aussi en colère au sens où je me sens compétitif et fort. Ne pas avoir la possibilité de courir l'année prochaine en MotoGP dans une autre situation, ça m'agace. Mais pour le moment, je vis plus le fait que c'est terminé, que j'ai du temps off et que je peux me dédier immédiatement à autre chose. Après, l'avenir... On sait très bien comment ça marche en sports mécaniques et à quelle vitesse ça va, alors on va clairement rester aux aguets.
Qu'as-tu ressenti quand tu as vu le message de remerciement de ton équipe sur le panneau à l'arrivée ?
À la base, je ne suis pas du genre à m'émouvoir facilement. J'étais super concentré sur le championnat, avec six pilotes à devoir gérer ! J'essayais de comprendre où j'en étais par rapport à l'objectif de faire quatrième, et puis il y avait Pol [Espargaró] devant et je ne comprenais pas si ma position suffisait, et trois pilotes derrière qui revenaient fort et que je devais bloquer. Alors il fallait vraiment que je fasse tout bien, sinon je n'aurais pas réussi à obtenir ce résultat. Mais bon, j'ai compris qu'on avait peut-être fait quatrième et j'étais très content !
Tu commences ta nouvelle aventure dès mardi en motocross ?
Oui. Mon programme maintenant est de faire plus de motocross, qui est ma passion, en ayant du temps et en n'ayant pas les obligations du MotoGP, qui fait qu'il faut être prêt pour telle ou telle date, pour un test, etc. Je n'ai pas de programme, je suis donc plus libre de faire autre chose. Notre vie tourne entièrement autour du MotoGP, étant donné que ça commence très tôt [dans l'année] et que ça finit très tard, on est donc très limités. En n'ayant pas de plan en ce moment, je vais me dédier plus à ça et j'aime cette idée. Je suis content de faire ces choses-là. Ça n'est pas comme si je rentrais chez moi pour tout débrancher, me mettre dans le canapé et chercher des solutions. Ça n'est pas mon genre.
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À propos de cet article
Séries | MotoGP |
Événement | GP du Portugal |
Catégorie | Course |
Lieu | Portimão |
Pilotes | Andrea Dovizioso |
Équipes | Ducati Team |
Auteur | Léna Buffa |
Andrea Dovizioso part "léger", mais "en colère"
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