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Qu'attendre de l'audience sur le déflecteur de Ducati ?

Le verdict de la Cour d'appel, qui déterminera vendredi la conformité ou non du déflecteur utilisé par Ducati à Losail, pourrait mettre à mal les bonnes relations au sein de l'association des constructeurs, la MSMA.

Andrea Dovizioso, Ducati Team

Andrea Dovizioso, Ducati Team

Gold and Goose / Motorsport Images

Comme souvent dans ces cas-là, plusieurs lectures de ce conflit sont possibles selon la partie considérée. Les plaignants, à savoir Aprilia, Suzuki, Honda et KTM, estiment que la manœuvre utilisée par Ducati pour valider l'usage de son déflecteur contrevient à l'esprit de la règle introduite l'an dernier par la Commission Grand Prix − en dépit du vote contre de Ducati −, et qui visait à mettre un terme aux investissement sur l'aérodynamique en MotoGP.

Dans les faits, cette intention de limiter l'escalade des coûts doit se matérialiser par des normes fixant explicitement les limites des pièces utilisées et s'appuyer sur des paramètres pouvant être mesurés sans avoir besoin de mettre les motos en soufflerie.

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Règlement sibyllin et changement de paradigme

La réglementation technique de la Fédération internationale de motocyclisme (FIM) pour la saison 2019, et plus précisément l'alinéa 8 de l'article 2.4.4.4.7, se cantonne à interdire "toute pièce ou forme dépassant du carénage ou de la carrosserie [...] et pouvant générer un effet aérodynamique". Un terreau parfait pour qu'un spécialiste dans la recherche de la limite, tel que Gigi Dall'Igna, puisse mettre la concurrence en échec. Or, pour le patron de Ducati Corse, tout dépend des marges prévues par le règlement, et s'il n'existe aucune façon empirique de démontrer l'éventuelle non-conformité du déflecteur incriminé, alors ni la réclamation déposée au Qatar, ni le recours en appel après son rejet n'ont lieu d'être.

Le bras oscillant de la Ducati officielle
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Cette confrontation entre Ducati et les quatre autres marques devrait amener quoiqu'il arrive à un avant et un après dans les relations qu'entretiennent ces différents constructeurs au sein du la MSMA, l'association des constructeurs en MotoGP, et dont le président élu en 2018 n'est autre que l'administrateur délégué de Ducati, Claudio Domenicali.

Pour le constructeur de Borgo Panigale, la réclamation puis l'appel déposés par les plaignants marquent un tournant par rapport aux précédentes affaires techniques, qui ont toujours été débattues au sein de la MSMA. "Nous sommes un peu perplexes", explique Dall'Igna dans une interview auprès du site officiel du MotoGP. "Avant le Qatar, toutes les discussions, et il y en a eu beaucoup, ont toujours été résolues au sein de la MSMA ou en impliquant le directeur technique dans le cadre de la MSMA. C'est la première fois qu'une équipe décide de déposer une réclamation contre quelqu'un d'autre sur la base d'un doute technique. Cela marque une différence claire avec le passé, une différence négative."

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Tous ont rendez-vous vendredi en Suisse

Le délai accordé aux différentes parties pour fournir toutes les informations appuyant leur position (les dossiers techniques, les articles de journaux et autres supports) a expiré mardi dernier. À ce stade, on est donc en droit de se demander ce que l'on peut attendre de l'audience prévue au siège de la FIM ce vendredi à Genève.

Motorsport.com est entré en contact avec les équipes impliquées dans l'affaire pour connaître la liste des participants à cette future audience. Aussi, Ducati dépêchera sur place Gigi Dall'Igna, l'ingénieur qui ces dernières années a mis en échec les géants japonais grâce à sa grande inventivité ; Aprilia sera pour sa part représenté par Massimo Rivola, son PDG ; Alberto Puig sera quant à lui le représentant de Honda et Davide Brivio celui de Suzuki, alors que KTM sera représenté par le patron de son équipe, Mike Leitner, ainsi que Winfried Kerschhaggl, l'un de ses responsables de haut rang.

Tous doivent être présents à 11h, l'audience devant probablement prendre la majeure partie de la journée. Celle-ci se tiendra devant un tribunal composé de trois membres appartenant à la Commission internationale de la FIM, à savoir : un président de séance provenant d'Inde et deux assesseurs, un Suédois ainsi qu'un Finlandais.

Il n'est pas certain que le verdict soit rendu dès ce vendredi, bien que l'on sache que le dénouement de cette affaire sera connu avant la tenue de la deuxième manche du championnat, qui se tiendra du 29 au 31 mars en Argentine. La victoire d'Andrea Dovizioso au Qatar reste donc provisoire, et le plus logique serait que l'Italien préserve le bénéfice de ce succès. Dans le cas contraire, Danny Aldridge, le directeur technique du championnat, qui avait donné le feu vert à Ducati pour l'utilisation de ce déflecteur, pourrait se retrouver sur la sellette.

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Vers une révision de la réglementation technique ?

Cela étant, il ne serait pas surprenant que l'audience de Genève débouche sur une proposition de refonte du règlement technique du championnat quant aux restrictions imposées sur le plan aérodynamique, avec des règles pouvant être appliquées dès cette année après approbation de la Commission Grand Prix regroupant toutes les parties impliquées : l'IRTA (l'association des équipes), la Dorna, la FIM et la MSMA.

À noter que quelle que soit la décision finale, un recours en dernière instance devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) sera toujours possible pour la partie n'ayant pas obtenu gain de cause.

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