Aprilia sculpte sa RS-GP et étudie des entrées d'air typées F1

Les premiers essais de l'année montrent une recherche toujours plus poussée d'Aprilia dans le domaine aérodynamique, avec des solutions innovantes qui ne sont pas sans rappeler des concepts vus en Formule 1.

Lorenzo Savadori, Aprilia Racing Team

Photo de: Aprilia Racing

La nouvelle Aprilia RS-GP est en piste depuis dimanche aux mains de Lorenzo Savadori, le pilote essayeur de la marque en charge du Shakedown du test de Sepang qui aura lieu à la fin de cette semaine. Avant l'entrée en action des titulaires, il s'agit d'évaluer les nouveautés sorties des ateliers de Noale, et en ce sens l'Italien ne chôme pas, lui qui disposait de six machines différentes (!) sur lesquelles opérer dès la première journée.

La première conclusion qui s'impose est que, cette année encore, Aprilia retient l'attention par ses innovations aérodynamiques, dans la continuité des évolutions qui, ces dernières années, ont permis à la marque de réaliser des progrès notables jusqu'à se mêler à la lutte pour le titre.

Il apparaît notamment que, de toute évidence, l'équipe technique dirigée par Romano Albesiano, assisté par le responsable véhicule Marco de Luca (ancien aérodynamicien de Ferrari en Formule 1, entre autres), recherche la meilleure ergonomie d'ensemble entre le pilote et la moto afin d'améliorer la maniabilité de la RS-GP.

Aprilia avait déjà été le premier constructeur à sculpter les flancs de son carénage pour y dessiner une proéminence en "escalier" qui avait ensuite ouvert la voie à une nouvelle approche aérodynamique suivie par d'autres. Sur la version 2023 de son prototype, les bords de cette marche semblent désormais plus prononcés, de sorte que le flanc de la moto est plus profondément sculpté dans sa partie supérieure. Le but : optimiser l'écoulement des flux dans les différents mouvements du pilote en pleine action.

Dans la partie inférieure du carénage, le dessin carré qui caractérisait le modèle de l'année dernière a quant à lui disparu au profit d'une zone désormais plus profilée et harmonieuse, fruit d'un travail minutieux avec la simulation CFD (mécanique des fluides numériques) et en soufflerie.

Lorenzo Savadori, Aprilia Racing Team

Les flancs sculptés de l'Aprilia RS-GP

Les aérodynamiciens étudient donc comment améliorer les performances en fonction des postures adoptées par le pilote, en le considérant comme l'un des éléments à part entière de l'écoulement du flux d'air. Mais l'équipe dirigée par Massimo Rivola ne s'arrête là et les regards les plus attentifs n'ont pas manqué de remarquer les entrées d'air situées de chaque côté du carénage avant sur l'une des versions de la RS-GP qui a pris la piste.

Jamais vues jusqu'ici à l'avant d'une MotoGP, ces prises d'air NACA inversées extraient le flux, que l'on suppose capté par deux conduits en carbone destinés à rediriger l'air depuis la partie inférieure du carénage. En faisant en sorte de déplacer le flux du bas vers le haut, Marco de Luca reprend ici l'idée du S-Duct apparu sur la Ferrari F2008… à l'époque où il avait été le premier aérodynamicien à introduire ce concept en Formule 1.

Lorenzo Savadori, Aprilia Racing Team

De nouvelles entrées d'air sur le carénage avant de l'Aprilia

Nous étions alors en 2008 et la Ferrari conçue par Aldo Costa, sous la direction technique de Mario Almondo, avait fait sensation en introduisant lors du Grand Prix d'Espagne un conduit en forme de S sur le nez de la monoplace. Décrit ici par Giorgio Piola, ce S-Duct développé en soufflerie par Marco de Luca s'était révélé être la solution technique la plus innovante et originale vue en F1 cette saison-là.

L'idée était d'améliorer la performance sous le nez, afin de réduire le blocage de l'air destiné à être canalisé vers le diffuseur arrière, et d'augmenter l'appui sans pénaliser la traînée. Le flux d'air venant de l'avant de la monoplace était, lui, accéléré et emmené vers la partie supérieure. Les flux au-dessus de l'habitacle étaient nettoyés, ce qui permettait de mieux faire travailler la zone entourant la boîte à air du moteur, et les ailerons avant comme arrière étaient moins chargés. Sur un circuit comme celui de Barcelone, cela s'était traduit par un gain de 5 à 6 km/h en vitesse de pointe !

Ferrari F2008: al GP di Spagna comparve il muso con il buco che diede vita all'S-duct

La naissance du S-Duct sur la Ferrari F2008

Ce nez troué a été interdit par la FIA en 2009, cependant l'idée de déplacer le flux d'air du bas vers le haut n'a fait qu'alimenter depuis l'inventivité des ingénieurs en Formule 1. Qu'en sera-t-il en MotoGP ? Il sera assurément très intéressant d'essayer de comprendre dans les prochains jours quels avantages Aprilia parvient à obtenir avec ce concept. Mais en s'inspirant ainsi ouvertement de la F1, le constructeur italien pourrait bien ouvrir une nouvelle voie dans le développement aéro des prototypes moto.

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