Contenu spécial

Bagnaia, Quartararo et Mir : les trois champions du millésime 2019

Joan Mir, Fabio Quartararo et Pecco Bagnaia ont été sacrés tour à tour Champions du monde en MotoGP, une catégorie qu'ils ont rejointe ensemble en 2019. Pourtant, les trois hommes ont connu des trajectoires différentes.

La génération 2019

Photo de: Camille De Bastiani

La dernière décennie a d'abord été celle de Marc Márquez, arrivé en MotoGP en 2013 pour d'emblée y asseoir sa domination. Jusqu'en 2019, le #93 a enchaîné les victoires, les records et les titres mondiaux, avec pour seule exception le sacre revenu à Jorge Lorenzo en 2015. Seulement, après une saison record en 2019, sa blessure survenue lors du premier Grand Prix 2020 a tout changé, tenant l'Espagnol éloigné des circuits durant des mois et le soumettant à des efforts interminables pour revenir au plus haut niveau.

En son absence, une nouvelle génération de pilotes a émergé et, successivement , Joan Mir, Fabio Quartararo et Pecco Bagnaia ont ajouté leur nom à la liste des Champions du monde de la catégorie reine. Si tous trois ont en commun le fait d'être arrivés en MotoGP en 2019, précisément lors de la dernière saison de domination de Márquez, leur parcours respectif a toutefois été bien distinct, tout comme leur palmarès. Voici le chemin qu'ils ont suivi pour arriver au sommet.

Parcours croisés dans les petites catégories

Francesco (dit "Pecco") Bagnaia est le premier à avoir fait son apparition au niveau mondial, en 2013, alors âgé de 16 ans. C'était le début de trois saisons compliquées pour lui, durant lesquelles il a dû faire ses preuves avec acharnement pour peu à peu se rapprocher de ses objectifs. Entré dans la VR46 Riders Academy en 2014, il a rejoint l'équipe Aspar, comme il le souhaitait, en 2015 et décroché alors son premier podium, au Grand Prix de France. Ses performances globales restaient cependant discrètes, loin de ceux qui s'affrontaient aux avant-postes.

Au même moment, le jeune Fabio Quartararo est entré en scène, d'emblée sous le feu des projecteurs lorsqu'il a rejoint le paddock mondial avec ses deux titres CEV en poche, à même pas 16 ans. Considéré comme le nouveau prodige des Grands Prix, il était tellement attendu que le règlement avait été modifié pour lui, afin de ne pas retarder plus longtemps son arrivée. Pourtant, celui que l'on surnommait "le nouveau Márquez" allait avoir besoin d'un peu plus de temps avant de se battre pour le titre comme on pouvait l'espérer, n'obtenant que deux podiums et la dixième place du championnat lors de sa première saison, avant de changer d'équipe l'année suivante.

En 2016, le voici dans le team Leopard, associé à Andrea Locatelli, qui officie aujourd'hui en WorldSBK, et à un certain Joan Mir. Du même âge que Bagnaia, celui-ci disputait là sa première saison, et il a immédiatement impressionné en remportant le Grand Prix d'Autriche, en plus de décrocher deux autres podiums. Cinquième au classement général dès ses débuts, il ne figurait alors qu'à un point de Bagnaia, qui avait eu le déclic cette saison-là et remporté ses deux premières victoires au guidon de la modeste Mahindra.

Joan Mir derrière Fabio Quartararo, son coéquipier à l'époque, au GP d'Autriche Moto3 2016

Joan Mir derrière Fabio Quartararo, son coéquipier à l'époque, au GP d'Autriche Moto3 2016

Cette solidité trouvée aux avant-postes a permis à l'Italien de monter en Moto2 à compter de 2017, tout comme Quartararo qui a signé chez Pons, l'une des meilleures équipes de la catégorie intermédiaire. Le Français n'en avait pourtant pas fini avec les difficultés et il allait connaître une première saison compliquée à ce niveau, auteur de résultats en dents de scie et peinant à se maintenir dans le top 10, tandis que Bagnaia, désormais lancé, s'est immédiatement imposé au milieu des leaders. Sans aucune chute en course, il a fait preuve d'une grande régularité qui lui a permis de finir la saison dans le top 5 au général, avec quatre podiums en poche.

Resté pour sa part en Moto3, Mir a assommé la concurrence tout au long de la saison avec dix victoires en 18 courses. Sacré Champion du monde, il a logiquement rejoint ses deux acolytes en Moto2 en 2018 et s'est immédiatement installé parmi les protagonistes. Malgré quatre résultats blancs, il a décroché quatre podiums et gagné son ticket d'entrée en MotoGP en signant directement chez Suzuki après cette unique saison dans la catégorie intermédiaire. Bagnaia a été promu au même moment, recruté par Ducati pour courir dans le team Pramac, et ce avant même de remporter le titre face à Brad Binder et Miguel Oliveira, grâce notamment à huit victoires.

Plus surprenant, ils allaient être rejoints pas Quartararo, qui s'est attiré tous les regards en remportant une première victoire au Grand Prix de Catalogne, avant un nouveau succès, invalidé celui-ci, au Japon. Qu'à cela ne tienne, le Français avait déjà décroché le sésame en signant avec l'équipe Petronas SRT pour faire son entrée dans la catégorie reine, fruit d'un coup de maître de son manager.

Une montée en puissance en trois temps

À l'aube de cette saison 2019 qui les réunissait à nouveau dans la même catégorie, le statut de Champion du monde Moto2 de Bagnaia le légitimait face à Mir et surtout à Quartararo, dont l'arrivée en MotoGP avait suscité de vives critiques. C'est pourtant lui qui a réalisé la meilleure première saison et décroché le titre de Rookie de l'année. En montant sur le podium dès sa septième course, il allait impressionner et afficher une grande régularité lui valant six autres podiums, le tout agrémenté de quelques superbes passes d'armes avec Márquez, la référence.

Les débuts tonitruants du Français ont vite fait oublier les critiques et même positionné Mir et Bagnaia en arrière-plan. Si la première saison du pilote Suzuki se révélait correcte mais plus discrète, l'Italien avait bien du mal à s'adapter à sa machine et il allait enchaîner les chutes durant ses deux premières saisons (12 au total). Mir a pris ses marques plus vite au guidon de sa sa GSX-RR et, en 2020, il est parvenu à rejoindre Quartararo aux avant-postes.

En l'absence de Márquez, blessé le jour de la première victoire du Français, le championnat se cherchait un successeur, et c'est le Majorquin qui a su saisir sa chance. Même s'il n'a pas réalisé de coup d'éclat, il a fait preuve de constance et ses sept podiums (dont une première victoire en fin de saison) lui ont permis de l'emporter sur la fin, tandis que le Français enchaînait les contreperformances pour finalement dégringoler à la huitième place au championnat malgré trois victoires.

Pecco Bagnaia et Fabio Quartararo au GP d'Australie 2022, alors en lutte pour le titre MotoGP

Pecco Bagnaia et Fabio Quartararo au GP d'Australie 2022, alors en lutte pour le titre MotoGP

Marc Márquez, alors convalescent, avait désormais un successeur, Joan Mir étant le premier à le détrôner en cinq ans. Et les pépins physiques dont le #93 ne parvenait pas encore à se défaire laissaient encore la voie ouverte pour la saison 2021. En remettant son titre en jeu, Mir était logiquement l'homme à battre, mais Quartararo a bel et bien pris le dessus cette saison-là et n'a pas flanché, montrant qu'il avait appris de ses erreurs.

Le Français a dominé la première partie du championnat, avant que Bagnaia ne fasse une arrivée fracassante aux avant-postes à la fin de l'été. Après deux années en dents de scie, cette fois l'Italien montait en puissance et sa courbe de résultats allait se révéler résolument plus convaincante une fois sa première victoire décrochée − un premier succès obtenu en Aragón, sous le nez du maître des lieux, Marc Márquez.

On pressentait une lutte à trois pour la fin de saison ; elle allait se transformer en duel, Mir se trouvant relégué au troisième rang avec des performances irrégulières. Le Français est finalement parvenu à l'emporter devant le pilote Ducati. Après l'événement d'un titre revenu chez Suzuki après vingt ans d'attente l'année précédente, une nouvelle page d'Histoire s'écrivait avec cette fois un premier sacre historique pour un pilote français dans la catégorie reine. Et l'aboutissement, pour Fabio Quartararo, d'un parcours atypique qui avait suscité autant d'espoirs que de doutes.

Arrivé trop tard dans la lutte en 2021, Pecco Bagnaia allait prendre sa revanche en 2022 et parvenir à inverser une tendance qui semblait une fois encore en sa défaveur. Relégué à 91 points de Quartararo après la première moitié du championnat, il a livré une seconde moitié de toute beauté et, malgré la résistance du pilote Yamaha jusqu'au dernier Grand Prix, c'est bien le Turinois qui allait être titré au soir de la course de Valence. Premier Italien Champion du monde depuis Valentino Rossi en 2009, il était aussi le premier à rapporter la coupe à Ducati, quinze après Casey Stoner. Mir, quant à lui, n'a cette fois pas été en mesure de compléter le podium du championnat, un temps blessé, globalement dominé avec sa GSX-RR, mais aussi de son propre aveu déconcentré par l'annonce du départ de Suzuki.

À l’aube de la saison 2023, les trois derniers Champions du monde en titre peuvent tous espérer ajouter un autre sacre mondial à leur palmarès, mais la redistribution des cartes concernant le transfert de Joan Mir chez Honda, les évolutions conçues par les différentes marques et le nouveau format des week-ends, pourrait changer la donne. Bien malin celui qui pourrait prédire aujourd'hui si l'un d'eux parviendra à ajouter une deuxième plaquette à son nom sur le trophée suprême, si un quatrième nouveau nom viendra s'inscrire au palmarès, ou si Marc Márquez, enfin en pleine possession de ses moyens, prendra sa revanche après avoir vu, de loin, trois jeunes pilotes lui succéder...

Lire aussi :

Rejoignez la communauté Motorsport

Commentez cet article

Voir aussi :

Article précédent Honda dit avoir particulièrement travaillé pour réduire les highsides
Article suivant La Dorna veut rendre la nouvelle génération de pilotes plus populaire

Meilleurs commentaires

Il n'y a pas de commentaire pour le moment. Souhaitez-vous en écrire un ?

Abonnez-vous gratuitement

  • Accédez rapidement à vos articles favoris

  • Gérez les alertes sur les infos de dernière minute et vos pilotes préférés

  • Donnez votre avis en commentant l'article

Motorsport Prime

Découvrez du contenu premium
S'abonner

Édition

France