Bagnaia a refusé le duel en pensant au championnat

Pecco Bagnaia est passé à un demi-tour d'une cinquième victoire consécutive. Dépassé par Enea Bastianini alors que l'arrivée était proche, il n'a pas répliqué, estimant que "reprendre 20 points était plus important que gagner" sachant que Fabio Quartararo avait abandonné.

Enea Bastianini, Gresini Racing, et Francesco Bagnaia, Ducati Team

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Peut-être un brin superstitieux, Pecco Bagnaia refuse d'évoquer frontalement ses chances au championnat. Pourtant, le pilote italien a véritablement agi comme un candidat au titre dimanche, en Aragón, en acceptant avec clairvoyance de laisser filer la victoire pour se concentrer sur ce qui comptait le plus : s'assurer d'une nouvelle coupe nette dans son retard sur Fabio Quartararo au classement général.

Une nouvelle fois confronté à Enea Bastianini, qui a produit une performance dont il a le secret en grapillant les dixièmes pour recoller à son adversaire et le menacer hargneusement en fin de course, Bagnaia a montré un visage très différent de celui du Grand Prix de France où, dans la même situation, il avait cédé à la pression. Sa revanche, il l'a prise il y a deux semaines, en résistant aux attaques du pilote Gresini pour finir par le battre sur le fil, à Misano. Alors cette fois, il s'agissait de ne pas se laisser emporter par un trop-plein d'assurance mais bien d'assurer.

Car le contexte a évolué au fil des semaines. Il y a trois mois quasiment jour pour jour, Bagnaia apparaissait à 91 points de Quartararo au championnat, trop d'erreurs et de tergiversations lui ayant coûté en début de saison. Cinq courses plus tard, il a empoché 120 points grâce à quatre victoires consécutives et à la deuxième place assurée aujourd'hui, tandis que le Français n'a pu marquer que 39 points sur la même période.

Le coup de grâce pour Quartararo est intervenu dès le premier tour de ce Grand Prix d'Aragón, lorsqu'il a heurté la roue de Marc Márquez et a lourdement chuté. Bagnaia, qui était parti en tête, a vite su qu'il avait un coup à jouer. "[Je l'ai vu] dès le premier tour. Quand je suis sorti du virage 7, j'ai regardé le grand écran et j'ai vu '20 crash' donc je le savais déjà", explique-t-il.

"Ça n'a pas changé ma stratégie, qui était d'établir mon rythme tour après tour. Au début, j'ai senti que le grip n'était pas au même niveau que pendant les EL4 donc j'étais calme, très doux sur l'accélérateur, mais j'ai ensuite commencé à pousser de plus en plus. Étant donné que Fabio et Enea avaient été les seuls à afficher le même rythme de course que moi [pendant les essais], je savais qu'Enea serait avec moi en course, c'était certain."

Menacé une première fois après le premier tiers de course, Bagnaia a réussi à se détacher pour porter son avance à près de sept dixièmes. Mais Bastianini avait de la réserve et, dans les sept derniers tours, il s'est irrémédiablement rapproché jusqu'à porter une attaque dans l'ultime boucle. Une seule attaque, car aujourd'hui Bagnaia ne voulait pas y répondre, bien que les deux hommes n'aient été départagés que par 42 millièmes sur la ligne d'arrivée.

"Il était très important de ne pas faire de faute parce que Fabio n'a pas eu de chance et il nous a offert une opportunité inhabituelle de reprendre beaucoup de points. Dans les derniers tours, il était donc important de finir la course", explique-t-il. "Quand j'ai senti qu'Enea était très proche, j'ai juste essayé de rester détendu et calme, et je me suis dit que s'il me passait je ne voulais pas prendre de risques. Je voulais finir la course de la meilleure façon possible. Si jamais je l'avais vu faire des erreurs j'aurais essayé, mais il n'en a pas fait dans le dernier tour."

"J'étais déjà à la limite et ça aurait été un peu trop risqué de dépasser Enea", assure sagement le pilote Ducati auprès du site officiel du MotoGP. "Je sentais qu'il était très proche, donc j'étais sûr qu'il allait essayer de passer et j'y étais préparé. Mais avant la course, j'avais déjà dit que si jamais quelqu'un m'avait dépassé et qu'il m'avait fallu prendre beaucoup de risques pour le suivre, je l'aurais laissé passer. Aujourd'hui on pouvait très facilement faire une erreur, et reprendre 20 points était plus important que gagner."

Une parfaite gestion de la pression

"J'ai un peu changé sur ce point par rapport au début de saison", admet Pecco Bagnaia, qui a visiblement très bien analysé sa bévue du Mans pour radicalement modifier sa gestion de la pression par la suite. "Maintenant, quand je suis en tête, j'essaye simplement de penser à ce qui est le plus important, à savoir être parfait sur ma moto. Penser à moi et non au fait que le pilote de derrière se rapproche. À différentes occasions cette année, j'ai vu mon avance baisser et c'est la pire situation dans laquelle on puisse se trouver."

L'autre pression à laquelle il parvient à échapper, pour le moment en tout cas, c'est celle du championnat. Désormais revenu à dix points de Quartararo, il aura une première opportunité de prendre le leadership le week-end prochain, au Japon. "On est plus proches et maintenant on peut parler plus du championnat, mais je ne veux pas. Je voudrais faire mon week-end, au Japon, comme je le fais durant cette seconde partie du championnat, et on verra ce qui se passe."

"Je sais que notre potentiel est très élevé, mais ça fait trois ans qu'on n'a pas fait cette course alors ce sera dur au début", anticipe-t-il. "On aura moins de temps pour tester la moto et l'améliorer, donc ça ne sera pas facile car tout le monde sait que notre moto a besoin de plus de temps pour être préparée par rapport à d'autres. Mais je suis assez certain qu'on peut être très compétitifs et je vais essayer de continuer à travailler comme on le fait et de finir la course comme on sait le faire."

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