C'était un 14 juin : le duel magistral entre Rossi et Lorenzo à Barcelone

Ils sont chanceux ceux qui peuvent dire du 14 juin 2009 "j'y étais" ! Ce jour-là, à Barcelone, deux champions au sommet de leur art ont livré l'une des plus belles bagarres passées à la postérité dans l'Histoire du MotoGP.

Valentino Rossi, Yamaha Factory Racing, Jorge Lorenzo, Yamaha Factory Racing

Valentino Rossi, Yamaha Factory Racing, Jorge Lorenzo, Yamaha Factory Racing

Gold and Goose / Motorsport Images

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Sur deux ou quatre roues, replongez-vous dans l'Histoire des sports mécaniques, celle qui a écrit la légende des hommes et des machines durant des décennies.

Valentino Rossi a beau avoir multiplié les bagarres et les victoires tout au long de sa carrière, avec chacun de ses grands rivaux il en est une qui tient une place à part. À l'instar notamment de Jerez 2005 face à Sete Gibernau ou de Laguna Seca 2008 face à Casey Stoner, la course de Barcelone en 2009 et la confrontation qu'il a menée face à Jorge Lorenzo est parmi les plus mémorables du parcours du #46, pour ses fans autant que pour le pilote vaincu.

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Rossi lui-même place ce Grand Prix, qui s'est déroulé il y a 13 ans jour pour jour, dans son top 3 personnel, où figurent également ce Grand Prix des États-Unis mémorable en 2008 mais aussi celui d'Afrique du Sud en 2004, lorsqu'il a remporté sa première victoire avec Yamaha. Le 14 juin 2009, à Barcelone, c'est justement le leadership au sein de l'équipe d'Iwata qui se jouait, alors que Rossi faisait équipe depuis l'année précédente avec Lorenzo.

En arrivant en Catalogne, tous deux avaient enregistré quatre podiums et un score vierge sur les cinq manches précédentes, mais avec un avantage de deux victoires contre une pour Lorenzo, qui devançait son coéquipier au championnat à l'entame de son Grand Prix maison. Le leader de la hiérarchie, Casey Stoner, allait être relégué au second plan durant tout le week-end, alors que le mano a mano entre les deux pilotes Yamaha se mettait en place dès les essais libres. En qualifications, l'avantage était allé à Lorenzo pour 13 millièmes à peine, et au départ de la course c'est lui, toujours, qui avait pris les rênes. Pourtant, il a vite compris qu'il n'allait pas pouvoir semer son rival si facilement.

"On était arrivés à Montmeló avec un nombre de points très similaire", s'est souvenu il y a quelques années le Majorquin dans le programme Greatest Races de BT Sport. "En étant sur la même moto, on faisait des temps similaires à chaque séance. Quand on est arrivés à la course, aucun de nous ne pouvait donc s'échapper et prendre un avantage de quelques secondes. J'ai essayé de pousser, mais je n'ai pas pu m'échapper ; Valentino a essayé de pousser et il n'a pas pu s'échapper. Il n'y avait pas d'autre moyen que d'attendre jusqu'au dernier tour et jusqu'au dernier virage pour comprendre qui serait le vainqueur."

Le 25e et dernier tour est celui qui restera pour longtemps encore dans la mémoire collective, point d'orgue d'un duel qui n'a eu de cesse de gagner en intensité à chaque boucle. Leader pendant une partie de la première moitié de la course, Rossi avait repris la tête à l'entrée dans le 23e tour. Lorenzo a tenté de l'imiter un tour plus tard, mais il s'est fait griller la politesse par son rival auteur d'un freinage tardif magistral pour plonger dans le virage 1 en restant aux commandes. À l'entrée dans le dernier tour, le Majorquin avait retenu la leçon et il a reproduit le même dépassement mais en fermant cette fois la porte pour empêcher la réplique de son adversaire. Le #99 menait donc les débats, mais les 4,7 km manquant à l'arrivée s'annonçaient encore bien longs…

Au virage 4, Rossi est parvenu à dépasser Lorenzo, cependant celui-ci a résisté et décroisé immédiatement. Le #46 se devait dès lors de préparer une ultime attaque, dans le dernier virage. Cette fois, il est parvenu à plonger à l'intérieur pour réussir une manœuvre qui semblait pratiquement impossible, et arracher cette victoire à son adversaire sur le fil.

"Une partie de moi ne s'attendait pas à ce dépassement, et une autre partie de moi s'y attendait", se souvient le pilote espagnol. "Mais j'étais un peu trop têtu à ce moment-là pour vraiment essayer de fermer la porte, j'avais un peu peur de fermer la porte et de changer la ligne que j'avais tenue toute la course. C'est la raison pour laquelle je ne savais pas trop quoi faire et il en a profité. Souvenez-vous [de ce qu'il a fait] deux ans auparavant, en 2007, à Casey Stoner − il savait donc qu'il pouvait faire cette manœuvre parce qu'il l'avait déjà faite dans le passé. Il l'a fait et j'ai perdu la victoire."

"J'avais 22 ans, je n'avais pas l'expérience que j'ai maintenant. Valentino avait déjà presque 30 ans et il avait beaucoup d'expérience. Disons qu'il a toujours été meilleur que moi au freinage, freinant plus tard que moi dans des circonstances normales", admet Lorenzo. "J'étais plus fort en termes de vitesse dans les virages plutôt que sur les freinages, il avait donc cette compétence, cette qualité, plus affûtée que moi et il en a profité. Que se serait-il passé si j'étais entré dans le virage quelques mètres plus à l'intérieur ? On ne le saura jamais, mais j'aurais probablement pu éviter ce dépassement et gagner. Mais peut-être aussi que j'aurais pu prendre une ligne différente pendant toute la course, que j'aurais pris l'extérieur et qu'il m'aurait passé plus tard à l'intérieur, on ne le saura jamais."

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En dépit de sa défaite, Lorenzo a bien conscience qu'il s'agit de l'une des plus grandes courses de l'Histoire. "Ce n'est pas à moi de le dire parce que j'ai participé à cette bagarre, mais si beaucoup de gens le disent c'est parce que cette course était incroyable à regarder et surtout parce que notre niveau était très similaire à ce moment-là du championnat : gagner cette course était déterminant pour l'évolution du championnat à partir de là. Malheureusement pour moi, j'ai perdu cette course ; heureusement pour Valentino, il l'a gagnée et ça a un peu changé la façon dont le championnat allait se dérouler pour lui."

Alors en route vers son dernier titre, Rossi signait ce 14 juin l'un de ses plus beaux succès face à un coéquipier avec lequel les relations étaient notoirement tendues. Lorsqu'il a salué le départ à la retraite de celui qui fut son coéquipier le plus durable, en novembre dernier, le nonuple Champion du monde n'avait pas eu de peine à citer cette course, et plus globalement leur bagarre durant tout le week-end, comme son meilleur souvenir avec lui en dépit de leur animosité à l'époque.

"Je pense que quand on mène une bagarre comme celle-ci, pendant toute la saison, mais surtout tout le week-end et jusqu'au dernier virage, ensuite on partage quelque chose de spécial avec son adversaire, même si on n'est pas de grands amis", soulignait-il. "C'est donc mon meilleur souvenir avec Jorge car cela a été une grosse bagarre jusqu’au bout. Quand on s'est retrouvé dans le parc fermé, on s'est enlacé et c'était un bon moment car on a donné le maximum pour terminer devant et la bagarre a été super."

Le duel Rossi-Lorenzo à Barcelone en 2009

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Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

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