Analyse

Bastianini, Martín et la lutte pour le team Ducati officiel

Alors que Jorge Martín paraissait être le candidat logique au deuxième guidon de l'équipe Ducati officielle aux côtés de Francesco Bagnaia, les performances d'Enea Bastianini compliquent désormais le choix du constructeur italien.

Jorge Martin, Pramac Racing

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Si Pecco Bagnaia a vu son contrat avec l'équipe Ducati officielle prolongé avant même le début de la saison, il n'en est pas de même pour Jack Miller, qui a reconnu ne toujours pas avoir de nouvelles quant à son avenir. L'Australien ne semble pas en bonne posture pour rester, mais se montre disposé à retourner dans le team Pramac si nécessaire, un aveu qui pourrait sonner le glas de son aventure de pilote officiel entamée l'an dernier.

La lutte pour son guidon se concentre désormais plus logiquement sur Jorge Martín et Enea Bastianini, les deux jeunes recrues de Borge Panigale qui évoluent respectivement chez Pramac et chez Gresini. Le team Pramac et Johann Zarco ont pour leur part confirmé leur volonté de poursuivre ensemble, ce qui retire le #5 de la lutte pour l'équipe officielle.

Au coude à coude pour le titre de meilleur rookie l'an dernier, l'Espagnol l'a emporté de peu sur l'Italien. Grâce à sa victoire en Autriche, il avait par ailleurs l'avantage pour obtenir la promotion tant espérée à l'entame de la saison, seulement Bastianini a complètement rebattu les cartes en remportant deux des quatre premières courses et en s'emparant de la tête du championnat. Le choix ne va donc pas être si simple pour Ducati.

Le constructeur italien doit pourtant prendre une décision rapidement, puisque le mercato du paddock est très ouvert avec la quasi-totalité du plateau qui voit son contrat arriver à expiration en fin d'année, et que les tractations vont être nombreuses. Le deuxième pilote officiel pourrait être annoncé fin mai, au moment du Grand Prix d'Italie, au Mugello, ce qui laisse encore trois manches à Martín et Bastianini pour convaincre.

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Factuellement, Bastianini a l'avantage en termes de résultats puisqu'il comptabilise deux victoires ainsi qu'une dixième et une 11e places, tandis que Martín n'a pas été en mesure de concrétiser en course ses deux pole positions et ses deux autres qualifications en première ligne. Il est monté sur le podium en Argentine, a terminé huitième aux États-Unis et compte deux résultats blancs, dont l'un provoqué par Bagnaia, qui l'avait entraîné dans sa chute au Qatar. Dixième du championnat avec 28 points, il affiche ainsi 33 unités de retard sur Bastianini.

Desmosedici 2021 vs 2022

De même qu'il avait une ancienne Ducati l'an passé, l'Italien ne dispose pas de la toute dernière Desmosedici GP22 cette année, à l'inverse de l'Espagnol, et roule ainsi avec la moto de 2021. Néanmoins, celle-ci a terminé deuxième du championnat et est extrêmement compétitive. Le #23 a donc eu à ajuster de petits détails pour poursuivre dans la lancée de victoires initiée par cette machine l'an dernier, qui a comptabilisé en tout sept succès (quatre avec Pecco Bagnaia, deux avec Jack Miller et un avec Jorge Martín).

Enea Bastianini, vainqueur au GP des Amériques

Enea Bastianini, vainqueur au GP des Amériques

"Cette année, Enea a une moto qui est techniquement meilleure que celle qu'il avait l'an passé. C'est la moto parfaite, elle est à son meilleur niveau de performance et de développement, et elle fonctionne partout", a reconnu Paolo Ciabatti, le directeur sportif de Ducati Corse, à Motorsport.com"Enea réalise un travail incroyable, tout comme l'équipe Gresini, qui a formé une bulle pour qu'il puisse évoluer en toute tranquillité."

Avec une machine 2021 déjà développée, Bastianini n'a pas de nouvelles pièces ou d'évolutions à essayer, il doit simplement ajuster la mise au point en partant des données des pilotes Ducati de l'an passé et dispose de toutes les séances d'essais libres à chaque Grand Prix pour le faire. Il compte également à ses côtés Alberto Giribuola, chef mécanicien de grande expérience qui travaillait avec Andrea Dovizioso auparavant et qui a gagné par le passé avec ce dernier.

La situation est complètement différente pour Jorge Martín, qui participe au développement de la Desmosedici GP22, une moto au potentiel élevé mais qu'aucun pilote de la marque italienne ne parvient pour le moment à complètement dompter. Des directions différentes ont même été prises puisque Pecco Bagnaia a décidé de renoncer au moteur 2022 et a préféré opter pour une version hybride 2021-2022, obligeant de fait son coéquipier Jack Miller à en faire de même selon la règlementation, quand Martín et Johann Zarco l'ont conservé, et tous ont fait retirer le holeshot device à l'avant, excepté le Français.

Ces voies différentes nécessitent un travail permanent de développement, à la fois très important et très prenant. "Nous avons beaucoup de pièces dans le box que nous devons essayer, c'est un travail en plus mais ce rôle n'est pas un problème pour Pramac. Nous le voyons comme quelque chose de positif, cela veut dire que Ducati nous prend en considération et que nous sommes importants pour eux", a expliqué Fonsi Nieto, le directeur sportif de Pramac, lors de l'une des séances d'essais libres à Austin.

Jorge Martín

Jorge Martín

Néanmoins, Martín a reconnu s'être "perdu durant la pré-saison" avec tous ces tests. "Nous sommes revenus aux réglages de l'an dernier, la moto ne fonctionnait pas bien, nous étions un peu perdus avec tous les changements sur la moto de cette année et nous sommes un peu revenus à ce qui nous convenait bien l’an passé", déclarait-il en Argentine. Mais à Austin, la semaine suivante, le #89 s’est retrouvé en perte de vitesse face à la moto de Bastianini et n'a pas été en mesure de concrétiser sa pole position.

"Je pensais avoir le potentiel pour me battre pour le podium, mais j'ai beaucoup souffert dans la ligne droite principale, impossible de me rapprocher des [autres] motos. La Ducati n'a plus le potentiel qu'elle avait avant, je perdais entre 8 et 10 km/h. Nous n'en connaissons pas la raison mais nous perdons beaucoup avec le nouveau moteur. Je ne crois pas que le moteur de l'an dernier soit meilleur, mais quelque chose ne va pas, peut-être l'aérodynamique ou je ne sais quoi", a-t-il regretté au terme de la course texane.

Des clauses de contrat différentes

Martín et Bastianini ont tous deux un contrat direct avec Ducati, mais celui-ci arrive à son terme en fin de saison, avec une option de renouvellement pour 2023. Il existe cependant des différences, puisqu'aucune clause n'oblige Ducati à promouvoir l'Italien dans l'équipe officielle. En revanche, si Martín ne devient pas le coéquipier de Bagnaia l'an prochain, il sera libéré de tout engagement.

Carlo Pernat, le manager de Bastianini, a affirmé qu'en tant que leader du championnat, il était le pilote le plus intéressant actuellement. "Nous souhaitons qu'il continue avec Ducati, peut-être dans l'équipe officielle. À ceux qui disent que le guidon est pour Martín, je leur répondrais que ce n’est pas tout à fait vrai. Gigi Dall’Igna n'est pas quelqu'un qui prend des décisions comme ça après seulement quatre courses", a-t-il ajouté. "Pour le moment il n'y a eu que des prises de contact et des conversations. Je crois que le marché de pilotes commencera à bouger après Jerez."

S'il estime que Honda et l'équipe Repsol ne sont pas la meilleure option pour son poulain, rappelant qu'Aprilia s'était montré intéressé par le passé, l'opportunité d’une place au sein de l'équipe officielle Honda pourrait intéresser Martín, qui a remporté son titre en Moto3 avec la marque japonaise en 2018, et qui est également arrivé chez Pramac après avoir roulé pour KTM en Moto2. Une option qui n'est donc pas à écarter non plus s'il ne pouvait accéder au team Ducati factory en 2023.

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