Beaucoup d'enseignements pour des Honda officielles distancées
Le premier Grand Prix de la saison a permis à l'équipe officielle Honda de recueillir beaucoup d'informations, expliquent les pilotes, Joan Mir et Luca Marini. Distancés, ils gardent la tête froide en attendant de capitaliser sur le travail mené en coulisses.
Les deux pilotes officiels Honda expriment de concert la même approche, celle d'un réalisme et d'un grand calme face à la longue route restant à parcourir. Joan Mir et Luca Marini le savent, leur moto n'est pas en mesure de viser bien haut pour le moment. Chacune de leur performance est donc analysée à l'aune des circonstances actuelles, différentes de celles qu'ils espèrent connaître plus tard dans la saison, lorsque les changements lancés par Honda commenceront, espèrent-ils, à porter leurs fruits.
En attendant, Joan Mir avait le sourire pendant le premier Grand Prix de la saison. Certes distancé, l'Espagnol a visiblement pris sa situation avec philosophie et il s'est même félicité d'avoir un temps été le leader d'un championnat dans le championnat, celui opposant les six pilotes de motos japonaises. Tous un peu logés à la même enseigne, ils se sont battus hors du top 10.
C'est à chaque fois Fabio Quartararo qui a obtenu le meilleur résultat, cependant le Français a trouvé le Champion du monde 2020 sur son chemin. Lors de la course principale, le Majorquin avait même l'avantage jusqu'à deux tours de l'arrivée. L'usure excessive de ses pneus l'a finalement fait reculer derrière la Yamaha #20 et la Honda satellite de Johann Zarco, ce qui n'a pas entaché sa bonne humeur.
"Je suis content parce que je n'ai pas eu de mauvais premiers tours, j'ai gagné pas mal de positions", a expliqué Joan Mir, parti 17e. "Je voyais le groupe de tête, je contrôlais bien les pneus et tout le reste. J'ai passé toute la course derrière Fabio. Puis dans les cinq derniers tours, j'ai décidé de le doubler parce que je pensais avoir quelque chose en plus. J'ai décidé d'attaquer, j'ai créé un écart d'une seconde et j'ai tué le pneu ! [rires] Dans les deux derniers tours, j'ai foiré tout ce que j'avais fait dans les cinq précédents !"
"Mais j'ai pu me battre un peu. J'ai pu prendre un peu de plaisir, me battre dans la 'coupe japonaise', j'ai même mené cette coupe japonaise ! Mais j'ai été trop optimiste dans les cinq derniers tours. Je n'attendais pas une si grosse dégradation sur le pneu. Ceci dit, on n'avait pas enchaîné 22 tours dans les tests, donc on a vu ici qu'il fallait régler l'électronique différemment, ou être plus conservateurs en course. On a appris des choses, on a pris beaucoup d'informations."
Joan Mir s'est bagarré contre Fabio Quartararo en course.
Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images
Quinzième du sprint à 14 secondes du vainqueur alors qu'il a connu un problème de moteur, Mir était 13e à l'arrivée de la course principale, à 18"4. La supériorité des marques européennes reste une évidence, qu'il ne nie pas. "Les autres sont loin mais ce qui est bien, c'est qu'on a devancé beaucoup de motos qui sont plus performantes que la nôtre", a voulu retenir le pilote espagnol.
"C'était le meilleur résultat possible, il aurait juste fallu un peu mieux contrôler le pneu dans les cinq derniers tours, ce que j'ai foiré en doublant Fabio et en attaquant sur le pneu. J'ai perdu deux secondes dans les deux derniers tours. Pour moi, c'est la leçon à retenir pour la suite. Il faut garder cette intensité, ce niveau et passer à la suite."
Marini de poleman à avant-dernier
De l'autre côté du stand Repsol Honda, Luca Marini a rencontré plus de difficulté pendant ce week-end de course que pendant les tests de pré-saison. Au sprint, il s'est étonné de ses mauvaises sensations, affichant un rythme "étrange" pour ce qui a finalement été une journée "beaucoup plus difficile que prévu" à ses yeux.
"Je n'arrive pas à faire tourner la moto, j'ai les pneus qui glissent, j'élargis partout", détaillait-il, plus analytique que réellement agacé. "Je suis très fort au freinage, j'arrive à bien me défendre, à attaquer, mais quand vient le moment de relâcher les freins, Joan et Johann font la différence. Ils arrivent à très bien faire tourner la moto, donc il faut comprendre ce qui s'est passé dans cette phase parce que je me sens moins bien, à la fois par rapport au test et par rapport à hier."
Dimanche a été du même acabit et il n'a devancé que Jack Miller, tombé en début de course. "Sur mon panneau, j'ai vu que j'avais quelqu'un derrière et je me suis demandé qui c'était ! Et puis j'ai vu le panneau de Miller alors j'ai compris que c'était lui", a relaté Marini, voyant comme "une chance" de pouvoir rouler avec le pilote KTM. "Je l'ai laissé passer parce que j'étais inquiet de la pression du pneu avant. Vu qu'on avait fait la procédure de départ rapide, j'avais peur d'être en dehors des clous et d'être pénalisé. Alors je me suis calé derrière lui, pour qu'au moins on s'amuse un peu, et on s'est bien bagarré. Le point positif c'est qu'aujourd'hui comme hier, j'ai fait de belles bagarres avec Jack et Franco [Morbidelli], donc je suis resté chaud pour les prochaines courses."
Alors qu'en novembre dernier, il décrochait ici-même une pole position record avec sa Ducati puis deux troisièmes places en course, Marini a figuré parmi les derniers tout le week-end. "J'ai la sensation que la course d'aujourd'hui a été vraiment très difficile par rapport à celle de l'année dernière, où tout était facile", résumait-il samedi soir après le sprint, qu'il a terminé à 25"5 du vainqueur. Dimanche, son retard atteignait 42 secondes à l'arrivée. "Il y a eu un problème de toute façon, mais rien de grave, ça sera vite résolu", a-t-il alors précisé, sans vouloir dévoiler la nature de ce problème qui a encore aggravé sa situation, mais sans nier non plus un potentiel qui reste de toute façon faible pour le moment.
"Quoi qu'il en soit, je pense qu'il y a quelque chose d'intéressant à retirer de cette course", a ajouté Luca Marini, martelant la nécessité de garder une approche calme et pragmatique. "J'ai pu comprendre beaucoup de choses pendant cette course, c'est important, plus que de faire 16e sans ne rien comprendre", a-t-il affirmé. "Je pense avoir vu des choses positives. Désormais, pour moi, ce qu'on doit faire est clair mais il nous faut un peu de temps pour essayer différentes choses."
Avec Vincent Lalanne-Sicaud
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