Bilan 2015 - Crutchlow pose de nouvelles bases

Il avait créé la sensation en rejoignant les Grands Prix et en s'y adaptant plutôt rapidement, lui qui ne s'était fendu que d'une seule saison en WSBK après son titre mondial Supersport. Devenu pilote officiel au bout de trois ans, il semblait avoir fait le plus dur.

Pourtant, son passage chez Ducati a tourné au calvaire et il a bien vite opté pour un changement de cap salutaire. C'est chez LCR et au guidon d'une Honda qu'il a tenté de rebondir l'an passé, espérant retrouver une machine plus simple à comprendre et mieux adaptée à son style de pilotage. Mais Crutchlow allait vite comprendre que la Honda version 2015 n'était pas la meilleure monture pour passer à autre chose.

Les difficultés ont rapidement été évidentes, avec une RC213V trop brusque, manquant cruellement de grip à l'arrière, une roue avant tendant au wheelie… Un véritable casse-tête pour le choix des pneus et une moto caractérielle qui a causé bien des déceptions - et des chutes - parmi les pilotes de la marque japonaise, à commencer par Marc Márquez, déchu de son titre.

Pour ne rien arranger, parmi les pilotes disposant d'une Honda Factory Cal Crutchlow était le seul à ne pas avoir d'expérience avec cette machine. Yamaha, Ducati et Honda : il aura enchaîné trois constructeurs différents en l'espace de trois ans avec, à chaque fois, la nécessite de repartir d'une feuille blanche pour trouver ses marques.

Un podium pour illuminer sa saison

Pour autant, la première partie de la saison a permis au pilote LCR de donner le change. Qualifié en deuxième ligne à quatre reprises sur les six premières manches, il a eu un peu plus de mal à concrétiser en course. C'est pourtant à cette période qu'il a décroché la plus grosse récompense de cette saison compliquée, en montant sur le podium de l'Argentine.

Âprement décrochée au terme d'une superbe bagarre contre Andrea Iannone, il faut reconnaître que cette troisième place sauve en grande partie la campagne de Cal Crutchlow. Car, passé le premier tiers de la saison, la hiérarchie est clairement installée et chacun sait à qui il doit se confronter sur la durée. Or, pour le pilote LCR, la concurrence s'appelait essentiellement Tech3, et plus précisément Bradley Smith.

Si ce dernier s'est imposé comme le roi de la régularité, ce fut le véritable point faible de Crutchlow, contraint à l'abandon à cinq reprises. Outre une erreur à Brno, un cafouillage au Mans lorsque son pied a glissé de la pédale de frein, ou encore un mauvais choix de pneus qui l'a mené dans le gravier au Mugello, il a également perdu gros en étant heurté par deux fois, en Catalogne et en Grande-Bretagne.

Dur au mal et dur à cuir, le pilote anglais a su saisir les opportunités qui se sont présentées à lui, notamment au début de l'automne lorsqu'il a battu son rival direct durant trois manches consécutives. C'est toutefois la déception qui pèse dans le bilan de sa saison, et le dernier Grand Prix en est l'incarnation parfaite puisqu'il en a pris le départ depuis la toute dernière place en grille (derrière Valentino Rossi!) après qu'un problème sur sa moto numéro 1 l'a obligé à changer de machine in-extremis. "Je crois que ça a été une saison moyenne pour moi", résumait-il en toute franchise à Valence. Un terme bien trop pondéré pour satisfaire un personnage aussi haut en couleur...

Avec 125 points et la huitième place finale au championnat, Cal Crutchlow a réussi à faire repartir ses courbes de résultats à la hausse par rapport à l'année précédente. Désormais, il tentera de se baser sur cette expérience pour avoir son mot à dire en 2016, le tout en ayant déjà accordé sa confiance à LCR pour construire une relation durable.

"Quand j'ai pris la décision de rester où je suis pour les deux années à venir (un an plus une option, ndlr), c'est la continuité qui a été déterminante", explique-t-il. "Avec de nouvelles pièces la saison prochaine, je pense que l'on peut retrouver le niveau que l'on mérite et se battre pour les podiums."

Cal Crutchlow en 2015