Bilan 2015 - Valentino Rossi, la performance sans la récompense

Durant plus de sept mois, après qu'il s'est installé au commandement dès la première manche de la campagne 2015, personne n'a réussi à prendre d'avantage mathématique sur Valentino Rossi au Championnat. Tout juste a-t-il vu Jorge Lorenzo passer en tête à égalité de points en août, mais jamais Rossi ne s'est fait distancer.

Aucun abandon et quinze podiums, dont quatre victoires : cette saison lui a valu son plus beau rendement en six ans. Et cette régularité a précisément été son point fort, c'est elle qui lui a permis d'entretenir sa place de leader face à l'adversité. Qui aurait cru qu'à 36 ans il ne manquerait le podium qu'à trois reprises en fin d'année, et à chaque fois pour se classer malgré tout dans le top 5?

Un rival de taille

Ceux qui voyaient Valentino Rossi fini après la parenthèse Ducati en ont été pour leurs frais. Non sans surprise, les petits jeunes ont retrouvé un adversaire coriace en piste, à commencer par Marc Márquez, avec lequel l'Italien a plusieurs fois joué des coudes.

Trop irrégulier pour conserver ses chances de titre, le pilote Honda est malgré tout resté compétitif, au point de trouver à plusieurs reprises Rossi sur sa route. Or, deux forts caractère en lutte directe, cela fait des étincelles… En Argentine et aux Pays-Bas, l'Espagnol en a payé le prix fort, avec un contact suivi d'une chute dans le premier cas, et une victoire perdue au profit d'un Rossi passé hors-piste dans la dernière chicane lors de l'épisode d'Assen.

A l'époque, tout le monde conservait son sourire, pourtant l'Histoire retiendra que ces précédents ont probablement contribué à mener les deux hommes vers l'apogée de la tension connue pendant la tournée extra-européenne en fin de saison. Rossi a reproché à Márquez de l'avoir délibérément ralenti à Phillip Island puis à Sepang, où leur mano-a-mano s'est conclu par une nouvelle chute de l'Espagnol.

La pénalité qui s'en est suivie a pesé extrêmement lourd dans le dénouement de la saison, au point peut-être (impossible de réécrire l'histoire pour le savoir) de coûter le titre à Rossi. Ce final - le plus serré depuis 1992 - s'est soldé par un fait exceptionnel : ce n'est que la troisième fois dans l'Histoire de la catégorie reine que celui qui se présente en leader sur la dernière manche voit le titre lui échapper. Et sur ces trois cas, deux auront été au détriment de Valentino Rossi…

L'Italien a-t-il cédé sous la pression? C'est l'avis de certains, qui ont revu à cette occasion un Rossi fébrile, capable d'une erreur aussi lourde que celle qui l'a privé du titre 2006, même si la comparaison s'arrête là. Et s'il avait tout simplement été pris à son propre piège? Personne n'est meilleur que Valentino Rossi pour mettre ses rivaux sous pression, au gré de phrases sibyllines et d'utilisation malicieuse de la presse. Sauf que, cette fois, en accusant Márquez en pleine conférence de presse, à Sepang, il a enclenché un tourbillon dont lui-même a été la plus grande victime.

"Il reste de beaux souvenirs"

Classé deuxième du Championnat - comme l'an dernier, mais avec des performances plus relevées - le Docteur a eu toutes les peines du monde à savourer ses succès compte tenu des circonstances et d'un dénouement très amer.

Son parcours 2015 a pourtant soulevé les foules. A commencer par sa première victoire sur la manche d'ouverture, au Qatar. Troisième au Texas, il a retrouvé la victoire dès l'Argentine : deux succès sur les trois premiers rendez-vous de la saison, voilà un score qu'il n'avait plus connu depuis 2005! Prendre de l'avance s'est avéré précieux, puisque Jorge Lorenzo n'a pas tardé à revenir en force.

Dominateur lorsque les conditions étaient réunies, le Majorquin a su engranger de gros points, mais Rossi a fait preuve d'une résistance à toute épreuve. Certes, le chronomètre ne penchait pas en sa faveur lorsque son coéquipier s'imposait, mais sa présence systématique sur les podiums lui a permis de ne laisser filer que quelques points, vite repris lorsque son rival était moins en verve.

Lui qui n'avait gagné que cinq fois en cinq ans, il a cumulé quatre succès au cours de ce championnat. Il a beau être toujours aussi peu à l'aise en qualifications - ce qui l'oblige à batailler durant les premiers tours de course pour se replacer aux avant-postes - il a en revanche tordu le cou à l'un de ses chats noirs, la pluie, en s'imposant à Silverstone.

"Je dois dire qu'on a fait une excellente saison, même si l'épilogue est triste. En tout cas, il reste de beaux souvenirs d'une saison faite de satisfactions," a résumé Valentino Rossi à Motorsport.com. Un constat que l'on peut globalement appliquer au MotoGP : cette saison a été si belle qu'elle aurait mérité un final plus exemplaire, quel qu'aurait été le Champion.

Valentino Rossi en 2015