Dans la tête de Brad Binder, nouveau vainqueur en MotoGP

Brad Binder admet qu'il a réalisé dimanche "le rêve de toute une vie" en décrochant sa première victoire MotoGP.

Brad Binder, Red Bull KTM Factory Racing

Brad Binder, Red Bull KTM Factory Racing

MotoGP

Brad Binder s'est offert le luxe de remporter sa première victoire en MotoGP dès sa troisième course dans la catégorie, et a ravi KTM, dont le programme au sommet est désormais enfin couronné d'un net succès. Premier vainqueur sud-africain dans la catégorie reine et premier rookie à s'imposer depuis 2013 et un certain Marc Márquez, c'est un peu hébété que le jeune pilote a répondu aux questions des journalistes dimanche après être monté sur la plus haute marche du podium.

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Tu es resté pendant de longs tours derrière Fabio Quartararo, alors troisième, alors que tu semblais avoir un rythme supérieur. Manquais-tu de confiance pour le dépasser ou préparais-tu le bon moment ?

Vendredi fut une journée difficile, et samedi on a fait un bon pas en avant en EL3 et la moto a vraiment bien fonctionné en Q1 et en Q2. C'est fou ! En course, j'ai vraiment pris un bon départ, j'ai pu dépasser un ou deux gars et je me suis installé derrière Fabio quelques tours. C'était incroyable de penser que nous étions là. Sur la première course de Jerez, j'ai fait une erreur ; puis une encore plus grosse sur la deuxième course là-bas, en emmenant quelqu'un avec moi et en tant que pilote, on n'aime jamais ruiner la course d'un autre. Je suis donc resté derrière lui.

Il était rapide mais il a commencé à peiner plus et je suis resté là à préserver mon pneu arrière : j'étais très doux avec l'accélérateur. Quand j'ai senti l'opportunité, j'ai sauté sur l'occasion et j'ai fondu sur Franco [Morbidelli]. Je me suis dit : 'OK, il a des difficultés avec ses pneus, et j'ai saisi l'opportunité de me lancer devant. Je n'y crois toujours pas que ça ait marché ! C'est incroyable, la meilleure sensation de ma vie !

Tu avais dit samedi que tu allais aborder la course dans l'optique de ne pas faire tomber qui que ce soit et en restant cool... Est-ce ta définition d'une course cool ?!

Hier, et même avant, en arrivant ici en début de week-end, je me suis dit que je devais prendre du recul en course, étant donné que j'ai ruiné les deux autres en étant trop impatient. C'est ce que j'ai fait : rien de fou au départ. Je suis resté calme et j'ai fait mes manœuvres sans contact ou sans excursion dans le gravier cette fois, au bon moment.

Ce qui a super bien marché pour nous [dimanche] c'est que l'on avait une excellente compréhension de quoi faire pour aller au bout. J'ai une équipe folle derrière moi, qui a établi une superbe stratégie. J'ai été encore plus choqué quand j'ai vu l'écart sur le panneau. J'ai poussé comme un fou dans les trois derniers tours. On a gagné notre première course MotoGP, c'est incroyable.

La KTM semblait très à l'aise sur cette piste pourtant cavalière, pourquoi ?

Vendredi, les choses étaient embarquées de manière totalement différente et je pensais que j'allais partir en l'air dès que je touchais l'accélérateur… Les gars ont bossé et vendredi soir, mon chef mécanicien et le boss sont venus me voir et ils m'ont dit : 'rassure-toi, on va régler ça'. C'était bien plus stable déjà en EL3 : je me suis bien senti. Les gars ont conçu un super package avec cette nouvelle moto, elle est dingue ! Je le leur dis depuis la première fois que je l'ai pilotée. On souffre parfois plus dans certains domaines, mais là où nous sommes forts par rapport aux autres, nous avons vraiment un sacré avantage. C'est fou. Je ne pourrai pas suffisamment les remercier. J'en veux encore beaucoup, beaucoup plus !

À quel point de la course as-tu réalisé que tu allais gagner ?

Je ne sais pas ! En passant aux commandes, je ne savais pas si j'allais pouvoir m'échapper ou pas. Je savais que mon pneu était plus frais, mais je n'étais pas sûr qu'il allait durer. J'ai piloté de manière super concentrée et je me suis appliqué à limiter les erreurs et à rester aussi propre que possible.

Dans quel état d'esprit te trouvais-tu dans les derniers tours ?

J'étais choqué, honnêtement, tellement heureux pour moi, mon pays, mon team… toute personne qui m'a aidé à arriver là. C'est le rêve de toute une vie. Il n'y a rien de plus à dire.

L'évolution de KTM ces dernières années a été fulgurante. Quel type de moto t'attendais-tu à trouver et qu'as-tu finalement ressenti la première fois que tu l'as pilotée ?

La première fois, en fin de saison dernière, je me suis dit : 'oh mon Dieu, j'ai du travail !' Elle était si dure à piloter… Mais en Malaisie, en début d'année, c'était un autre monde, tout était plus naturel et plus facile pour moi qu'avec la précédente [moto]. Ils ont fait un travail incroyable avec cette nouvelle moto et c'est dingue... je ne sais pas quoi dire d'autre ! Je la savais très bonne mais je n'avais aucune idée qu'elle l'était à ce point-là, et personne chez nous ne s'attendait à ça aujourd'hui. Maintenant, nous avons encore un test [lundi à Brno] pour peut-être encore en trouver plus pour la semaine prochaine !

Qu'est-ce que cette victoire signifie pour KTM ?

Je suis impatient de retourner au box pour voir mon équipe ! [il s'exprime en conférence de presse, après la course, ndlr] C'est vraiment étrange de s'arrêter et les voir si loin ; je suis impatient d'être avec eux. Ils ont bossé tellement dur… C'est ce qu'ils font, ils ne laissent rien sur la table. Gagner est incroyable et ils le méritent : ils ont produit une machine incroyable et j'espère que c'est le début de quelque chose de génial.

C'est un processus qui a été rendu plus facile par le fait d'avoir une super équipe avec moi. Ils m'ont tout appris et bien encadré. Ils m'ont aidé à trouver des réponses. C'est un énorme effort collectif.

Brad Binder

Il est rare de voir un rookie gagner en MotoGP : comment expliquer cette rapide adaptation et quels progrès estimes-tu devoir encore faire ?

Sur les premiers tests l'an dernier, à Valence et Jerez, j'étais perdu ! Je crois que ça m'a encore plus remonté pour travailler dur cet hiver et comprendre le MotoGP. J'avais fait un bon pas en avant en revenant au Qatar, puis j'ai utilisé ces derniers mois de trêve à mon avantage pour m’entraîner extrêmement dur et me renforcer, regarder des vidéos, comprendre comment piloter cette arme… C'est dur à expliquer en venant du Moto2, au niveau des différences sur l'électronique, les freins qui sont incroyables… C'est un processus qui a été rendu plus facile par le fait d'avoir une super équipe avec moi et ils m'ont tout appris et bien encadré. Ils m'ont aidé à trouver des réponses, on s'est rapproché à chaque fois plus et c'est un énorme effort collectif. Ça semble encore irréel.

Dirais-tu que ton inexpérience t'a d'une certaine manière aidé ?

Oui, j'ai dit samedi que je pensais que ça allait être un avantage ou un inconvénient. Mais finalement, ça a été un avantage. C'était super de ne pas vraiment avoir de connaissances sur ce qui allait se passer [avec les pneus]. Si l'on regarde où on en était au début du week-end, le contraste est gigantesque et ça a super bien marché [dimanche]. Pour être honnête, j'aurais vraiment pu mettre les gaz au début mais je n'ai pas arrêté de me dire qu'il fallait rester calme et ne pas être aussi agressif avec l'accélérateur et dans les virages. On a fait un super début de course, c'est incroyable. Quelle super journée !

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