L'expérience de Crutchlow avec la Honda va profiter à Yamaha

L'expérience de Cal Crutchlow au guidon la Honda est importante pour Yamaha, Fabio Quartararo reconnaissant déjà bénéficier des conseils du nouveau pilote d'essais d'Iwata. L'Anglais, qui a découvert la M1 dans un contexte difficile, assure cependant qu'il n'y a pas de "secrets" pouvant être transposés d'une machine à l'autre.

Cal Crutchlow, Yamaha Factory Racing

Gold and Goose / Motorsport Images

Les tests de Losail ont vu Cal Crutchlow renouer avec Yamaha. Celui qui est désormais le pilote d'essais du constructeur japonais a conquis le titre en WorldSSP avec cette marque, qui l'a ensuite mené au WorldSBK puis au MotoGP, avec le team Tech3. Au terme de la saison 2020, Crutchlow a mis fin à sa carrière de titulaire après dix années dans la catégorie reine qui l'ont également vu rouler pour Ducati et Honda, à travers l'équipe LCR, et prendre une expérience qui sera utile dans le développement de la M1.

Le Britannique estime que sa fine connaissance de la Honda est "bien sûr" importante pour sa nouvelle équipe. "Parce que mon expérience est l'une des raisons pour lesquelles ils m'ont choisi pour ce poste", a-t-il ajouté. "Mon expérience de pilote en MotoGP avec différents constructeurs, avec une compréhension de différentes motos. Oui, avec Ducati j'ai eu une année plus difficile mais j'étais quand même sur le podium, et j'étais même rapide en fin de saison. J'étais donc rapide avec chaque moto que j'ai pilotée en MotoGP. Donc je pense que l'expérience est une chose dans l'évaluation [des pièces]. Évidemment, comme vous le savez, pendant mes années chez Honda, j'ai fait beaucoup de tests, beaucoup d'évaluations de pièces."

Crutchlow ne pense cependant pas être en mesure de fournir des informations que Yamaha pourrait copier directement, chaque machine ayant sa propre philosophie : "Je n'ai pas besoin d'apporter de secrets. Il n’y a pas de secrets. Yamaha a sa propre force de travail, Honda a la sienne, Ducati a la sienne. Vous apportez votre propre expérience après avoir travaillé pour des constructeurs. Je ne pense pas que les équipes cherchent à copier les autres motos. Tous les constructeurs ont leur propre ADN ou philosophie. Bien sûr, je vais leur donner mon avis, et bien sûr que parfois je peux prendre en référence les motos que j'ai déjà pilotées par le passé. Mais ce qui fonctionne pour cette moto ne fonctionnera peut-être pas pour une autre. C’est ainsi que cela fonctionne en MotoGP. Nous allons juste faire notre propre travail avant tout avec Yamaha."

C'est un pilote qui a été avec Ducati, Honda, il m'a donné des conseils sur la manière de travailler qu'ils avaient chez Honda. Tout ce que je peux prendre, je le prends, c'est clairement positif.

 Fabio Quartararo

Depuis l'annonce de l'arrivée de Cal Crutchlow chez Yamaha, les pilotes de la marque ont exprimé leur enthousiasme, jugeant ses performances et son expérience essentielles pour améliorer la machine, et spécifiquement ses connaissances de la RC213V. À Doha, Fabio Quartararo a reconnu avoir déjà profité des conseils de la nouvelle recrue du constructeur, même s'il préfère les "garder" pour lui. "C'est un pilote qui a été avec Ducati, Honda, il m'a donné des conseils sur la manière de travailler qu'ils avaient chez Honda", a expliqué le Français. "Tout ce que je peux prendre, je le prends, c'est clairement positif. Je m'entends très bien avec Cal, je l'adore, alors si on a ce type de pilote d'essais, il faut qu'on l'utilise comme il faut. Je pense que c'est un très bon pilote d'essais. Il a juste besoin de plus de temps, mais pour le moment je suis très content avec lui."

Valentino Rossi, qui conserve une Yamaha dans le team Petronas, compte aussi sur l'expérience de Crutchlow au guidon de la Honda : "J'ai fait deux ou trois tours avec Cal au début de la séance, mais c'était un hasard, ce n'était pas intentionnel", a précisé le septuple Champion du MotoGP. "J'ai parlé avec Cal, et aussi avec Silvano Galbusera, qui est le chef mécanicien. Ils m'ont fait un feedback très intéressant. Je pense qu'il est rapide, c'est bien. Et puis ses idées sont intéressantes parce qu'il a longtemps piloté la Honda, alors je pense qu'il peut beaucoup nous aider."

Ce processus ne fait que commencer, les premiers tests de Cal Crutchlow sur la Yamaha M1 s'étant essentiellement résumés à une prise de contact pour lui permettre de prendre ses marques. Massimo Meregalli est déjà satisfait du travail de sa recrue, mettant lui aussi en avant l'expérience de l'Anglais avec la Honda : "Nous lui avons donné un matériel dont nous connaissons le fonctionnement, et il a confirmé ce que nous savions", a expliqué le patron de l'équipe officielle au site du MotoGP. "C'est un feedback très important pour le développement de la moto, parce que ses commentaires étaient corrects. Il a aussi apporté de l'expérience de son ancienne marque, c'est sûr que ce sera un avantage. C'est très bien de voir que nous avons un pilote d'essais qui a la vitesse, parce qu'il peut pousser avec la moto comme les pilotes titulaires. C'est une chose qui nous a fait défaut par le passé."

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Meregalli évoque sans le nommer Jorge Lorenzo, très peu vu en piste la saison passée en raison de la pandémie de COVID-19. Cructhlow, qui succède au Majorquin cette année, est ravi de se mettre au service des quatre pilotes du clan Yamaha, estimant cependant qu'une immersion totale dans le programme du constructeur sera indispensable pour que son travail porte véritablement ses fruits, afin de suivre les évolutions de la machine et de véritablement répondre aux attentes des titulaires.

"Les pilotes Yamaha voulaient que je monte sur la moto. On peut toujours obtenir des informations sur ce qu'on avait avant, mais on veut améliorer ce qu'ils ont maintenant, ou essayer de le faire. Quand on a quatre pilotes chez un constructeur, ils ne pilotent pas de la même façon, donc le pilote d'essais doit faire des sortes de compromis. Ou s’il y a une chose spécifique qu'un pilote veut tester, il faut le faire aussi."

"Pour être pilote d'essais, l'essentiel est de travailler avec les pilotes, avec l'équipe, et avec son équipe et son chef mécanicien. Ça ne servirait à rien de faire des essais avec eux cette semaine et de ne pas leur reparler avant de les revoir. Il ne faut pas qu'il y ait une cassure dans la traduction quand je parle aux Japonais, ni ne jamais parler aux pilotes. Je pense que la relation sera la clé. J'ai une bonne relation avec les pilotes. Je serai en contact permanent avec eux, évidemment en respectant la distanciation sociale ! On peut essayer de progresser ensemble."

Une découverte tardive et des douleurs au dos

Cal Crutchlow a dû consacrer une partie des premiers tests à la découverte de la Yamaha, alors que les pilotes d'essais de plusieurs marques concurrentes étaient en piste dès le mois de janvier sur le circuit de Jerez. La marque d'Iwata a préféré se donner du temps pour développer les pièces, renonçant à un crochet vers l'Europe pour apporter toutes les nouveautés à Losail.

"Nous sommes en retard, parce que pour plusieurs raisons, nous n'avons pas pu faire de tests au Japon ou en Europe", a expliqué Meregalli. "Au Japon, c'est l'hiver, et sur le plan logistique, nous n'avions pas le temps d'envoyer toutes les pièces en Espagne [pour des tests] puis à Doha. Au Japon, ils ont décidé de finir toutes les pièces prévues et de les envoyer [à Doha]. Nous sommes venus avec toute l'équipe, trois pilotes d'essais et les pilotes titulaires."

Crutchlow a dû s'adapter à cette contrainte : "Ce n'était pas ma décision, c'était la décision de Yamaha. Yamaha avait tout préparé pour le test prévu à Sepang mais il a été annulé. Et puis nous sommes venus ici. En ce qui concerne le fait de ne pas avoir encore pu rouler avec la moto, oui, les deux ou trois premiers jours [ont été] concentrés sur l’apprentissage de la moto, ce que nous aurions peut-être pu faire ailleurs, mais ils ont tout préparé pour les essais en début d'année. Nous avons beaucoup de choses à faire."

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Cette découverte de la Yamaha a par ailleurs été compliquée par des douleurs au dos pour Cal Crutchlow, déjà touché par de multiples blessures au bras droit au cours de la saison 2020 : "J'ai passé un très mauvais hiver pour être honnête. J’ai vraiment mal au dos depuis Portimão. [Je passe] des scanners. Je suis à l’hôpital chaque semaine. Malheureusement, nous ne comprenons pas quel est le problème. Mais j’ai eu des douleurs chroniques en bas du dos. J'ai même dû arrêter le vélo. J'ai roulé en décembre et j'ai dû m'arrêter pendant deux semaines. Ça ne m’était jamais arrivé de voir m’arrêter pendant deux semaines ! Ensuite, j'ai pu rouler à nouveau mais j'ai dû m'arrêter depuis. Je ne sais pas ce que c'est. Mais même quand je me mets à vélo, j'ai mal au dos, alors nous essayons de trouver la source. Rien n'a changé, parce que je fais du vélo depuis 20 ans."

Crutchlow a également dû partager sa machine avec les deux pilotes d'essais japonais de Yamaha, Kohta Nozane et Katsuyuki Nakasuga, sans pouvoir totalement adapter la machine à son propre style de pilotage : "Nous devons garder les mêmes réglages, ce qui est très très difficile, surtout pour moi au niveau de la position sur la moto donc du guidon, et de l'ergonomie. Nous devons tous garder la même chose pour pouvoir partager la moto durant les trois jours."

C'est donc pas à pas que Yamaha a entamé ses essais ce week-end, avec selon Meregalli l'objectif d'ajouter "lentement" toutes les nouveautés jusqu'à la fin des essais, y compris sur les machines des titulaires, afin de bien mesurer l'apport de chaque élément. L'un des principaux objectifs du constructeur est d'évaluer les nouveautés aérodynamiques, un travail qui se doit d'être minutieux puisqu'un seul nouveau package sera permis durant l'année.

"À part le châssis, nous avons le bras oscillant arrière, nous avons un nouvel ensemble aérodynamique et d'autres pièces et nous pensons que certaines d'entre elles apporteront des progrès", a précisé le dirigeant italien. "Par exemple, [samedi] nous avons fait des comparaisons avec la carrosserie avant de l'an dernier et nous avons gagné en vitesse de pointe, c'était très visible ici. Nous ne pouvons lancer qu'une évolution cette année et c'est évidemment un domaine que nous allons explorer. Si le feedback est bon, c'est sûr que nous l'homologuerons pour le premier Grand Prix, sinon nous attendrons les prochains tests."

Avec Léna Buffa et Chloé Millois

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