Stoner : "Je m'attendais à plus de la part de Lorenzo"

Il a beau avoir pris sa retraite il y a cinq ans, Casey Stoner suscite toujours autant d'attraction dès qu'il se trouve dans le paddock MotoGP. Il y a quelques jours, le pilote australien a pris part au premier test privé de 2018, à Sepang, où il était chargé de donner à Ducati son verdict sur la nouvelle Desmosedici. Une moto avec laquelle Andrea Dovizioso et Jorge Lorenzo vont tenter cette année de rééditer ce que lui-même avait réalisé en 2007, lorsqu'il est devenu le premier Champion du monde de la marque italienne en catégorie reine.

En marge de ces essais, Stoner a pris le temps de s'entretenir avec Motorsport.com. Voici la première partie de cette interview.

Étant donné que tu ne roules plus aussi souvent que par le passé sur une MotoGP, quel type de préparation te faut-il avant un test de plusieurs jours et quel en est l'impact ensuite ?

Physiquement, l'impact est important, je termine en étant très fatigué. Il n'y a rien que l'on puisse faire à la maison pour préparer un test sur une MotoGP. On le voit d'ailleurs chez les pilotes qui sont encore en activité : ils sont tous crevés après le premier test de pré-saison. Le fait que je passe quatre ou six mois sans rouler avant de participer à un test complique pas mal les choses. Je me prépare autant que possible, mais c'est difficile à faire en ce qui concerne les muscles. Je suis arrivé un peu juste pour ce test en Malaisie. Ma deuxième fille, Caleya Maria, est née et bien qu'elle nous laisse désormais dormir la nuit, j'ai attrapé un virus qui m'a empêché de m'entraîner pendant deux mois. Entre le bébé, le virus et le reste, j'ai été KO pendant deux mois et je n'ai pas pu reprendre d'activité avant le début de l'année.

Dans une période comme celle-ci, où se décide quelle direction prendre avec une nouvelle moto, que te demande Ducati ?

Nous prenons comme référence une mise au point assez standard, disons que la moto n'est pas à mon goût. Nous commençons à tester des pièces et à faire des comparaisons. La majeure partie du temps, les pilotes font des commentaires similaires. Nous ne suivons pas la direction de l'un d'eux en particulier, nous prenons juste la piste et nous comparons les éléments : le bras oscillant, la cartographie moteur, etc.

À quel point as-tu été réellement proche de disputer quelques Grands Prix ces deux ou trois dernières années ? Y a-t-il eu de réelles possibilités que cela arrive ?

Il y en a eu, bien sûr. En deux occasions, j'étais prêt mais au final ça ne s'est pas fait pour une raison ou une autre. Il y a eu deux courses où j'ai pensé que j'allais courir.

Te sens-tu plus compétitif avec la Ducati de l'année dernière ou avec celle de 2007, avec laquelle tu as été champion ?

À part le moteur, celle de 2007 était un désastre sur tout le reste. Elle freinait bien, mais elle avait du mal à entrer dans les virages et aussi à tourner. Pour résumer, il n'y avait pas de problème en ligne droite, ni à l'accélération ou au freinage, mais ça se compliquait si on essayait de faire quelque chose d'autre. Maintenant, nous avons une moto qui est globalement bien meilleure que celle-là.

Donc, d'une manière générale, cette génération de Desmosedici est la meilleure que tu aies pilotée ?

Non, la meilleure Ducati ce fut celle de 2009, même si à l'époque je n'étais pas en conditions de me battre pour le titre [on lui a alors détecté une intolérance au lactose, ndlr]. Cette moto était impressionnante. Ce qui se passe maintenant c'est que toutes les motos sont devenues très compétitives, chacune d'elles peut gagner à tout moment. Les Ducati d'aujourd'hui sont plus équilibrées, elles sont meilleures sur un plus grand nombre de circuits et cela augmente les chances d'obtenir de bons résultats.

As-tu été surpris par la saison qu'a faite Dovizioso l'année dernière ?

Bien sûr, j'ai été surpris, et Andrea lui-même l'a été. Cela ne sert à rien de mentir, je ne crois pas qu'il ait commencé la saison en pensant qu'il serait aussi compétitif. Cela dit, il a beaucoup travaillé, il a changé de méthode et son attitude a été la bonne. En course, il a utilisé sa tête, en réfléchissant à quand il fallait épargner ses pneus et quand il pouvait attaquer. Il a fait une très bonne saison, le seul "mais" a été que, quand les choses ne se sont pas bien passées, il a perdu beaucoup de points parce qu'il était loin derrière.

Et Lorenzo ?

Je m'attendais à quelque chose de plus de sa part, je ne vais pas mentir. Je comprends qu'après avoir passé neuf ans à piloter la même moto [la Yamaha, ndlr], il n'est pas facile de changer tout à coup et d'être en confiance dès le début. Jorge a eu du mal à s'adapter aux pneus quand Michelin a commencé à changer. Il a progressé au cours du championnat et je suppose que cette année il se battra plus régulièrement pour le podium, y compris pour les victoires. Mais oui, je m'attendais à plus de sa part, et surtout plus tôt.

La nouvelle moto est-elle plus adaptée à lui ?

Je crois qu'elle lui conviendra mieux ainsi qu'aux autres pilotes Ducati. Jorge est un peu plus spécial dans la façon dont il aime piloter la moto, mais à la fin de la saison il avait beaucoup gagné en confiance et son niveau et celui d'Andrea étaient très similaires. En dépit du fait qu'ils avaient deux styles de pilotage assez différents, tous deux en sont arrivés au même point. Si on progresse, lui comme Dovizioso en tireront les bénéfices.