Comment Aprilia est passé de l'enfer au paradis en seulement deux ans

Dernier aux championnats équipes et constructeurs en 2020, Aprilia est désormais dans le haut du classement et joue le titre avec Aleix Espargaró, un changement radical lié à l'arrivée de Massimo Rivola.

Aleix Espargaro, Aprilia Racing Team

Fin 2018, Aprilia annonçait le recrutement de Massimo Rivola, directeur sportif de Ferrari en Formule 1 de 2009 à 2016 puis directeur de sa Driver Academy. Son arrivée a eu un effet réparateur chez la marque de Noale, qui enchaînait les déconvenues, le point culminant ayant été la sanction pour dopage d'Andrea Iannone survenue l'année suivante, en 2019.

Les bénéfices de l'arrivée de Rivola vont plus loin que ses connaissances spécifiques puisqu'elle a permis de libérer Romano Albesiano, le plus haut responsable technique du constructeur, de la gestion sportive afin qu'il puisse se concentrer sur l'optimisation et le développement de la RS-GP. Parallèlement à cela, Rivola a su convaincre certains acteurs clés de la résurrection d'Aprilia, qui est passé de l'ombre à la lumière en seulement deux saisons.

En 2020, en effet, la marque avait terminé à la dernière place des championnats équipes et constructeurs. Deux ans plus tard, elle mène le championnat équipes, occupe la troisième place des constructeurs et voit Aleix Espargaró se battre pour le titre pilotes en étant à seulement 21 points du leader Fabio Quartararo. Un changement radical.

"Massimo a apporté beaucoup de choses positives", a expliqué Antonio Jiménez, chef mécanicien d'Espargaró, à Motorsport.com lors d'un entretien téléphonique. "C'est quelqu'un de médiateur, qui essaye de motiver et de convaincre par le dialogue plus que par l'obligation. Il se donne beaucoup pour créer une bonne ambiance au sein de l'équipe, et c'est très important. Son arrivée a en plus permis à Romano [Albesiano] de pouvoir se concentrer sur ce qu'il aime, et à d'autres acteurs clés, qui étaient avec lui en F1, d'arriver, ce qui a été vital."

Jimenez fait essentiellement référence à Marco de Luca et Stefano Romeo, qui ont évolué chez Ferrari à l'époque dorée de la Scuderia avec Michael Schumacher. "Aprilia travaille désormais avec un système qui vient de la F1. Ceux qui en viennent ont dû adapter leur mentalité des quatre roues à celle des deux roues", a-t-il ajouté. De Luca s'occupe désormais de l'aérodynamique et Romeo de l'électronique.

L'introduction de systèmes de simulation et l'utilisation d'outils de mécanique des fluides dynamique (CFD) ont été déterminants dans la revitalisation d'un prototype qui est actuellement considéré comme étant le plus équilibré de la grille. "Tout ce processus de changement a aussi été possible grâce à Aleix, qui est d'une minutie totale quand il s'agit d'évaluer les nouveautés, de les valider ou de les écarter", a précisé Jimenez.

Aleix Espargaró avec Romano Albesiano et Massimo Rivola

Aleix Espargaró avec Romano Albesiano et Massimo Rivola

Les derniers résultats en date permettent de montrer qu'Aprilia ainsi que Ducati ont une longueur d'avance sur les constructeurs japonais, qui continuent d'appliquer leurs méthodes traditionnelles, aujourd'hui remises en doute jusqu'à être considérées comme obsolètes par certains.

"La façon de travailler d'Aprilia est différente de celle de Honda, par exemple", a commenté un membre de la marque de Noale qui a travaillé plusieurs années chez Honda et Suzuki. "[Chez Aprilia], il y a logiquement des départements et des groupes de travail, mais on sait tous ce que font les autres. C'est la méthode pour qu'on s’implique et qu'on s'aide tous. Forcément, ce que font certains influence ou peut influencer ce que font les autres. Chez Honda, à l'inverse, les membres d'une division n'ont aucune idée de ce que font ceux qui travaillent dans une autre."

Pour cet ancien habitué des marques japonaises, cette structuration et cette ouverture d'esprit est liée à Albesiano. "À l'inverse d’autres responsables, Romano peut ne pas être convaincu par une idée qu'on propose mais il nous laisse aller au bout si on pense que ça peut fonctionner. Ça montre que ce qui l'intéresse, c'est gagner, et qu'il est capable de mettre son ego de côté", a-t-il ajouté.

Le MotoGP reprendra dans deux semaines avec le Grand Prix de Grande-Bretagne, là où précisément l'an dernier Aprilia a décroché son premier podium depuis son retour grâce à Aleix Espargaró. Le point de départ d'une progression fulgurante et qui n'est probablement pas encore terminée.

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