Une course trop agressive ? Non, normale, répondent les pilotes

Malgré des contacts parfois virils, la limite n'a pas été dépassée en Australie, estiment les pilotes qui ont livré dimanche l'une des plus belles courses de la saison MotoGP.

Marc Marquez, Repsol Honda Team, Andrea Iannone, Team Suzuki MotoGP

Marc Marquez, Repsol Honda Team, Andrea Iannone, Team Suzuki MotoGP

Gold and Goose / Motorsport Images

Phillip Island est toujours un rendez-vous unique en son genre, une course capable d'offrir ce que le MotoGP recèle de plus beau, de plus intense, de plus excitant, et cette édition 2017 n'a pas fait mentir la réputation du circuit australien. Le soleil étant de retour, c'est dans un décor à couper le souffle que les 23 pilotes se sont affrontés et avec un groupe de tête ayant compté jusqu'à neuf prétendants, et longuement huit, on se serait presque cru sur une course Moto3.

Une course incertaine, excessivement disputée, rythmée par un nombre incalculable de dépassements jusque pour les toutes premières places. Le revers de la médaille ? Des frôlements en pagaille et quelques touchettes, dont témoignaient les stigmates qu'affichaient les pilotes à leur retour au stand ou dans le parc fermé.

Des traces de pneu sur le cuir de Valentino Rossi, Yamaha Factory Racing

C'était le cas entre autres de Márquez, qui portait des traces de pneus sur les cuirs, et même un carénage fissuré à l'arrière. "Quand on voit sa combi, à droite et à gauche, on dirait qu'il a chuté, alors qu'il a gagné la course. C'est signe que c'était incroyable", observait Zarco à l'arrivée. "Oui, j'en ai sur mes cuirs et sur ma moto, mais moi aussi j'ai été agressif", faisait quant à lui remarquer le vainqueur, interrogé sur la pugnacité de ses adversaires. "Ils ont été agressifs avec moi, mais j'ai joué la même carte", assumait-il.

Ils étaient nombreux à pouvoir témoigner de situations très chaudes pendant cette course, entre les attaques subies et celles que chacun a menées à son tour. C'est le cas notamment du leader du championnat, qui s'est frotté à Rossi à huit tours de l'arrivée dans la Southern Loop. "Je passais beaucoup de monde au virage 2, parce que j'en préparais très bien l'entrée. Je m'attendais à être déjà devant Vale, mais j'ai soudain senti que ma moto se relevait toute seule. À un moment, je me suis dit que j'allais tomber de l'autre côté, mais j'ai fermé les gaz et heureusement on est resté debout", racontait-il.

"J'ai vu un pneu à un endroit où il ne devrait pas y en avoir ! Mais tu ne sais pas qui c'est, tu ne sais pas qui est le plus agressif – tu te dis que c'est peut-être Márquez, Iannone, Zarco…" souriait Rossi, interrogé par le site officiel avant le podium.

Plus tôt, l'Espagnol avait eu maille à partir avec Johann Zarco dans le virage 4. "Maverick l'a passé et j'étais pratiquement sur la même vitesse, je suis donc entré dans le virage mais Márquez est aussi entré avec une bonne vitesse et il n'était pas possible de ralentir plus. J'ai dû le toucher mais il a été intelligent parce que, quand il a senti que quelque chose n'allait pas, il a relevé la moto", expliquait le Français quant à cette confrontation du début de course.

"C'était chaud mais ensuite il a fait la même chose à Valentino, Iannone m'a fait la même chose dans Siberia, et même Crutchlow m'a touché le genou. On est des battants et on doit continuer à se battre", martelait le pilote Tech3, sur la même longueur d'ondes que les hommes du podium. "Bien sûr, c'était dangereux et j'essayais de faire attention, parce qu'une chute ou un score vierge aurait été un désastre pour le championnat. Mais c'était le moment d'attaquer", résumait Márquez.

Marc Marquez, Repsol Honda Team, vainqueur de la course, et Johann Zarco, Monster Yamaha Tech 3

Interrogés après la course sur un éventuel dépassement de la limite, les protagonistes ont répondu en chœur qu'il n'y avait pas à s'émouvoir du niveau d'agressivité déployé en piste dimanche et tous semblaient avoir particulièrement apprécié de faire grimper à ce point leur niveau d'adrénaline. "Bien sûr, c'est plus dangereux, mais c'est plus plaisant – depuis le canapé mais aussi depuis la moto", assurait Rossi.

"C'est la course, on essaye toujours de donner le meilleur de nous-mêmes. Je pense que c'était plutôt sympa de voir cette bagarre pendant toute la course", renchérissait Viñales, jugeant pourtant qu'il a perdu la course dans une passe d'armes avec Iannone. "Bien sûr, il y a une limite, mais aujourd'hui c'était normal. C'était agressif, il y a eu des contacts mais au final c'est la course. Si on abaisse la limite ça devient comme de la F1", suggérait même Márquez.

Tu joues le jeu ou tu restes chez toi

Cette course combattive et incertaine, une classique du genre à Phillip Island, n'a au final conduit qu'à une seule chute, celle d'Aleix Espargaró, parti seul à la faute alors qu'il tenait de passer Jack Miller. Et c'est justement cette absence de conséquences fâcheuses qui conforte Rossi dans l'idée que la limite n'a pas été dépassée. "À mon avis, la limite c'est que personne ne tombe et que personne ne se fasse mal. Il peut y avoir beaucoup de discours, mais au final ce qui fait la différence c'est ça. Je pense qu'on est tous très bons pour être agressifs jusqu'à un certain point", expliquait-il dimanche.

Andrea Iannone, Team Suzuki MotoGP, Valentino Rossi, Yamaha Factory Racing

Le vétéran du plateau accepte au final que cette approche très combattive soit la donne à l'époque actuelle. "C'est comme ça, surtout récemment. Le niveau d'agressivité et les contacts en course ont beaucoup augmenté, particulièrement avec les jeunes pilotes qui arrivent du Moto2. Et puis Zarco est aussi toujours très agressif. Alors soit vous vous mettez en colère, mais de toute façon ça ne change rien… C'est le jeu. Si vous voulez jouez, c'est comme ça. C'est un peu plus dangereux mais c'est comme ça qu'il faut faire, sinon vous restez à la maison", pointait-il.

"Il faut une autre approche. On doit probablement oublier la manière dont on courait il y a quelques années. Je pense qu'il y a des règles – la première pourrait être de ne pas rentrer dans les autres –, mais peut-être que je suis old style. En tout cas il faut rester calme et faire comme eux", soulignait le Docteur. Et d'observer : "Disons qu'avant ça pouvait arriver dans les deux derniers tours, maintenant c'est sur 25."

Indiquant comme ses comparses qu'il lui avait fallu laisser ses craintes au placard pour mener cette confrontation, Rossi expliquait à chaud, dans un éclat de rire, que face à tant d'agressivité il avait choisi d'être "plus stupide" que ses rivaux. Et en écho aux commentaires de ses rivaux, l'Italien rappelait : "Je ne peux rien dire parce que moi aussi j'ai été très agressif, alors je ne suis pas celui qui doit parler."

 

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