Pour Crutchlow, la Yamaha a perdu son agilité au fil des ans

Habitué à une Yamaha qu'il pouvait "piloter à une main" il y a dix ans, Cal Crutchlow estime que la moto japonaise a perdu la douceur qui fait pourtant encore sa réputation et qu'elle est devenue trop physique.

Cal Crutchlow, RNF MotoGP Racing

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Beaucoup de choses ont été dites sur le manque de puissance de la Yamaha, régulièrement évoqué par Fabio Quartararo, mais d'autres faiblesses ont été pointées par les autres pilotes. Avant de prendre sa retraite plus tôt que prévu en raison de ses difficultés avec la machine japonaise, Andrea Dovizioso a longtemps déploré un manque d'adhérence, un point sur lequel il a récemment été rejoint par Quartararo.

Cal Crutchlow a de son côté demandé une moto plus stable, pour qu'un plus grand nombre de pilotes puissent à nouveau l'exploiter, mais aussi plus douce. Bien placé pour mesurer l'évolution de la Yamaha puisqu'il a piloté des M1 pendant ses trois premières saisons en MotoGP, de 2011 à 2013, avant de la redécouvrir l'an passé quand les tests de la marque lui ont été confiés, Crutchlow estime qu'en huit ans, elle a perdu son agilité, une qualité qui lui est pourtant souvent attribuée.

"Les motos sont de plus en plus dures à piloter physiquement, surtout la nôtre si on compare à ce que c'était avant", explique celui qui devrait prendre son dernier départ en MotoGP ce week-end avec RNF. "Je pense que beaucoup d'autres motos sont plus douces. On voit que d'autres [pilotes], qui ne sont pas très musclés ou fit, arrivent à finir les courses assez bien. Ce sont mes idées pour la prochaine moto, il faut qu'elle soit plus facile à piloter."

"Tout le monde pense que Yamaha a une moto douce. Ce n'est plus le cas, pas comme celle que j'avais pilotée avant, elle se pilotait à une main. Ça a beaucoup changé et je sais pourquoi mais ce n'est pas facile de revenir à ce que nous avions avant."

Les débuts fracassants de Johann Zarco et Fabio Quartararo avec la Yamaha ont en partie été rendus possibles par une moto relativement facile à appréhender mais cette ère semble révolue. À l'opposée, deux pilotes ayant fait leurs preuves en étant vice-Champions du monde en MotoGP, Andrea Dovizioso et Franco Morbidelli, ont éprouvé d'immenses difficultés à s'adapter à des versions plus récentes de la M1 depuis l'été 2021.

"On avait l'habitude que la Yamaha soit la moto pour débuter", rappelle Crutchlow. "Combien de rookies ou de pilotes d'équipes satellites ont fait des podiums avec ? Normalement, c'était la seule. Pendant des années, il y avait peut-être un [podium] pour Honda mais on en avait probablement dix entre nous [chez Yamaha]. Maintenant, c'est complètement l'inverse. Chez Ducati, tout le monde peut faire un podium au cours de sa première saison."

Des causes multiples

Franco Morbidelli, Yamaha Factory Racing, et Cal Crutchlow, RNF MotoGP Racing

Franco Morbidelli et Cal Crutchlow

Même s'il ne veut pas "trop en dire" sur les secrets de sa machine, Cal Crutchlow estime que le besoin de compenser le manque de vitesse de pointe et les récentes évolutions de la catégorie ont fini par en transformer le comportement : "Je pense que c'est lié à la différence de puissance. Disons que c'est plus agressif, la Yamaha est plus agressive."

"Je pense que c'est une combinaison", précise le Britannique, jugeant les motos "plus sûres" grâce à l'appui aérodynamique gagné sur l'avant, mais parfois perturbantes à cause de certaines nouveautés selon lui superflues : "Avons-nous besoin des devices à l'arrière ? Non, je ne pense pas qu'ils rendent les motos meilleures, ça n'améliore pas le spectacle."

"Pour l'aérodynamique, je suis content d'avoir les ailerons avant parce qu'on ne veut pas tomber en ligne droite si on ne l'a pas. Mais les holeshot devices compliquent forcément le pilotage, et avec les pneus et la force qu'il faut mettre sur l'arrière, le pilotage est plus physique. Et on a toujours plus de puissance."

Crutchlow pense que ces changements ont peut-être été moins bien appréhendés par Yamaha que par la concurrence : "[Les ailerons] rendent [le comportement] plus lourd – c'est le cas pour tout le monde – mais peut-être que chez un constructeur, ça donne l'impression d'avoir 20 kg de moins que chez un autre, pour une raison ou une autre."

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