De Puniet : "Marc Márquez est plus fort que quiconque"

Malgré son retrait du MotoGP en 2013, Randy de Puniet reste un observateur attentif des Grands Prix mondiaux, notamment grâce à sa position de commentateur pour la télévision. Rendez-vous forcément spécial à ses yeux, le Grand Prix de France a apporté la confirmation du niveau de forme de Marc Márquez, qu'il voit particulièrement bien lancé dans la conquête d'un nouveau titre.

"Mon impression est que, aujourd'hui, Marc Márquez est plus fort que quiconque. Encore une fois, il a joué un peu avec ses adversaires", estime l'ancien prétendant à la couronne 250cc au sujet de la course du Mans, que le leader du championnat a remportée après s'être emparé des commandes dans le dixième tour.

Pour De Puniet, cela ne fait pas de doute : la RC213V a gommé les faiblesses qu'elle connaissait en début d'année dernière et ses progrès permettent à l'Espagnol de réussir son début de saison, avec une performance plus stable et donc moins de perte au championnat.

"Il semble que la Honda soit la meilleure moto sur la grille cette année", constate-t-il. "Au début de la saison dernière, nous avons vu qu'elle ne fonctionnait pas bien et que Márquez a fait des erreurs, mais elle a beaucoup progressé à la fin de l'année. Vous pouvez maintenant voir qu'elle est beaucoup plus stable au freinage et en entrée de virage, et l'accélération et la vitesse de pointe se sont aussi améliorées. Cela montre qu'ils ont beaucoup travaillé sur la moto, parce que Marc a beaucoup plus d'avantage en comparaison de l'année dernière. Et [c'est aussi le cas] avec Crutchlow et Pedrosa, qui ont été très rapides."

Ces progrès de la Honda vont, selon Randy de Puniet, peser dans le déroulé de la saison. Car, si l'année dernière, Márquez a réussi à inverser la tendance et à remporter le titre alors qu'il comptait un désavantage de 37 points après le Grand Prix d'Italie, on ne devrait pas assister, selon le Français, à un nouveau retournement de situation cette année. "Non, je ne pense pas. À moins qu'il se blesse ou que quelque chose le pénalise, il a un gros avantage", souligne-t-il. "Nous l'avons vu en Argentine, où il arrivait à rouler une seconde plus vite que ses adversaires. Et cela prend en compte le fait que cette année le niveau de compétitivité est très élevé, avec de nombreux pilotes en mesure de rouler à un rythme très similaire."

De 12 ans son cadet, Márquez est arrivé en MotoGP l'année même où De Puniet y réalisait sa dernière saison de titulaire, au guidon d'une machine répondant au règlement CRT de l'époque. Depuis, il a eu bien des occasions d'observer le pilote espagnol en piste et il ne cache pas son admiration pour son style de funambule, qui n'appartient qu'à lui.

"Márquez est un pilote incroyable et il a un style bien à lui qui lui permet de piloter en touchant le sol avec pratiquement tout son corps. On dirait qu'il est toujours en train de forcer une perte d'adhérence avec la roue avant afin de comprendre où se trouve la limite. C'est impressionnant. J'adore ça, parce qu'on voit à quel point il s'amuse et c'est un plaisir de le voir en piste", salue De Puniet.

Dans les camps adverses, Randy de Puniet admet aussi avoir été étonné par l'explosion d'Andrea Dovizioso sur le devant de la scène l'an dernier, lorsque l'Italien a été le plus à même de donner du fil à retordre à Marc Márquez, en faisant durer la course au titre jusqu'à la dernière manche.

"Dovizioso est un pilote très complet, qui ne fait pas de fautes, et l'année dernière il m'a surpris parce qu'il s'est battu pour la victoire avec Marc. Il s'est montré sous un nouveau jour et je pense que cette année il sera encore plus fort, mais il a manqué de chance et il s'est fait un peu détacher dans la course au titre."

"Viñales est aussi un très bon pilote. Je l'aime beaucoup et l'année dernière je pensais qu'il deviendrait Champion du monde, mais peut-être que psychologiquement il a un peu plus de mal", poursuit le Français. "Quand tout fonctionne bien, il peut aussi rivaliser avec Marc, mais quand les problèmes surgissent, il a plus de mal à se calmer et à trouver sa voie. Il est un peu comme Jorge Lorenzo, qui a connu les mêmes choses."

L'empressement de Zarco, la surprise de Petrucci et Rossi

Quid de Johann Zarco, qui a tant fait vibrer les spectateurs du Grand Prix de France ? Il a probablement voulu trop en faire sur cette course chère à son cœur, d'après son aîné, tandis que d'autres ont réussi à créer la surprise.

"En course, on a vu que Johann était très motivé à l'idée de gagner et qu'il a fait une erreur en se précipitant trop. Il est facile de dire maintenant, en tant qu'observateur extérieur : 'Peut-être que j'aurais dû attendre quelques tours de plus, parce que si je l'avais dépassé j'aurais peut-être eu la possibilité d'essayer de me creuser une avance sur Marc'."

"On a aussi eu une belle surprise avec Petrucci, qui a disputé une très bonne course, et avec le podium de Valentino. En partant de la troisième ligne, il a démontré que lorsqu'il veut que les choses fonctionnent, il arrive à se sortir de situations difficiles", ajoute Randy de Puniet.