Passer du WSBK au MotoGP, l'exception et non la règle selon Ducati
La détection de talent rendue possible par les séries qui gravitent autour du MotoGP met en place des passerelles naturelles pour les constructeurs. Pourquoi aller chercher de jeunes pilotes en Superbike quand le Moto3 en fournit tant ?
Jack Miller, Estrella Galicia 0,0 Marc VDS
Gold and Goose / Motorsport Images
En accentuant l'aspect professionnel des petites catégories du championnat du monde et en développant dans ses sphères périphériques des classes préparatoires de qualité, le MotoGP s'est constitué au fil des années un bassin d'incubation riche dans lequel les constructeurs engagés en catégorie reine n'ont plus qu'à faire leur choix.
Outre les deux catégories annexes que sont le Moto2 et le Moto3, la marque de la Dorna s'étend jusqu'à la Red Bull Rookies Cup ou encore les séries axées sur une région plus spécifique du monde, qu'il s'agisse du CEV en Espagne, de la British Talent Cup ou de l'Asia Talent Cup. Autant de plateaux permettant de former de très jeunes pilotes et de leur offrir un tremplin d'exception, le tout avec une gestion que connaissent les constructeurs MotoGP et qui se veut garante de sérieux.
Le World Superbike est lui aussi entré dans le giron de la Dorna, néanmoins le pont à franchir entre l'élite des dérivées de la série et celle des prototypes semble toujours freiner les responsables des grandes marques. Ne manquant pas de jeunes talents, le besoin de partir en quête de pilotes déjà formés à d'autres pratiques ne se fait pas sentir, au point que seules de rares portes s'ouvrent.
Pour Paolo Ciabatti, si un passage entre le WSBK et le MotoGP est assurément possible, il est bel et bien l'exception qui confirme que la voie classique est d'en passer par les séries "maison". "Il y a des pilotes qui sont venus du Superbike et qui connaissent du succès en MotoGP – Cal Crutchlow, ou encore Danilo Petrucci –, mais je crois qu'il s'agit plus d'exceptions que de la règle", souligne-t-il.
"Avec tous les programmes organisés autour de ce championnat, il est plus facile de chercher un jeune talent qui court dans une catégorie faisant déjà partie de ces séries et il est aussi plus facile de suivre de près son développement. Au final, [les rookies viennent] donc plus du Moto3 et du Moto2 que du Superbike", ajoute le directeur sportif de Ducati Corse.
Connaître un pilote dès son plus jeune âge
L'évidence de la passerelle entre les catégories inférieures et celle du MotoGP ne fait que décupler l'intérêt pour les marques d'être présentes dans ces classes, si formatrices. Ducati ne fait pas exception et Gigi Dall'Igna, directeur général de Ducati Corse, ne cache pas que le Moto3 est à ses yeux la catégorie dans laquelle il faudra tôt ou tard que le constructeur italien figure.
"Je reste convaincu que, pour un constructeur qui court en MotoGP, le Moto3 est important car il permet de connaître les pilotes dès le début. Il permet, si vous travaillez ensemble, d'acquérir leur confiance", explique l'ingénieur, lui-même protagoniste des 125cc et des 250cc dans les premières années de sa carrière mondiale.
"Dans ma vie, cela a été déterminant pour obtenir des résultats en MotoGP, c'est certain. Je n'ai jamais travaillé avec Dovizioso dans les petites catégories, mais j'ai travaillé avec Lorenzo, j'ai travaillé avec Iannone, et je sais à quel point il est important de connaître un pilote jeune pour ensuite bien 'l'exploiter' en MotoGP – passez-moi le terme, en réalité c'est une notion positive. Je reste donc convaincu que pour Ducati il serait vraiment important de pouvoir intégrer la plus petite catégorie."
Le sujet n'est pas nouveau concernant Borgo Panigale, il est même récurrent et génère de façon cyclique les rumeurs les plus opposées entre un supposé programme secret et l'hypothèse de son abandon. Mais Dall'Igna est clair : l'intérêt existe bel et bien, néanmoins il faut attendre le bon moment pour envisager de mettre un programme sur pied.
"Ma volonté est de le faire, de là à dire que nous le ferons, c'est très différent", précise-t-il. "Il est clair que Ducati doit bien faire les choses et je crois qu'il manque encore des pièces du puzzle pour bien faire le Moto3. Durant cette phase, je préfère encore attendre."
KTM peut maintenant boucler la boucle
KTM a suivi le chemin inverse, en ayant longtemps le sentiment d'œuvrer pour la concurrence en mettant le pied à l'étrier à de jeunes talents en devenir sans pouvoir leur offrir de grosse cylindrée par la suite. "Nous soutenons la Rookies Cup depuis maintenant plus de dix ans, elle développe des pilotes pour l'ensemble du paddock et nous sommes parfois jaloux de faire grandir tant de beaux talents sans avoir la possibilité de les utiliser", constate Pit Beirer.
"Étant donné que nous sommes désormais impliqués en Moto2 et en MotoGP, tout ceci fait sens pour nous", souligne le responsable des sports chez KTM. "Nous avons à présent un gros projet en Moto3, avec 15 motos la saison prochaine, puis un projet Moto2 qui nous permet de garder le contact avec nos pilotes, et j'espère qu'un jour nous aurons l'un de nos rookies sur une MotoGP. C'est le but de notre programme de développement de pilotes. Nous ne cherchons donc pas de pilotes dans d'autres disciplines."
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