Doohan - "Je n'avais jamais vu Rossi réagir de cette manière"

Avec un peu plus de deux semaines de recul, le quintuple Champion du Monde n'est pas tendre à l'encontre de Valentino Rossi et juge Jorge Lorenzo digne de la couronne mondiale. "De mon point de vue, c'est le meilleur pilote qui a gagné," juge-t-il sur Superbike.co.uk.

Pourquoi attendre de Márquez qu'il s'écarte?

L'Australien a beau être circonspect sur les événements, il estime que Rossi n'aurait pas dû attendre de Marc Márquez qu'il s'écarte de la bagarre opposant les prétendants au titre.

"Je ne sais pas si Valentino a subi la pression. C'était peut-être sa dernière chance de remporter le titre. Il pourrait peut-être dominer la saison prochaine, mais je ne l'avais jamais vu réagir de cette manière," s'étonne Mick Doohan.

"Est-ce qu'il en a fait des tonnes pour ajouter au spectacle? Je ne sais pas, mais pourquoi s'est-il soudain inquiété de trouver sur sa route des pilotes qui ne se battaient pas pour le titre? Merde, c'est la course, ça n'est pas comme ça que ça se passe. Chaque pilote est là pour lui-même. On ne veut pas faire sortir un gars qui se bat pour le titre, mais on ne va pas non plus lui donner des points."

"Que quelqu'un qui joue le titre attende des autres qu'ils ne s'en mêlent pas, c'est une erreur. C'est partir avec la mauvaise perception des choses. Les gars sont là pour remporter les courses pour eux-mêmes, qu'ils soient en lice pour le titre ou pas. Personne ne veut être le facteur décisif dans la victoire ou la défaite de quelqu'un, mais c'est la course."

Márquez victime ou fautif?

S'il reconnaît une part de responsabilité à Marc Márquez dans l'accrochage qu'il a eu avec Valentino Rossi à Sepang, Mick Doohan peine à juger les événements suivants, ceux du Grand Prix de Valence.

"Que s'est-il passé en Malaisie? Je ne sais pas vraiment. Je crois qu'ils étaient probablement à blâmer tous les deux," estime l'Australien. "Si j'avais été à la place de Márquez, je crois qu'il y avait plusieurs options : sortir de la piste ou bien couper les gaz. Essayer de tourner alors qu'il y avait une moto à cet endroit, c'était un peu curieux."

"Je ne sais pas si Rossi lui a donné un coup de pied ou pas. Qui sait? Je n'ai pas eu l'impression qu'il l'ait fait," juge Doohan. "Peu importe ce que je pense, si Rossi a donné un coup de pied à Márquez, c'était peut-être toute la motivation dont il avait besoin pour ne pas passer Lorenzo [à Valence]."

"En même temps, il a eu l'air de se rapprocher dans les derniers instants et de se préparer à passer, lorsque Pedrosa est revenu en force et a tout fichu en l'air en vue du dernier tour. Seuls les pilotes savent ce qu'il s'est passé là-bas."

"Voici comment je vois les choses : dans un an ou deux, voire même quand il aura raccroché, est-ce que Márquez se dira pour lui-même : "Merde, j'aurais pu gagner cette course et l'ajouter à mon palmarès"? Au-delà de la prime pour la victoire, c'était une course espagnole pour un [pilote] espagnol, un Grand Prix à domicile."

Au-delà des responsabilités personnelles, au fond Mick Doohan estime que le championnat sort vainqueur de cette situation conflictuelle et hautement médiatique. "Au final, ce ne sont que des conneries. Le véritable vainqueur de tout ceci, c'est le MotoGP," tranche-t-il. "Les courses ont été fantastiques, tandis que la Formule 1 a été d'un ennui absolu. (…) Au moins, ça a amené plus de gens à s'intéresser à la discipline vu l'exposition qu'elle a eue ces six dernières semaines."