Pour Dovizioso, le bitume après les vibreurs incite à la prise de risques

Coureurs les plus expérimentés du MotoGP avec 219 et 346 Grands Prix dans la catégorie reine à leur actif, Andrea Dovizioso et Valentino Rossi jugent que les jeunes pilotes repoussent de plus en plus les limites de l'agressivité et la prise de risques.

Valentino Rossi, Yamaha Factory Racing,  Andrea Dovizioso, Ducati Team

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

La tension n'est pas vraiment retombée entre les deux Grands Prix organisés au Red Bull Ring, le premier s'étant conclu avec les images choquantes d'un carambolage qui aurait pu connaître une issue dramatique. À l'heure de réinvestir le circuit − pour ceux qui ont fait entre-temps une escapade à la maison − les pilotes n'avaient toujours qu'un sujet sur les lèvres : la sécurité.

Qu'il s'agisse de donner leur avis sur le crash de dimanche, d'évoquer la dangerosité de la portion dans laquelle l'accrochage a eu lieu, ou de juger la gestion des incidents par la direction de course, les pilotes ont longuement livré leur opinion devant la presse ce jeudi, en préambule d'une Commission de sécurité qui, vendredi soir, s'annonce longue et houleuse.

Portant comme souvent un regard de sage sur les événements, Andrea Dovizioso a fait écho aux propos tenus par Valentino Rossi dimanche, en élargissant le débat général à l'agressivité et à la prise de risques, parfois trop extrême, de certains pilotes et notamment les plus jeunes.

"Je pense qu'il y a un point sur lequel on pourrait faire mieux, c'est sur la manière de pénaliser les pilotes qui sortent de la piste", souligne l'Italien, évoquant les nombreuses sanctions infligées aux pilotes qui dépassent les limites des vibreurs, qu'il s'agisse de tours annulés en essais ou de places de pénalité en course. Une situation observée à de très nombreuses reprises le week-end dernier, dans les trois catégories.

"C'est une situation très difficile à gérer", concède Dovizioso, tout en saluant l'effort que cela impose aux commissaires. "Ils font du super boulot, car ils vérifient à chaque sortie si le pilote est dedans ou dehors. Je pense que la sécurité des pistes s'est beaucoup améliorée. Il y a désormais beaucoup d'asphalte et c'est mieux, mais tout le monde pousse plus fort car on peut sortir de la piste et je pense que la pénalité est trop légère. Je crois que tout le monde freine très fort et dépasse un peu la limite parce qu'on sait que, si on fait une erreur, il y a du bitume. Je pense donc que ce serait mieux à l'avenir d'infliger une pénalité plus élevée et de ne pas permettre de sortir de la piste. Sortir de la piste, cela devrait se faire juste pour la sécurité, pas pour prendre plus de risques."

Tout le monde dépasse un peu la limite parce qu'on sait que, si on fait une erreur, il y a du bitume. Sortir de la piste, cela devrait se faire juste pour la sécurité, pas pour prendre plus de risques.

Andrea Dovizioso

"Les motos ont progressé, tout s'améliore tout le temps, et tout le monde met plus d'intensité, il est donc normal que tous les pilotes soient plus agressifs", poursuit-il. "Mais je crois que tout le monde prend plus de risques car on peut faire des fautes, étant donné que quand on sort il n'y a pas de gravier, mais du bitume. S'il y avait du gravier, on freinerait tout le temps un peu plus tôt. Parfois, on peut vraiment prendre des risques, et je pense que ça a un impact sur tout, les essais comme la course, en Moto3, Moto2 et MotoGP."

Une situation très limite en Moto3 et en Moto2

Cette prise de risques se ressent aussi, du point de vue de Valentino Rossi, dans la confrontation directe avec les autres pilotes, ce qu'il observe notamment dans les deux catégories inférieures, où se forment les pilotes MotoGP de demain. "En Moto3, déjà, la situation est souvent très dangereuse, un peu hors de contrôle. En Moto2 aussi, dimanche on a vu beaucoup de contacts en ligne droite, on a vu des pilotes aller tout droit dans les autres, y compris en ligne droite, et c'est très dangereux", observe le #46.

"Ces dernières années les jeunes pilotes qui sont arrivés des petites catégories ont été plus agressifs, je ne sais pas pourquoi. Et puis il est clair que les pistes sont plus sûres, parce qu'il y a de l'asphalte après les vibreurs et ça aussi, ça fait une différence", reprend-il, admettant que la mission de la direction de course n'en est que plus complexe.

"C'est un travail très dur d'être commissaire, c'est toujours délicat. […] Il faut qu'ils prennent leur décision sans subir aucune pression de l’extérieur, et il faut qu'ils parlent principalement de sécurité, de la sécurité de tous les pilotes, car c'est ce qu'il y a de plus important, et qu'ils soient stricts", souligne-t-il. "Mais il faut avant toute chose qu'ils parlent aux pilotes après la course. Il est difficile de comprendre pourquoi ils ont attendu une semaine. Pour moi, c'est la première chose : parler avec les pilotes juste après la course", ajoute Rossi, évoquant le fait que les accrochages Zarco-Morbidelli et Pol Espargaró-Oliveira n'ont été jugés que ce jeudi.

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"Je pense que c'est un métier très difficile. Chaque fois que deux équipes parlent de quelque chose qui s'est passé, elles vont exprimer une opinion opposée. Je pense donc qu'il est très difficile de gérer toutes les situations avec les pilotes, mais il faut clairement essayer de faire mieux. Normalement on essaye de donner notre feedback à la Commission de sécurité pour essayer de faire mieux", ajoute Dovizioso, évoquant la réunion traditionnelle du vendredi soir entre les pilotes et les représentants des instances.

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