Des pilotes Ducati distancés, et pourtant à leur maximum

Une première Ducati classée septième à Silverstone et sixième à Misano : la marque italienne n'était pas descendue aussi bas depuis 2017. Victorieuse il y a un an à domicile, elle a cette fois connu toutes les peines du monde à endiguer son retard sur les leaders.

Andrea Dovizioso, Ducati Team

Andrea Dovizioso, Ducati Team

Gold and Goose / Motorsport Images

Bien que sa position aux championnats constructeurs et teams n'ait pas changé, Ducati vient d'enchaîner deux Grands Prix compliqués, lui valant une moisson de points bien maigre. Dans le classement constructeurs, prenant en compte le meilleur résultat de chaque marque, les Rouges ont perdu 17 points sur Yamaha entre Silverstone et Misano, et voient Iwata revenir à seulement six unités de leur deuxième place. Quant au championnat par équipes, il est toujours dominé par la structure de Borgo Panigale, mais son avance sur Repsol Honda est descendue à 25 points, réduite de moitié avec ces deux courses.

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Pour son épreuve à domicile, Ducati a dû se contenter de la sixième place pour sa première GP19, un résultat obtenu par Andrea Dovizioso avec un retard peu honorable de 13"7 par le vainqueur. Bien que déçu, alors qu'il s'était imposé à Misano l'an dernier, le pilote italien était parfaitement conscient qu'il ne pouvait pas obtenir beaucoup plus compte tenu des grandes difficultés rencontrées avec le grip offert par la piste. Tout juste aurait-il aimé pouvoir prendre l'ascendant sur Valentino Rossi et Franco Morbidelli, qu'il a longuement suivis sans finalement parvenir à les attaquer.

"C'était ce à quoi on s'attendait. On a eu du mal lors du test et pendant le week-end, et l'écart était trop grand dès le début. On a donc réalisé qu'il fallait garder notre calme et se concentrer sur nos caractéristiques pour améliorer notre situation au maximum. C'est ce que l'on a fait, et c'est pourquoi j'ai pu rester avec Morbidelli et Valentino jusqu'au bout", explique Dovizioso. "Je suis content de ma course car je n'avais pas le rythme au début, mais j'ai pu garder une intensité et le même chrono jusqu'à l'arrivée. Je pouvais freiner un peu plus fort en fin de course car j'avais moins d'essence. Avec la perte de grip des pneus, j'arrivais aussi à garder les mêmes temps, ce qui m'a donné la possibilité de rattraper Valentino et Morbidelli. Mais c'était vraiment limite à l'avant, personne ne pouvait vraiment freiner plus tard car tout le monde bloquait facilement l'avant. Il y a eu beaucoup de chutes car il n'y avait pas de grip, et à l'avant c'était même pire que pendant les essais pour tout le monde. Le mauvais point, c'est l'écart, mais on ne pouvait de toute façon pas imaginer faire une bonne course."

"On s'attendait à être autour de ces positions", assure le pilote italien, qui n'a pas cédé à l'agacement après la course, malgré les 35 points concédés à Marc Márquez lors de ces deux derniers Grands Prix. "Je suis détendu parce que je suis conscient de ce que je peux faire, et ce qu'on peut faire c'est ramener le maximum de ce qu'on a en ce moment. Je ne me dois pas m'inquiéter d'autre chose, on n'a pas la possibilité de faire quelque chose de différent de ce qu'on fait en ce moment. On travaille, on essaye, mais quand on arrive en piste et qu'il y a une situation donnée, on ne peut pas la révolutionner ou y changer quelque chose en s'énervant, alors il faut ramener le maximum. C'est le cas ici : on a ramené la sixième place, ça n'est pas un super résultat, mais on a 13 secondes de retard et on a fait le maximum qu'on pouvait, c'est tout. L'important, déjà, c'était de faire ça, après il y a un discours à avoir pour le championnat mais on le fera plus tard."

Petrucci : "Je ne peux pas perdre 15 kg"

De l'autre côté du stand, Danilo Petrucci a lui aussi atteint l'objectif qui semblait le plus réaliste pour lui, ce qui ne lui vaut toutefois qu'une maigre dixième place avec un retard colossal de 31 secondes sur le vainqueur. "L'objectif était le top 10. On l'a atteint, c'est sûr, mais je suis très triste de dire que j'ai fait de mon mieux, et que c'était une dixième position", regrette-t-il. Pour lui, aux difficultés globales rencontrées par les Ducati sur cette piste, s'est ajouté un problème de poids, littéralement.

"C'est clair que ça a été un dimanche très difficile. On veut et je veux faire beaucoup plus que la dixième place, mais pendant la course j'ai eu la confirmation de la sensation que j'avais : mon poids et mon style de pilotage me pénalisaient particulièrement ici", assure le #9. "Je souffre plus dans les virages, à l'inclinaison maximale je mets plus de poids sur le pneu arrière. Cette fois, les pneus, avant comme arrière, ne supportaient pas tout ce poids. Je l'ai clairement compris pendant la course car j'étais derrière Michele [Pirro], et à l'accélération, même si j'étais plus doux sur l'accélérateur, je n'arrêtais pas de glisser. Quand tu sens ça, tu ne peux rien faire du tout, car tu dois garder la vitesse dans le virage. Dans certains virages, j'arrivais en glisse, je relâchais les freins et j'étais encore en glisse, j'accélérais et j'étais toujours en glisse ! C'était comme du flat-track."

Danilo Petrucci, Ducati Team

Conscient qu'il peut se montrer très rapide lorsque la piste offre beaucoup de grip mais à l'inverse très en difficulté lorsque celui-ci baisse, Petrucci a sans doute plus que n'importe quel autre pilote du groupe Ducati souffert des conditions de piste particulières rencontrées durant ce Grand Prix, de récents travaux de nettoyage ayant en quelque sorte poli le bitume et en conséquence fait baisser l'adhérence sur le sec.

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Si, à titre personnel, Petrucci s'est maintenu à un niveau similaire à celui de 2018, puisqu'il s'était à l'époque classé 11e à 30 secondes, la course MotoGP a été plus lente de 20 secondes par rapport à celle de 2018, et Dovizioso a bouclé les 27 tours 33 secondes et demie moins vite qu'il y a un an. Quant au meilleur tour en course, il était plus lent de six dixièmes dimanche, avec un déficit personnel d'une seconde et demie pour Dovizioso et d'une seconde pleine pour Petrucci.

"Je pense que c'était l'une des courses les plus lentes du calendrier. La situation de l'asphalte est très difficile, ils doivent travailler un peu car chaque année on améliore nos temps et ici on a été au moins une seconde moins rapides, et pas seulement moi, les pilotes devant aussi", pointe le #9. "Le problème c'est qu'ici il y avait très peu de grip, surtout dans la phase où la moto est au maximum de l'angle. On a essayé de tout faire, mais il n'y avait pas assez d'adhérence dans cette phase et quand la moto est inclinée ça a une forte incidence sur le pneu."

L'autre facteur face auquel le pilote italien se sent impuissant, c'est son poids, lui qui du haut de ses 1,81 m affiche 78 kg, soit 14 kg de plus que Jack Miller par exemple. "J'ai fait le maximum, j'ai analysé jusqu'à [samedi] soir tout ce que je pouvais faire sur la moto, l'équipe m'a énormément aidé, or j'ai vraiment essayé de piloter du mieux que j'ai pu et le résultat est celui-là. Quand on prend plus d'une seconde au tour, on est loin", peste-t-il. "Là où je suis vraiment désolé, c'est que pour mon style de pilotage j'ai une solution, mais pour mon poids, je n'en ai pas dans l'immédiat. […] Je vais m'efforcer de modifier un peu mon style de pilotage, même si je dois dire que ça n'est pas le principal. Perdre du poids m'aidera sûrement, mais je ne peux pas perdre 15 kg, or c'est la différence que j'ai avec Andrea ou Miller."

Avec Michaël Duforest

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