Dovizioso : la force de la régularité dans un championnat très serré

Ils ont déjà été quatre pilotes à s'imposer sur les sept premières manches de la saison, à raison de trois victoires pour Viñales, deux pour Dovizioso, une pour Márquez et une pour Pedrosa. Quatre pilotes qui se tiennent en 27 points et auxquels on pourrait ajouter Valentino Rossi, qui n'a pas visité la plus haute marche du podium mais ne compte qu'une unité de retard de plus.

En 2016, à cette même date, le futur Champion du monde Marc Márquez menait le classement avec 125 points, contre 111 pour Maverick Viñales aujourd'hui. Le pilote Honda comptait par ailleurs 53 points d'avance sur le cinquième pilote classé, contre 28 aujourd'hui.

En un an, la plus forte progression aura été celle d'Andrea Dovizioso qui, en 2016, payait le prix d'une série d'événements malchanceux et ne comptait que 43 points à pareille époque, alors qu'il en a cumulé 104 à l'heure actuelle. Pour autant, le pilote Ducati refuse de s'emballer face à la tournure que prennent les événements. S'il est convaincu que sa moto n'est pas encore au niveau pour jouer la gagne durant tout le championnat, il sait aussi que ses résultats découlent directement de son expérience et n'en est que plus serein.

"Je suis vraiment détendu quant au championnat et à ma situation, parce que j'ai le sentiment que je suis en mesure de bien comprendre la moto", explique-t-il. "Je connais très bien le positif et le négatif de la moto, et il m'est plutôt facile d'utiliser son potentiel et d'obtenir le maximum en course. Je veux donc essayer de continuer comme ça et d'améliorer ce dont on a vraiment besoin pour être compétitifs chaque week-end."

Si la pression ne l'atteint pas, c'est aussi qu'Andrea Dovizioso pense avoir signé deux victoires consécutives du fait des hasards du calendrier. Ce qui prime cette année c'est une grande versatilité et il sait qu'il devra en repasser par des moments plus compliqués.

"Penser au championnat chaque week-end, c'est impossible. Chaque week-end se passe différemment, personne ne peut comprendre l'avenir, et en particulier cette année", assure Dovi. "Je n'ai donc aucune pression concernant le championnat et je ne veux pas regarder le championnat. C'est d'autant plus vrai que je suis très concentré sur le développement de la moto, parce que nous n'avons rien changé avant le Mugello, si bien que nous avons encore aujourd'hui les mêmes limites que lorsque nous avons pris 13 secondes au Mans [11, ndlr]."

Le pilote Ducati refuse peut-être de regarder le championnat, mais ses adversaires, eux, l'ont bien à l'œil. Après le premier tiers de la saison, il occupe la deuxième place avec deux victoires et un autre podium, et un seul abandon à mettre sur le compte d'un incident de course.

"Il a beaucoup d'expérience, il pilote bien, il connait bien la moto, alors il est capable de la placer au bon endroit à toutes les courses. Sa régularité est toujours grande et maintenant il a gagné deux courses de suite", constate Dani Pedrosa, lui-même quatrième.

Alors, Dovizioso est-il en lice pour le titre ? "Pour moi, oui", répond Márquez sans hésitation. "Il est deuxième et il a été rapide au Mugello et ici [à Barcelone, ndlr]." Et le pilote Honda de résumer : "En tout cas, on a en ce moment deux pilotes devant nous au championnat et, s'ils sont devant, c'est parce qu'ils ont fait quelque chose de mieux que nous."

Écarts réduits pour les constructeurs et les équipes

Ce n'est en effet pas qu'une compétition d'hommes, c'est aussi l'opposition de trois machines qui donne le rythme de ce championnat, avec des performances pouvant osciller fortement pour chacune d'une piste à l'autre.

L'équipe officielle Ducati a décroché en Catalogne son meilleur résultat, avec le cumul de la victoire d'Andrea Dovizioso et de la quatrième place de Jorge Lorenzo. Tandis que Repsol Honda sauvait un double podium très précieux, Yamaha a sombré en ne marquant que 14 points au championnat teams (22 de moins que Repsol, 24 de moins que Ducati).

Au championnat constructeurs, l'ordre est le même que l'an dernier à pareille époque puisque Yamaha mène devant Honda et Ducati, mais les écarts sont beaucoup plus ténus : seuls 17 points séparent à présent les trois marques, contre 73 il y a un an. À l'époque, la marque d'Iwata avait remporté ce qui allait être sa dernière victoire avant l'ultime manche de la saison et s'apprêtait à entrer dans une phase bien moins prolifique que ne l'avait été ce premier tiers du championnat.

Dans ce contexte, Dani Pedrosa pressent que le maître-mot doit être la régularité, sans quoi il craint de voir Ducati capitaliser course après course sur sa capacité à engranger les points. "Le championnat est vraiment difficile, chaque semaine ça bouge beaucoup. On peut voir que Honda et Yamaha ont plus de mal à se maintenir, tandis que Ducati est un peu plus stable semaine après semaine", observe-t-il.

Attendons désormais la suite, pour découvrir si la stabilité s'installera ou non. Pour Márquez, c'est indéniable : il faut saisir les prochaines occasions qui se présenteront pour contrer Ducati avant la pause estivale : "Il sera intéressant de voir aussi comment ça se passera à Assen et au Sachsenring, qui sont deux circuits complètement différents. Ensuite, on sait qu'en Autriche ils [Ducati] seront vraiment rapides et à Brno ils peuvent être rapides aussi." Nouvel élément de réponse la semaine prochaine.