Ducati : "Zarco s'est mis trop de pression"

Une saison entamée tambour battant, puis un petit coup de mou pendant l'été : Johann Zarco a toutes les raisons de dresser un bilan positif après sa cinquième place au championnat, mais le patron de Ducati Corse observe qu'il s'est sans doute mis trop de pression, l'empêchant de faire encore mieux.

Johann Zarco, Pramac Racing

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Cinquième du championnat cette année, Johann Zarco peut estimer réussie sa première saison avec l'équipe Pramac, chez qui il disposait d'une Ducati de spec usine. Le Français nourrit néanmoins des regrets, sachant qu'il a occupé la tête du classement général en début de saison et figurait encore à la deuxième place après le Grand Prix de Styrie, celui qui marquait la reprise après la pause estivale, au mois d'août.

"À partir de là, j'ai eu l'impression de ne faire que perdre des places", souligne le pilote tricolore, qui sait pourtant voir le positif dans son classement final. "La cinquième du championnat, c'est bien. C'est ma meilleure saison en MotoGP, c'est pour ça que c'est positif. En début d'année, je disais qu'un top 10 ou le fait de pouvoir me battre pour le top 5 serait incroyable, et j'ai atteint cet objectif. Mais on sent que cette cinquième place n'est pas bonne parce que j'ai mené le championnat après le Qatar et que j'ai longtemps été deuxième, jusqu'à la pause estivale et après [la Styrie]."

Avec quatre podiums à son actif, Zarco a empoché 173 points, soit à peine un de moins qu'en 2017, lors de ses débuts tonitruants avec Yamaha. Il s'était classé sixième cette année-là, comme la suivante, et intègre donc pour la première fois cette année le top 5 du championnat. Comme lors de ses années avec Tech3, c'est à lui qu'est revenu le titre de meilleur pilote indépendant, une récompense certes honorifique mais qu'il souhaite apprécier pour les performances qu'elle traduit.

Et pourtant, il lui est difficile de ne pas dresser un bilan mitigé. "Le fait d'être parti si bien, d'avoir mené le championnat après le Qatar, d'avoir ensuite été second et d'avoir pensé encore au titre à la pause estivale, tout ça, ça donnait envie de viser très haut. Il y avait clairement un podium mondial à jouer. Ça a merdé après l'été", estime-t-il au micro de Canal+. "Même en ayant raté ce podium final, la consolante c'est la cinquième place, ce qui n'est pas mal. Si on regarde côté Français, [on a] un Champion du monde cette année et moi cinquième, ma meilleure saison en MotoGP, donc clairement c'est positif. Mais il y a le potentiel pour faire beaucoup mieux, c'est pour ça que tout le monde est frustré."

Je crois que Johann a fait une très belle saison jusqu'à la moitié, puis à la reprise après la pause estivale, il s'est mis trop de pression et cela l'a probablement un peu déstabilisé.

Gigi Dall'Igna

Johann Zarco n'a jamais caché ses ambitions élevées en rejoignant le clan Ducati, puis en y gagnant en galon cette année après une saison de découverte chez Avintia. Pour Gigi Dall'Igna, qui a pu observer de près le Français dans ses bons moments comme dans les instants plus compliqués qu'il a pu connaître au cours de cette année, cet état d'esprit est le bon quoi qu'il arrive.

"Franchement, je crois que c'est normal pour un pilote de penser pouvoir gagner le championnat du monde", souligne le directeur général de Ducati Corse. "Je ne voudrais pas travailler avec un pilote s'il n'avait pas cette idée en tête, car c'est pour cela que nous sommes ici. Moi-même, en 2014, je pensais pouvoir gagner le championnat du monde avec Ducati car c'est la mentalité qu'il faut avoir pour réussir à progresser et à obtenir les résultats. Nous en sommes donc tous là."

"Je crois que Johann a fait une très belle saison jusqu'à la moitié", poursuit Dall'Igna, "puis à la reprise après la pause estivale, il s'est mis trop de pression et cela l'a probablement un peu déstabilisé. Sur les dernières courses, j'ai vu qu'il y a eu un retour vers les performances du début d'année et ça me donne bon espoir pour l'année prochaine. Quoi qu'il en soit, Johann est à mon avis un pilote fort, qui nous a aidés à progresser, et je le considère comme un maillon important dans le système Ducati."

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Johann Zarco, Pramac Racing

Les sensations sont revenues, reste à travailler les départs

Johann Zarco a en effet terminé la saison avec un regain de forme, cinquième et sixième à l'arrivée des dernières courses. "J'ai perdu ma vitesse à Silverstone et je l'ai retrouvée à Portimão. Je suis assez content de ça. C'est la chose la plus positive sur cette fin de saison parce que finir sur une bonne sensation et savoir qu'il y a un gros potentiel à utiliser, c'est assez important", pointait-il dimanche à Valence, soulignant également des sensations "mieux cernées" et une meilleure compréhension du binôme qu'il forme avec la Ducati, autant de sources d'espoir pour la suite.

Toujours très analytique de ses performances comme de ses sensations, Johann Zarco s'est réjoui de terminer dans cet état d'esprit, désormais prêt à poursuivre sur cet élan alors que de premiers tests vont dès à présent ouvrir le chapitre 2022.

"Je suis content d’avoir terminé sur de bonnes sensations, après plusieurs courses où j’avais perdu du feeling. On a cherché à évoluer, j’ai fait des pas en arrière. Là, je suis revenu à quelque chose que j’aime, je gère bien la moto, il y a une belle vitesse tout au long de la course", décrivait-il dimanche, seulement agacé par de premiers tours qui restent pour lui difficiles et qui lui ont encore fait perdre le contact des leaders à Valence... et par les donneurs de leçons.

"Je termine un peu avec les boules sur l’aspect 'tout qui s’éclaire'... Tout le monde me le dit, même ceux qui n’y connaissent rien à la moto, et ça m’énerve encore plus. Comme si tout le monde me donnait pour dire 'ah ben, c’est simple, il faut faire ça' mais non, ce n’est pas simple car ils sont tous très fort. Je vais passer le cap à un moment donné, je sais que c’est une question de sensations. Une fois que je vais avoir cette sensation, ça risque de payer."

"On part à Jerez essayer de travailler les départs", ajoutait-il. "Si je peux au moins me faire un petit reset là-dessus avant l'hiver, ça sera bien. Mais, déjà, le reset au niveau des sensations a été fait sur les trois dernières courses, et la vitesse était là. Clairement, en partant mieux, j'avais le rythme parce que j'avais les bonnes sensations et c'était sous contrôle."

Avec Vincent Lalanne-Sicaud

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