Ducati rapide comme un chasseur, Rins régulier comme un avion de ligne

Les premiers essais collectifs de l'année se sont déroulés à Sepang, et ont livré de premières pistes sur la dynamique enclenchée par les différents acteurs en vue de l'ouverture du championnat au Qatar dans un mois.

Danilo Petrucci, Ducati Team

Danilo Petrucci, Ducati Team

Gold and Goose / Motorsport Images

Yamaha a retrouvé le nord

Si on s'en tient aux déclarations prononcées par Valentino Rossi, tout porte à croire que le processus de réorganisation réalisé cet hiver par Yamaha dans son entité MotoGP a été une décision avisée.

Dans les faits cependant, c'est bien Maverick Viñales qui s'est montré le plus rapide au cours de ces trois jours de tests en Malaisie. Si l'Espagnol n'a pas été en mesure de faire face au niveau des Ducati sur un tour – il a terminé à la cinquième place, à quatre dixièmes du meilleur temps et record du circuit par Danilo Petrucci, le numéro 12 a bien affiché le rythme le plus solide sur de plus longues distances, au même titre qu'Álex Rins.

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De plus, il faut garder en tête que les conditions de piste n'ont été qu'en s'améliorant étant donné qu'il n'a pas plu à un seul instant, ce qui a permis de rencontrer un niveau d'adhérence bien supérieur que d'habitude à Sepang. Si on prend en compte la moyenne de ses 20 tours effectués le dernier jour d'essais, Viñales figure en deuxième position, à seulement 72 millièmes de Rins, le plus régulier de tous à 1'59"616 de moyenne.

Avec le nouveau moteur qui est pratiquement sur le point d'être prêt pour l'homologation, la nouvelle M1 a gagné en stabilité en entrée de virages, grâce à l'électronique ainsi qu'au frein moteur, mais les techniciens doivent encore lui fournir cet allant que réclament les pilotes en sortie de virages. "Le chemin pour que nous puissions réellement être compétitifs est encore long, mais le groupe de travail et l'atmosphère sont bons. Le problème, c'est que l'écart que nous devons combler est grand", a prévenu Rossi, dixième des essais à une seconde du leader.

Maverick Vinales, Yamaha Factory Racing

Ducati, les avions de chasse

Le classement ne laisse place à aucun doute : sur un tour et sur un circuit aussi exigeant pour les moteurs que celui de Sepang, les Ducati sont pratiquement imbattables.

Le fait de voir quatre machines italiennes tout en haut du classement en dit beaucoup sur la polyvalence de la Desmosedici. Et plus encore quand on a conscience que l'une d'entre elles était pilotée par Francesco Bagnaia, qui malgré son statut de rookie est reparti de Sepang avec le deuxième chrono le plus rapide. Le fait que le constructeur de Borgo Panigale a appliqué une politique conservatrice en utilisant la moto de 2018 comme base réduit clairement les risques d'erreur dans le développement.

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Le point de départ était donc déjà éprouvé, et maintenant il reste à voir dans quelle mesure le modèle de cette année va être amélioré, surtout en virages, principal cheval de bataille de Ducati. "Un classement comme ça, avec quatre Ducati devant, c'est la preuve de la compétitivité de notre moto. À part cela il faut prendre tout cela avec des pincettes. Il est évident que Yamaha a fait un pas en avant important car ils étaient au pied du mur, et nous ne pouvons pas juger du véritable niveau de Honda étant donné [la forme physique] de Márquez et Crutchlow, sans parler de Lorenzo qui n'a pas fait le déplacement", a expliqué Andrea Dovizioso, quatrième au classement des temps combinés, qui n'a pas dérogé à sa volonté de toujours figurer dans la partie la plus haute du tableau, même quand aucun point n'est en jeu.

Danilo Petrucci, Ducati Team

Sourire forcé pour Márquez

À en juger par sa gestuelle, le tenant du titre est arrivé en Malaisie avec beaucoup de doutes sur son état physique après deux mois d'inactivité suite à l'opération de son épaule gauche, mais il a pu être soulagé.

Márquez arrive au bout du chemin qui devait l'amener à une récupération totale, mais il apparaît évident que le numéro 93 ne sera de nouveau en pleine possession de ses moyens qu'à l'extinction des feux au Qatar, le 10 mars prochain. Márquez n'a certes bouclé qu'un peu plus de 100 tours au total, mais il s'est montré régulier et tranchant lors de chacune de ses sorties – il a même signé le meilleur temps au terme de la première journée.

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Par ailleurs, l'Espagnol a pu donner son avis sur toutes les pièces majeures qu'avait amenées Honda en Malaisie, remettant la mise au point détaillée de sa nouvelle RC213V aux prochains essais au Qatar, dans un peu moins de trois semaines. "C'est une moto que je connaissais déjà bien car elle repose sur une base qui fonctionnait déjà. Quand quelque chose fonctionne, c'est bien mieux de ne pas faire trop de modification", a avancé le Catalan, qui s'est focalisé au cours de ces trois jours sur le moteur et la recherche d'une meilleure accélération en sortie de virages. Le travail sur les phases de freinage interviendra plus tard, quand son épaule sera totalement remise.

Rins et Suzuki, c'est du sérieux

Pour sa troisième saison avec Suzuki dans la catégorie reine, Álex Rins semble monter en puissance. L'Espagnol détient un talent naturel énorme qui éclot progressivement, et après ses cinq podiums obtenus en 2018, une première victoire en MotoGP n'a jamais paru aussi proche.

Certes, Rins est resté à quasiment une seconde de Petrucci sur un tour, mais c'est bien lui qui a affiché le meilleur rythme et qui s'est montré le plus constant du plateau. Preuve en est, son temps moyen sur 15 tours a été de 1'59"617, un peu moins d'un dixième plus rapide que Maverick Viñales, deuxième dans cet exercice.

"Je suis très content car j'ai pu constater que Suzuki a beaucoup travaillé cet hiver. Nous avions beaucoup de choses à essayer, et cela s'est bien passé. Au Qatar nous allons en recevoir encore plus [de nouvelles pièces], à savoir un nouvel échappement ainsi qu'un nouveau carénage, mais je suis très satisfait avec cet essai", a ainsi déclaré Rins au terme de la troisième journée.

Les pilotes les plus réguliers pendant le test de Sepang

Bagnaia facile

Pecco Bagnaia s'est avéré être le meilleur rookie sur ces premiers essais 2019. Auteur du deuxième temps sur les trois jours combinés, le jeune italien a fini à moins d'un dixième du nouveau record absolu de la piste. "Je suis arrivé à Sepang en pilotant comme un pilote de Moto2, et maintenant comme un pilote de MotoGP", a déclaré le Champion du monde Moto2 en titre.

"Si nous prenons en compte le peu d'expérience qu'il a en MotoGP, ce qu'il a fait sur ces trois jours est impressionnant. J'espère juste que son rythme sera un peu meilleur [sur de plus longues distances]", a analysé Valentino Rossi, interrogé sur le niveau de son protégé. De ce que nous a montré Sepang, il n'est pas à exclure que Bagnaia donne du fil à retordre à Jack Miller, son coéquipier chez Pramac, même si l'Australien va disposer en 2019 d'une GP19, contre une GP18 à son voisin de garage.

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Aprilia et Iannone, comme un air de déjà-vu

Aprilia a vécu les mêmes événements que Suzuki, lorsque le constructeur japonais avait signé Andrea Iannone, un pilote dont le talent est à la mesure de son irrégularité, en piste et en dehors. La marque de Noale a engagé l'Italien pour sa rapidité mais à Sepang, pour l'un des tests les plus importants de la saison, le numéro 29 a à peine piloté en raison d'une infection dont on ne connaît toujours pas la nature.

Aleix Espargaró peut remercier Bradley Smith, qui a notamment pris en main la moto du transalpin lors du dernier jour d'essais. L'Espagnol réclame toujours plus de puissance, mais le numéro 41 a également reconnu que la marque de Noale avait corrigé les erreurs commises sur la RS-GP de 2018.

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"La moto de 2019 est une évolution de celle de 2017, et, surtout en entrée de virages, elle est bien plus stable que celle de l'an passé. Mais il nous manque beaucoup de puissance, d'autant plus si nous prenons en compte que les autres en ont gagnée. Nous avons fait un pas en avant, mais nous devons en faire trois", a résumé l'Espagnol, septième aux temps combinés, à huit dixièmes du plus rapide.

KTM remet l'ouvrage sur le métier

"La moto a progressé, mais les autres aussi." Telle était la conclusion chez KTM, et en particulier pour Pol Espargaró et Johann Zarco. Ce dernier a été le plus rapide des pilotes de la marque autrichienne, qui avait ramené de nombreux éléments à Sepang, de quoi configurer pas moins de sept machines différentes.

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"Après cinq jours d'essais [KTM bénéficie toujours des concessions qui lui permettent de tester sans restriction, ndlr], je crois que la moto est maintenant très facile à piloter", a expliqué Zarco, dont le meilleur chrono est à 1"4 de celui de Petrucci. Avec quatre motos en piste, les deux officielles et les deux de l'équipe satellite Tech3, le constructeur de Mattighofen a cependant encore beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre les objectifs fixés par sa direction.

"Nous sommes dans une ligne d'évolution constante, car nous sommes encore assez loin des autres. C'est pour cela que nous devons tester beaucoup de choses, et c'est pourquoi les pilotes officiels le font sans ciller. Mais au final, le fait qu'une KTM roule en-dessous des deux minutes à Sepang est quelque chose de remarquable", a conclu Zarco.

Johann Zarco, Red Bull KTM Factory Racing

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