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L'épopée Suzuki : Retour au sommet avec Mir et départ soudain

Dernier épisode de notre série sur l'Histoire de Suzuki en MotoGP. Partie par la petite porte en 2011, la marque a vite retrouvé la catégorie et après quelques succès, elle a décroché un titre inattendu grâce à Joan Mir, pour finalement décider de se désengager un an et demi plus tard.

Le champion du monde 2020 : Joan Mir, Team Suzuki MotoGP

Photo de: MotoGP

L'épopée Suzuki

Motorsport.com retrace l'Histoire de Suzuki en 500cc et en MotoGP à travers un dossier spécial.

Après dix années difficiles dans la catégorie, Suzuki a quitté le MotoGP au terme de la saison 2011 mais moins de deux ans plus tard, en juin 2013, la marque a annoncé son retour avec un projet autour de la GSX-RR. L'équipe ayant été dissoute, une nouvelle structure a été mise en place avec comme chef d'orchestre Davide Brivio, ancien manager de Yamaha et du programme naissant de Valentino Rossi pour former de jeunes pilotes.

Suzuki a d'ailleurs rêvé d'accueillir le nonuple Champion du monde dans ses rangs, qui a décliné la proposition. C'est donc à Randy de Puniet, en charge du développement de la moto en 2014, qu'est revenu l'honneur de disputer la première course avec cette moto au GP de Valence, dernière manche de la saison.

Randy de Puniet, Suzuki

Suzuki a retrouvé le MotoGP au GP de Valence 2014, avec Randy de Puniet

Dès le lendemain, ceux qui allaient devenir titulaires de la marque l'année suivante, Aleix Espargaró et Maverick Viñales, ont pris le guidon de la nouvelle Suzuki sur le même circuit. Le premier avait surtout connu des machines de seconde zone en MotoGP, tandis que le second découvrait la catégorie après avoir pris la troisième place du Moto2 en 2014 et remporté le titre en Moto3 l'année précédente.

Dès la première saison, le duo Catalan qui représente aujourd'hui Aprilia a régulièrement joué le top 10, avec une sixième place comme meilleur résultat pour Viñales et une septième pour son coéquipier. Ils ont tous deux décroché des premières lignes, et même une pole pour Espargaró à Barcelone.

Ces débuts encourageants se sont confirmés en 2016, surtout par le biais de Maverick Viñales, qui a offert à la marque son premier podium en huit ans en prenant la troisième place du GP de France. Quelques semaines plus tard, l'Espagnol a fait encore mieux avec une première victoire en dominant de main de maître à Silverstone.

Suzuki renouait ainsi avec le succès neuf ans après le dernier, conquis par Chris Vermeulen sous la pluie du Mans. Viñales a est encore monté deux fois sur le podium cette année-là et a pris une belle quatrième place au championnat, dans ce qui marquait pourtant une fin de cycle pour Suzuki.

Le vainqueur Maverick Viñales, Team Suzuki MotoGP

Suzuki a retrouvé la victoire avec Maverick Viñales en 2016

Avant même l'été, la marque savait en effet qu'elle allait perdre Viñales, titularisé en lieu de place de Jorge Lorenzo chez Yamaha, et elle a décidé de ne pas conserver Espargaró, dont la saison a été plus difficile avec la 11e place du championnat. Suzuki a mené des discussions avancées avec Andrea Dovizioso, qui a finalement décidé de rester chez Ducati, et envisagé de donner sa chance à Johann Zarco, avec un test pour le Français mais pas de signature. La marque a fini par associer une nouvelle fois expérience et jeunesse en titularisant Andrea Iannone, vainqueur d'une course avec Ducati la saison précédente, et en misant sur Álex Rins alors qu'il était encore au cœur de sa deuxième saison en Moto2.

Malgré une qualification en première ligne au premier et au dernier Grand Prix de la saison, Iannone n'a pas pu décrocher de podium en 2017, avec une Suzuki en manque de puissance. La saison de Rins a quant à elle été gâchée par une blessure au poignet mais en fin d'année, le Barcelonais a montré des promesses avec deux top 5. Suzuki a franchi un cap sur son moteur en 2018 avec un total de neuf podiums, quatre pour Iannone et cinq pour Rins, cinquième du championnat, mais la victoire échappait encore à la firme de Hamamatsu.

Alex Rins, Team Suzuki MotoGP, vainqueur de la course

Álex Rins a décroché son premier succès à Austin en 2019

Pour 2019, Suzuki a décidé de ne pas conserver Iannone et après avoir songé à Jorge Lorenzo pour le remplacer, Brivio a suivi sa tradition de miser sur la jeunesse en accordant sa confiance à Joan Mir, Champion 2017 du Moto3 et libre puisque Honda avait renoncé à une option pour le recruter. Le Majorquin a réalisé une première saison discrète, marquée par une absence après une lourde chute à Brno qui lui a coupé la respiration, tandis que Rins est arrivé à maturité avec deux victoires, les premières depuis 2016 pour Suzuki. La première est venue à Austin après une chute de Marc Márquez devant lui et la seconde à Silverstone au terme d'un sublime duel avec même Márquez, qui l'a vu doubler le #93 à la sortie du dernier virage.

De quoi donner des espoirs à Suzuki avant la saison 2020, qui a pris le tournant inattendu que l'on connaît : la pandémie a repoussé le début du championnat à l'été et Márquez, dominateur les années précédentes, a immédiatement été mis sur la touche en raison de sa blessure au bras. Débutait alors un championnat plus ouvert que jamais, sans véritable favori et avec un total de seulement 14 courses.

Après un début de saison poussif, Joan Mir a trouvé la régularité qui manquait à tous ses rivaux. Sur le podium de la moitié des courses disputées cette saison-là, il a pris la tête du championnat après le GP d'Aragón, remporté par Rins, dont les chances au championnat étaient déjà compromises en raison d'une blessure à l'épaule. Mir n'a plus lâché la première place et s'est offert un succès – son unique avec Suzuki – au GP d'Europe sur le circuit de Valence. Le week-end suivant, il devenait Champion du monde sur la même piste, à une course de la fin de la saison.

Joan Mir, Team Suzuki MotoGP

Joan Mir a offert à Suzuki son dernier sacre en 2020

Le symbole était fort pour Suzuki, l'année des 100 ans de la marque et des 60 ans de ses débuts en compétition, mais aussi 20 ans après son dernier sacre avec Kenny Roberts Jr. Au titre de Mir s'ajoutait aussi celui des équipes mais la machine allait vite se gripper : pendant l'hiver, Davide Brivio a annoncé à la surprise générale son départ pour Alpine en F1 et Suzuki a décidé de répartir ses tâches entre différents membres pour la saison suivante.

La marque japonaise n'a décroché aucun succès en 2021. Malgré six nouveaux podiums, Mir n'a pas véritablement pu lutter pour le titre et a pris la troisième place du championnat, tandis que Rins a dû se contenter d'un seul podium. Suzuki a cherché à se renforcer en 2022 avec un nouveau moteur plus puissant et l'arrivée d'un team manager, Livio Suppo, nommé juste avant le début de la saison. Les premières courses ont été encourageantes et après le GP du Portugal, cinquième manche au programme, Rins était coleader du championnat avec Quartararo.

Mais après la manche suivante, Suzuki a annoncé à son équipe son départ en fin de saison, alors que son contrat le liait au MotoGP jusqu'en 2026, citant sa volonté de se concentrer sur le développement de technologies durables. Visiblement troublés par cette annonce, les pilotes ont enchaîné les erreurs et à la fin de l'été, Mir s'est blessé aux jambes, le contraignant à manquer quatre courses.

Alex Rins, Team Suzuki MotoGP, et Joan Mir, Team Suzuki MotoGP

Suzuki a quitté le MotoGP sur un succès à Valence

Suzuki semblait sur le point de quitter la catégorie reine par la petite porte mais Álex Rins lui a offert deux dernières victoires, au terme d'une course très disputée à Phillip Island et en se montrant dominateur à Valence, pour la dernière apparition des motos bleues sur la grille.

C'est ainsi que s'est conclu un chapitre de huit saisons. De ses débuts en catégorie reine dans les années 1970 à son départ en 2022, le constructeur a décroché sept titres des pilotes – grâce à Barry Sheene, Marco Lucchinelli, Franco Uncini, Kevin Schwantz, Kenny Roberts Jr et Joan Mir – sept titres des constructeurs et un des équipes, cet honneur étant apparu avec le MotoGP en 2022. Les Suzuki ont remporté un total de 97 courses, décroché 94 poles et ses pilotes lui ont rapporté 317 podiums. L'Histoire s'arrêtera-t-elle là ? Seul l'avenir le dira.

L'épopée Suzuki :
Le champion du monde 2020 : Joan Mir, Team Suzuki MotoGP

Joan Mir a été le sixième Champion du monde de Suzuki

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