Interview

Pol Espargaró veut "voir grand" avec KTM

Membre du projet KTM en MotoGP depuis ses débuts en 2017, l'Espagnol a prolongé début mai jusqu'en 2020. Il entend ainsi, avec son futur coéquipier Johann Zarco, atteindre les sommets avec le constructeur autrichien.

Pol Espargaro, Red Bull KTM Factory Racing

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Pour Pol Espargaró, l'arrivée du printemps s'est associée à plusieurs bonnes nouvelles, après un début de saison quelque peu terne. En effet, à de biens meilleurs résultats obtenus sur les pistes européennes s'est ajoutée l'annonce de sa prolongation pour deux saisons supplémentaires chez KTM.

La récompense de tout le travail effectué depuis son arrivée au sein de la marque de Matthighofen, début 2017. Alors certes, les résultats ne sont pas encore à la hauteur des espérances suscitées par une excellente fin de saison passée, mais la régularité affichée lors des trois dernières manches, toutes terminées à la 11e place, est un motif clair de satisfaction.

Et c'est d'ailleurs au Mugello que le Catalan a eu la gentillesse d'accorder un peu de son temps à Motorsport.com, pour faire le point sur le chemin parcouru avec KTM, et les objectifs qu'il ambitionne pour les deux prochaines saisons, alors qu'il partagera le garage des Oranges avec un certain Joahnn Zarco.

Pol, tu as obtenu récemment de bons résultats après des essais hivernaux et de premières courses difficiles cette saison. Comment expliques-tu cette évolution ?

Nous avons peut-être débuté un peu plus en retrait que ce que nous espérions par rapport à l'an passé. Les premières courses pour nous ont été un peu piégeuses, car nous ne connaissions pas la moto. Nous n'avions pas d'informations surtout sur les pistes hors d'Europe, et nous avons été en difficulté jusqu'à notre arrivée à Jerez.

Puis à Jerez nous avons retrouvé les résultats que nous faisions l'an dernier. Peut-être qu'au début, cela n'a pas été incroyable, mais la progression est bonne et nous commençons à obtenir les mêmes bons résultats que l'an dernier, proches du top 10.

Ces difficultés du début de saison proviennent-elles uniquement de la saison ou bien faut-il y voir également un impact du resserrement des performances dans le peloton ?

Le niveau de la catégorie est en train de s'élever. Chaque année, c'est dur d'aller dans le top 10 ou d'aller dans les points. Cela a été dur en début de saison de faire ça, mais nous allons sur toutes les courses avec moins d'expérience que les autres.

Lors des week-ends, nous ne pouvons pas faire de tests, l'usine ne peut pas envoyer Mika [Kallio, le pilote essayeur de l'équipe]. Nous manquons d'infos, et souffrons un peu plus au niveau de l'électronique, et dans les réglages de la moto. Mais je pense que c'est normal, et que cela fait partie de la progression.

Pol Espargaro, Red Bull KTM Factory Racing

Tu parles d'un manque d'expérience par rapport aux autres équipes, mais c'est ta deuxième année dans le projet. Perçois-tu que les choses se font plus facilement et naturellement au sein de l'équipe au cours des week-ends de course ?

Il y a deux choses : l'une d'elle, c'est le réglage de la moto. Nous avons plus d'informations, plus de données, et je sais comment piloter la moto un peu mieux. Mais il y a aussi la relation avec l'équipe, lors de chaque week-end, chaque course, je connais un peu plus les mécaniciens, et eux ils me connaissent un peu mieux également.

Ils savent mieux comment j'explique les choses, et donc comment interpréter toutes les informations que je leur transmets. Tout s'imbrique bien mieux avec l'équipe, et je pense que cela rend l'autre partie du boulot bien plus facile.

Tu es arrivé plusieurs fois dans les points depuis le début de l'année, mais pas encore dans le top 10. Qu'est-ce qu'il manque encore à la RC16 pour franchir ce cap ?

C'est vrai que nous avons eu des hauts et des bas lors des premières courses, et que depuis notre arrivée en Europe, nos résultats sont devenus beaucoup plus stables. Cela semble être des propos convenus, mais nous avons besoin de temps. Notre moto est toute nouvelle. C'est notre deuxième année en MotoGP avec cette moto.

Nous en voulons plus, nous voulons atteindre le sommet, mais parfois cela prend du temps. Cela demande de comprendre les choses en étant confrontés à des problèmes, sur un peu toutes les pistes, pour les régler et mieux comprendre la moto.

Je pense que nous avons quelque chose dans notre manche qui va bientôt arriver. Nous avons besoin de ce temps pour progresser dans nos résultats, et de rendre le tout plus régulier. Je suis sûr que cela va arriver, mais à quel moment, c'est toute la question.

Mais peu importe, car KTM fait un travail formidable. Ils mettent les moyens pour faire en sorte que ce projet brille. Je pense que la progression est bonne, on se rapproche. Nous étions derniers au Qatar l'an dernier, et maintenant nous finissons dans le top 15, tout en étant très proches du top 10. Nous devons être patients.

KTM mène un programme de développement très intense depuis son arrivée en MotoGP. Quel serait selon toi le point faible persistant de la RC16 ?

Le point le plus faible sur la moto, c'est le comportement en virage. C'est là où nous sommes en retard par rapport aux autres. Mais nous devons voir aussi les points positifs, par exemple la puissance et la vitesse de la moto, ce qui est très bien. Bien sûr, nous devons continuer à progresser et à tester.

Pol Espargaro, Red Bull KTM Factory Racing, Pit Beirer, directeur de la compétition de KTM

L'an dernier KTM avait mené des tests privés en Aragón durant l'été qui s'étaient avérés déterminants pour sa fin de saison. Est-ce que d'autres séances d'essais sont à l'ordre du jour pour soutenir le développement de la RC16 ?

Nous avons des essais de prévus jusqu'en milieu de saison, mais avec le package que nous avons maintenant, nous n'avons déjà plus beaucoup besoin de faire de tests. Nous avons à présent une bonne idée, une direction claire de ce que nous voulons pour le futur. Nous faisons les choses très vite, et il est vrai que parfois nous avons besoin d'un peu de temps et de calme pour mettre toutes les choses dans le bon sens.

Avec du recul, estimes-tu que le choix technique de KTM de privilégier un châssis tubulaire était pertinent ?

Lorsque j'ai pris la décision de rejoindre KTM, lorsque j'ai signé le contrat, je me suis juste dit qu'ils gagnaient dans toutes les catégories dans lesquelles ils sont impliqués avec un châssis tubulaire, alors pourquoi pas en MotoGP ?

Si vous n'essayez pas, vous ne pouvez pas savoir. Bien sûr, ce n'est pas le chemin le plus facile, car nous sommes les seuls à faire cela, mais KTM a une philosophie, qui est d'utiliser des châssis tubulaires. Quand j'ai signé chez KTM, beaucoup de personnes ont dit que j'étais fou car [selon eux] ce projet n'allait mener nulle part, et maintenant beaucoup de personnes viennent me féliciter d'avoir prolongé jusqu'en 2020.

Quand j'ai signé chez KTM, beaucoup de personnes ont dit que j'étais fou.

Pol Espargaró

Sais-tu quelle sera la relation l'an prochain entre l'équipe officielle KTM et l'équipe satellite, Tech3 ?

Je pense que KTM est très clair sur ce point. KTM est vraiment focalisé sur la compétition, sur le fait de gagner des courses. Ils ne sont pas concentrés sur le marketing, sur le fait de faire rouler de belles motos dans les rues.

KTM a une philosophie pour vaincre sur les courses, d'être au sommet, et ensuite ils sont capables de produire des motos qui fonctionnent bien dans la série. Je pense que cette philosophie va s'appliquer à l'équipe satellite.

KTM a une philosophie pour vaincre sur les courses.

Pol Espargaró

Tech3 est une très bonne équipe. Ils sont capables d'amener de jeunes pilotes au sommet. Il y a un bon état d'esprit, une bonne ambiance, c'est une famille française. J'ai vécu au sein de cette famille française pendant trois ans, et j'ai été très bien traité. Je pense qu'ils seront d'une aide très importante pour nous, à propos des informations qu'ils pourront nous transmettre.

Quelle importance détient le projet KTM dans ta carrière ?

Il n'y a rien de plus gratifiant que de faire partie d'un tel projet, et de le voir un jour briller. Bien sûr c'est bien de signer avec des équipes déjà implantées, comme Honda : vous arrivez et tout est déjà fait, la moto est là, vous la pilotez et vous gagnez, et c'est très bien.

Mais c'est encore mieux de venir dans une équipe d'usine qui part de rien. Nous partons de zéro, et maintenant nous sommes dans le top 10 et tout le monde nous respecte. Vous ne pouvez pas vous imaginer combien de commentaires négatifs j'ai eus lorsque j'étais dans le top 6 lors de chaque course et que j'ai signé pour KTM. Beaucoup de personnes ont dit que j'étais fou, avec cette équipe qui allait utiliser des châssis tubulaires et ne pas gagner.

Quel est ton objectif à terme avec l'équipe ?

Je pense qu'il faut voir grand. Nous avons commencé au même endroit que l'an passé, mais comme je l'ai dit cette année beaucoup de choses nouvelles vont arriver. Des petites mais aussi de plus grandes. Je pense que si nous continuons à faire confiance à KTM comme l'an dernier, nous devrions finir bien plus près des avant-postes.

C'est ce que nous voulons, ce que nous rêvons, ce que nous souhaitons. Après, une fois que nous mettons le tout en piste, les choses sont un peu différentes, mais nous devons voir grand, car c'est la seule façon de voler haut et d'obtenir quelque chose.

Pol Espargaro, Red Bull KTM Factory Racing

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