Espargaró : Dépasser une Ducati avec la KTM ? Mission impossible

KTM a vu sa première moto se battre tout au long de la course de Jerez dans le groupe d'outsiders, jusqu'à finir à seulement une seconde du podium.

Pol Espargaro, Red Bull KTM Factory Racing

Pol Espargaro, Red Bull KTM Factory Racing

KTM

Pol Espargaró a entamé la saison par une sixième place, au Grand Prix d'Espagne. Dépassé par Franco Morbidelli dans le dernier tour, il était également très proche de Jack Miller, quatrième, lorsqu'il a passé la ligne d'arrivée. Mais le pilote KTM voit plus haut encore : il est convaincu qu'un début de course moins prudent lui aurait permis de monter sur le podium, s'étant vu supérieur à Andrea Dovizioso sur la majeure partie du tour. Problème, les Ducati affichent une supériorité évidente en ligne droite...

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Comment s'est passée ta course ?

Elle a été vraiment bonne, je suis heureux du résultat mais... on en veut toujours plus ! [rires] On était vraiment très proches du podium, à une seconde. À un moment donné, j'ai pensé avoir la vitesse pour rattraper un petit peu Maverick [Viñales], mais le problème c'est que je devais essayer de dépasser une Ducati factory et ça, c'est mission impossible.

J'ai eu un problème assez important avec le pneu avant, dont la pression était très forte à cause de la chaleur. Étant donné que j'étais derrière Dovi en permanence, la température n'a fait que monter et monter encore. Quand j'avais besoin de le dépasser, je n'étais jamais dans son aspiration. J'essayais toujours de me décaler un petit peu pour rafraîchir le pneu avant, mais pour le dépasser je devais être juste derrière lui, or à ce moment-là, la température à l'avant montait de manière dingue en seulement quelques virages. Quand j'essayais de freiner très tard, étant donné qu'il me prenait quelques mètres dans la ligne droite, il me redépassait encore et encore dans les lignes droites. Je ne pouvais pas obtenir un podium de cette manière, mais quoi qu'il en soit, être dans cette position à Jerez dans ces conditions où nous souffrons normalement doit nous rendre très heureux.

Où la moto doit-elle progresser ?

Actuellement, je ne sais pas, je ne sais que ce qui s'est passé sur cette course ! Beaucoup de choses ont changé depuis l'année dernière, y compris le pneu [arrière]. Mais si vous me demandez pourquoi je n'ai pas pu faire mieux sur cette course, c'est parce que je n'ai pas été en mesure de suivre la Ducati dans les lignes droites et de freiner plus tard pour le reprendre et le dépasser. Je pense que si j'avais réussi à le doubler, mon rythme aurait été deux ou trois dixièmes plus rapide que celui de Dovi et peut-être que j'aurais pu monter sur le podium. Alors je pense qu'il faut un peu plus de vitesse de pointe dans les lignes droites si l'on veut dépasser les Ducati.

La KTM est-elle une moto complète de MotoGP maintenant, qui ne demande plus qu'à être polie ?

Oui, clairement. Nous sommes maintenant au niveau des autres, tout du moins à Jerez, et même plus rapides. J'ai eu le sentiment que si je n'avais eu personne devant moi, j'aurais pu aller deux, trois, même quatre dixièmes plus vite. Je faisais des 1'39"1, 1'39"2, 1'39"3 alors que j'aurais pu aller dans les 1'38"7 ou 1'38"8. L'autre chose positive est que tous les pilotes allaient vite : Brad [Binder] a été très rapide, Miguel [Oliveira] et Iker [Lecuona] aussi. Nos quatre KTM de la grille sont bonnes en rythme de course, et c'est ce que l'on recherche.

Comment est la moto par rapport à la Ducati et la Yamaha ?

On est plus rapides partout, il n'y a que dans les lignes droites que la Ducati est plus rapide. Je vous promets qu'on est plus rapides sur les freinages, en entrée de virages, dans les virages − à part la traction qui est peut-être un peu meilleure pour eux. Mais il n'y a qu'en vitesse dans les lignes droites qu'il était plus rapide. [Dovizioso] était plus lent que nous aujourd'hui, je ne dis pas ça pour me la raconter, c'est la vérité. J'ai essayé de le dépasser car je me sentais plus rapide que lui, mais il ne repassait dans les lignes droites. Ailleurs, je pouvais me battre et si parfois je lui donnais six dixièmes en faisant une erreur, en cinq ou six virages j'étais déjà revenu à deux dixièmes. Honnêtement, je me suis senti plus rapide aujourd'hui, mais nous n'avons pas été assez bons pour prendre les Ducati.

La Yamaha… c'était avec la traction. Mais dès que Dovi poussait un peu plus fort, on faisait un meilleur temps car j'étais totalement collé à lui, et on semait alors Morbidelli. Je ne peux pas vous dire ce qu'il en est par rapport à Maverick et Quartararo, parce que je n'étais malheureusement pas là-haut, mais je me sentais plus rapide que Morbidelli. J'ai raté le coche en essayant de doubler Miller dans le dernier virage : même problème, il accélérait un peu mieux que moi et je devais freiner plus tard pour le dépasser. Le pneu avant était super chaud dans le dernier virage, j'ai élargi et Morbidelli en a profité. Mais lui non plus n'était pas plus rapide que nous.

Pol Espargaro, Red Bull KTM Factory Racing

Que ferais-tu différemment ou que changeras-tu pour la deuxième course de Jerez ?

Avant, on n'était pas aussi rapides, et quand je me retrouvais derrière un top pilote, je me disais toujours : 'reste là, ne perds pas trop ton pneu arrière, parce qu'ensuite ils vont pousser et tu vas perdre plus que si tu pousses maintenant pour essayer de le dépasser'. Et c'est ce que j'ai fait aujourd'hui dans les premiers tours... J'aurais pu dépasser Dovi au début mais je me suis dit : 'il va pousser à un moment de la course et me laisser derrière'. Mais au final j'étais là, encore et toujours, il poussait et j'étais plus rapide, et puis j'ai constaté que le pneu était usé et que je ne pouvais plus me battre au freinage.

Alors la stratégie a été bonne, car la sixième place est un bon résultat, mais maintenant je serai bien plus agressif en début de course si ça se reproduit, car on aurait peut-être pu obtenir le podium. Au final, c'est comme un train : si on saute dedans, on peut y arriver, sinon il s'échappe…

Tu as hâte d'être au week-end prochain ?

Oui, j'ai vraiment hâte ! Toutes les KTM sont à un très bon niveau, tous les pilotes sont assez rapides. On a eu de bonnes infos derrière Dovi et j'ai compris comment la moto et le moteur se comportent en course. D'un autre côté, Brad a été seul pendant la majeure partie de la course et il a été plus à l'aise, car il n'a pas eu cet air chaud devant lui tout au long de la course, donc je pense que nous avons fait un bon tandem. C'est un très bon gars et on s'est poussé mutuellement pour aller chercher un meilleur résultat. On est heureux et convaincus de pouvoir faire de belles choses dans un futur proche.

Avec Guillaume Navarro  

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