Le MotoGP refuse de faire sa promotion sur des rivalités toxiques

Carmelo Ezpeleta ne veut pas surfer sur des polémiques entre pilotes pour renforcer la popularité du MotoGP, préférant miser sur la bonne entente de la génération actuelle pour mettre en avant des valeurs de respect.

Fabio Quartararo, Yamaha Factory Racing, et Francesco Bagnaia, Ducati Team

L'incident entre Valentino Rossi et Marc Márquez au Grand Prix de Malaisie 2015 et la polémique qui a animé la fin de saison cette année-là semblent bien loin. Les années suivantes, Márquez a vécu une rivalité plus saine avec Andrea Dovizioso et après sa blessure, les titres ont été disputés mais sans tensions apparentes entre les protagonistes du championnat. L'an passé, Fabio Quartararo, Pecco Bagnaia et Aleix Espargaró ont même parfaitement assumé leur bonne entente pendant qu'ils se disputaient la couronne mondiale.

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Les incidents en piste sont restés rares. Quartararo et Bagnaia ne se sont véritablement battus que pendant quelques tours à Valence, avec un contact mais aucune attaque polémique. Au début de l'été, Quartararo avait commis une erreur et fait chuter Espargaró à Assen, mais la manœuvre avait surtout été dommageable pour le Français, qui avait immédiatement présenté ses excuses au Catalan en se rendant dans son garage.

Espargaró n'a gardé aucune rancœur envers Quartararo et s'est plutôt agacé de la volonté des journalistes de chercher des polémiques inexistantes. "Au final qu'est-ce que vous voulez ?" confiait-il en fin de saison l'an passé. "Changez de chaîne et mettez du MMA. Ça me fait chier. Vous voulez qu'on se batte ? On sait séparer la piste et le reste. Je ne vais pas me battre avec Fabio. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de tension entre Pecco et Enea [Bastianini] par exemple, mais quand on est ensuite détendus, ça va, c'est bien, c'est normal. Il n'y a pas de tension en dehors de la piste. Tranquille ! D'accord ?".

Le MotoGP n'a rien fait pour mettre fin à cette entente cordiale et au contraire, Carmelo Ezpeleta se félicite de voir des pilotes capables de s'affronter en piste et de se saluer dès la descente de la moto. "Je pense sincèrement que si nous ne sommes pas en mesure de dire que le championnat doit protéger ces valeurs, nous faisons mal les choses", a confié le promoteur du championnat dans une interview accordée à l'édition espagnole de Motorsport.com. Ezpeleta pense que le MotoGP sort grandi de cette situation : "Le journal Sport m'a donné une récompense pour les valeurs que notre championnat défend".

Conférence de presse RNF Racing avec Carmelo Ezpeleta, PDG de Dorna Sports

Carmelo Ezpeleta

"Les pilotes peuvent faire preuve d'une rivalité incontestable mais en même temps de respect mutuel. En 2015, après cette vague d'intérêt que nous avons reçue après l'incident entre Valentino, Marc et Lorenzo, je disais déjà que je n'aimais pas ça. Je suis peut-être trop ingénu, parce que je pense que la rivalité doit être concentrée sur la volonté de gagner. Je n'ai pas trouvé la finale de la Coupe du monde de football particulièrement dure. On n'a pas besoin de pilotes qui se frappent pour attirer les gens."

Le grand patron de la Dorna n'a jamais voulu mettre en avant les polémiques des vingt dernières années et préfère l'approche de la génération actuelle : "[En 2022] Aleix et Fabio ont eu un contact à Assen, et il faut que la rivalité soit comme ça. Si on va plus loin, on entre dans un domaine que je n'apprécie pas. Je n'aimais pas que Lorenzo et Pedrosa ne se parlent pas, et encore moins quand Rossi et Biaggi se sont battus après le podium à Montmeló [en 2001]. J'aime qu'il y ait une rivalité, parce que ça aide le championnat et sa popularité, mais je ne pense pas qu'il soit négatif de rester cordial."

Et s'il reconnaît que ces controverses sont "probablement" efficaces pour braquer les projecteurs sur le championnat, Carmelo Ezpeleta préfère "trouver autre chose" pour élargir le public du MotoGP : "Dans la boxe, il est évident que les organisateurs veulent que les boxeurs s'insultent et même se crachent dessus pendant la pesée. C'est parfait, mais mon éducation fait que je ne suis pas en accord avec ça. Par exemple, pour moi, c'est bien de gagner mais pas de se moquer du perdant. Je pense que l'on peut promouvoir ces valeurs. S'il faut en vendre d'autres, je ne suis pas la bonne personne."

Propos recueillis par Oriol Puigdemont

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