Interview

Fabio Quartararo, concentré et sans pression

À un mois de ses 20 ans, le Français promet de ne pas laisser les compliments et ses nouvelles fréquentations lui faire tourner la tête, et reste concentré sur les progrès à accomplir pour capitaliser sur la bonne base affichée au Qatar.

Fabio Quartararo, Petronas Yamaha SRT

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Fabio Quartararo n'a pas marqué de points sur son premier Grand Prix en MotoGP, et pourtant il a frappé les esprits. Sa montée en puissance tout au long de l'intersaison avait déjà interpellé les observateurs autant que ses nouveaux adversaires, et le jeune Niçois a enfoncé le clou en plaçant sa M1 dans le haut du classement lors du week-end de course. Cinquième à l'issue des EL2 et des EL4, il savait déjà son rythme rapide durant les heures les plus froides, et la séance précédant les qualifications, notamment, l'avait vu réaliser un long run des plus prometteurs, avec 13 tours en 1'55.

Quartararo, qui cite son accession directe à la Q2 comme le meilleur moment de sa jeune carrière à ce jour, a réussi à exploiter le quart d'heure de qualifications pour décrocher la cinquième place sur la grille – mieux que son coéquipier ou encore que Valentino Rossi… Le fait que tout ait basculé à trois minutes du départ n'efface pas dans l'esprit du jeune pilote la réussite de ce début d'année, lui qui a su faire taire ses détracteurs de la manière la plus efficace qui soit : en piste.

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La course ne s'est pas déroulée comme tu l'aurais souhaité, mais avant cela, tu as fait des qualifs extraordinaires pour un rookie, avec le cinquième temps à la clé. Comment t'es-tu mis en mode qualifs à ce moment-là, le samedi ?

Je n'avais qu'une chose en tête, faire un très bon chrono. Mon objectif était de me classer dans les neuf premiers et j'ai réussi à faire cinquième, mais surtout ce tour de qualifs était parfait, je n'ai pas fait une erreur et c'était vraiment incroyable ! On avait déjà fait 1'54"1 le vendredi soir, [à un horaire] où l'on savait que la piste était parfaite, donc je me suis dit que j'allais essayer de rentrer dans les 1'53 durant la qualif et j'ai réussi à le faire. Je me suis mis vraiment en mode qualifs et j'ai fait un super tour.

Ce tour de qualifs était parfait, je n'ai pas fait une erreur et c'était vraiment incroyable !

Fabio Quartararo

As-tu été surpris par ta performance ?

Je ne m'attendais pas à être aussi rapide, à faire un 1'53"9. Je m'attendais à signer un temps comme celui que j'avais fait en EL2 : 1'54"2, 1'54"1, 1'54"0. Mais descendre en-dessous des 1'54 au Qatar… Jusqu'à l'année dernière, où Johann [Zarco] a abaissé le chrono, le record était de 1'53"8 depuis des années. J'ai quand même réussi à faire un 1'53 et pour moi c'était un honneur de descendre sous cette barre.

Quelles sont tes attentes pour la prochaine épreuve ?

Elles sont différentes. On sait qu'au Qatar il y avait les journées de test. Par contre, on va arriver en Argentine et commencer directement par les essais libres, donc il va falloir être très rapide pour s'adapter aux circonstances. Le circuit, on ne le connaît pas avec cette moto, il faudra donc essayer d'apprendre le plus vite possible et d'améliorer [peu à peu] les chronos.

Valentino Rossi, Yamaha Factory Racing, Fabio Quartararo, Petronas Yamaha SRT

Est-ce que tu échanges avec Valentino Rossi et Maverick Viñales, ou bien c'est chacun dans son team ?

Non. Même avec Morbidelli on ne discute pas énormément, donc avec les officiels pas du tout. J'ai juste discuté un petit peu avec Viñales quand on a fait la photo de groupe MotoGP, mais rien de spécial sur la moto. Ils ont nos données sur l'ordinateur et nous les leurs, alors on ne parle pas mais on peut voir ce qu'il en est par rapport aux données.

Et qu'est-ce que ça te fait de partager la piste avec un pilote tel que Rossi ? Tu as raconté qu'il y a quelques années tu l'attendais pendant des heures devant son hospitality, maintenant tu l'affrontes en piste : comment gères-tu cela ?

Je le gère bien. Mon objectif était de monter en MotoGP. Si en début d'année dernière on m'avait dit que je serais en MotoGP aujourd'hui, je ne l'aurais jamais cru, mais mon objectif était de faire une saison avec lui, de le voir en piste et de faire des tours avec lui. Or le premier tour que j'ai fait en EL1, c'était avec lui, alors déjà c'est un moment qui va rester gravé à vie dans ma mémoire. Et en étant sur la Yamaha alors que lui est pilote Yamaha officiel, c'est exceptionnel de pouvoir comparer nos datas avec les siens. C'est sûr que ça me fait bizarre.

Le premier tour que j'ai fait en EL1, c'était avec Rossi. C'est un moment qui va rester gravé à vie dans ma mémoire.

Fabio Quartararo

Sur les datas, où vois-tu tes points perfectibles par rapport à Rossi ou Viñales ?

Je compare souvent mes données avec celles de Viñales, parce qu'il a été très rapide durant le Grand Prix du Qatar, et on a vu que sur les phases de freinage on était approximativement pareils, mais c'est sur l'entrée de freinage qu'il était super rapide.

Tout l'hiver, le point qui t'a posé le plus de difficultés, ça a été justement la gestion des freins. Est-ce qu'il te manque encore un petit quelque chose pour dépasser cela ?

Il nous manque encore un tout petit peu. C'est un tout petit step qu'il nous reste à faire, mais sinon les références de freinage sont bonnes. C'est juste que quand j'entre dans le virage, il faudrait que je freine un petit peu plus pour arrêter la moto.

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Est-ce qu'à l'approche du Grand Prix de France, tu sens une pression un peu particulière, comparable à celle qu'a pu ressentir Johann Zarco lors de sa première année ?

Pas pour l'instant, je ne ressens pas de pression. C'est dans deux mois, alors pour l'instant je me sens bien, pas de stress. Ceci dit, j'ai hâte d'arriver à ce Grand Prix parce qu'on sait que c'est un Grand Prix spécial pour nous.

On t'a vu ces dernières semaines assister aux tests F1, rencontrer Lewis Hamilton ou encore Neymar, dont tu as partagé la loge pour le match PSG-OM ces derniers jours… Comment, à 19 ans, arrive-t-on à ne pas se laisser griser et déconcentrer par tout ça ? Tu arrives à faire la part des choses ?

Oui, totalement. C'était un rêve pour moi de voir des Formule 1 rouler, surtout sur un circuit, celui de Barcelone, qui m'a rappelé beaucoup de bons souvenirs quand j'y suis retourné. Connaître Hamilton, mon idole de la Formule 1, c'était aussi super cool, d'autant qu'il adore la moto, et dimanche je suis allé voir le match avec Neymar. C'est sûr que j'ai rencontré énormément de personnes que j'adore, mais il est certain que j'arrive à faire la part des choses entre le divertissement et le travail.

Avec Charlotte Guerdoux

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