Fabio Quartararo, de petit prodige à grand champion
À 22 ans, Fabio Quartararo décroche le titre suprême en remportant le championnat MotoGP. Une concrétisation pour le gamin de Nice qui, très tôt, afficha un talent hors normes sur deux roues.
Photo de: motosport.com
Aujourd'hui sur le toit du monde grâce à son premier titre de Champion du monde MotoGP, Fabio Quartararo concrétise les efforts investis dès son enfance et les espoirs nourris à son sujet depuis ses précoces premiers tours de roue.
Né à Nice le 20 avril 1999, il a aujourd'hui l'âge qu'avait son père Étienne à l'heure où, faute de moyens financiers et gêné par des douleurs cervicales, il lui fallut mettre de côté ses rêves de compétition malgré un titre de Champion du monde 125cc décroché en 1983. La passion paternelle n'était toutefois pas éteinte et, très vite, le petit Fabio en est piqué lorsqu'il est tout bambin. Après avoir épaté par ses prouesses à trottinette, il affiche le même sens de l'équilibre et la même quête de vitesse lorsqu'il prend le guidon de sa première moto. Il fait ses gammes sur des parkings, puis commence à rouler au circuit Océane, à Antibes.
Après un Yamaha PW50 acheté lorsqu'il a 4 ans, son père le hisse sur une Conti 50cc avec laquelle il va commencer à véritablement s'entraîner et se lancer dans ses premières courses. Déjà, Fabio affirme un caractère de mauvais perdant et colérique, qu'on lui retrouvera bien plus tard en compétition. Mais alors que ses pieds ne touchent pas terre, il s'affirme comme un phénomène au guidon et, malgré son très jeune âge, il marque les connaisseurs qu'il croise, notamment Sébastien Gimbert, animateur de stages à Conti School, ou Adrien Morillas, alors coach de Loris Baz.
À partir de ses 8 ans et jusqu'en 2012, il court en Espagne en multipliant les aller-retours avec son père, et passe alors par tous les échelons des petites catégories, au gré desquels il se forme. Il se fait d'abord remarquer dans les championnats de Catalogne et de Méditerranée, en 50cc, 70cc et 80cc, puis rejoint le Pré-Moto3 où il passe à une 250cc quatre-temps. Malgré une importante blessure au poignet en début de saison, il s'impose au championnat et prend encore du galon.
En 2013, désormais expatrié en Espagne, il s'attaque au CEV Moto3 dont il devient le plus jeune champion de l'Histoire, le deuxième seulement à s'imposer sans être espagnol, avant de doubler son titre en 2014. Durant cette deuxième année, il survole littéralement son championnat (neuf victoires et deux deuxièmes places en 11 courses) et se fait notamment remarquer en gagnant la manche qui se court en marge du Grand Prix de France au Mans… La prochaine étape se doit d'être le Championnat du monde, et grâce à un changement de règlement permettant au pilote titré en CEV de rejoindre les Grands Prix avant ses 16 ans, il arrive sur la scène mondiale en 2015.
Précédé par sa réputation, Fabio Quartararo débute bien son parcours en Grand Prix : il se bat aux avant-postes à sa première course et mène même un tour, puis il monte sur le podium à la deuxième manche. Cependant sa saison est irrégulière, il se blesse, et surtout il subit la pression qui pèse sur ses épaules. Les relations sont également tendues en coulisses avec un manager qui, bien qu'il ait joué un rôle essentiel en finançant son début de carrière en Espagne, ne se révèle pas nécessairement du meilleur conseil dans le Championnat du monde.
Après avoir débuté avec Monlau Competicion, avec qui il courait déjà en 2014, Quartararo quitte le prestigieux groupe d'Emilio Alzamora et le clan Honda pour rejoindre les champions en titre de Leopard Racing en 2016, passés entre-temps à KTM. S'il touche le fond cette année-là et apparaît quelque peu perdu dans son apprentissage, ce sera aussi un tournant grâce à sa rencontre avec Éric Mahé, son nouveau manager, et aux conseils prodigués par Randy de Puniet, qui l'accompagne alors durant quelques mois.
Un tournant à Barcelone en 2018
Fabio Quartararo reprend sa carrière en main et intègre dès 2017 le Moto2, plus adapté à son physique. Une nouvelle fois, il y fera deux saisons dans deux équipes différentes, d'abord le team Pons où la pression s'avère encore très forte, puis le team Speed Up, où il retrouve l'atmosphère familiale dont il semble véritablement avoir besoin. Techniquement, l'équipe tâtonne en changeant de fournisseur de suspensions, puis en introduisant un nouveau cadre au bout de quelques courses, mais Quartararo s'y sent soutenu et il progresse.
Il signe sa première pole position puis sa première victoire à Barcelone, dans la lignée de trois courses qui avaient déjà marqué une progression, puis il enchaîne avec un autre podium et c'est là que se joue son avenir. Ses performances convainquent le team Petronas SRT de lui confier un guidon en MotoGP pour la saison suivante, l'équipe de Razlan Razali préparant à cette époque son arrivée dans la catégorie reine. On s'étonne à nouveau de la promotion précoce d'un pilote qui n'a que peu gagné en Grand Prix, pourtant ce sera un pari gagnant.
À partir de là, Fabio Quartararo va vite confirmer que le talent qu'on lui connaissait dès l'enfance ne s'est jamais perdu. Pour son premier Grand Prix, il se qualifie en deuxième ligne et signe le meilleur temps en course malgré un départ depuis la pitlane après avoir calé. Il décroche sa première pole position à sa quatrième tentative, à Jerez, et ne manque alors le podium qu'à cause d'un problème technique. Il y monte finalement à sa septième course, à Barcelone, puis boucle ses premiers tours en tête à la manche suivante. La machine est lancée et Marc Márquez ne s'y trompe pas en lui prédisant un grand avenir lorsqu'il livre face à lui certains de ses plus beaux duels, à Misano ou encore Buriram où le Français voit le succès lui échapper de peu.
Première victoire mondiale pour Fabio Quartararo au Grand Prix de Catalogne Moto2 en 2018
Le début de la saison 2020 coïncide avec les premières victoires de Quartararo, et pour la première fois il mène le championnat. Il finira seulement huitième après une campagne courte mais irrégulière, marquée tant par les soucis techniques de la Yamaha et son manque de développement dans une année chamboulée par la crise sanitaire, que par une certaine instabilité du jeune pilote, sous pression. Ses trois victoires constituent ses trois seuls podiums de l'année, alors qu'une grande régularité prime Joan Mir, monté seulement une fois sur la plus haute marche.
Mais l'essentiel est sans doute ailleurs, car Fabio Quartararo s'est bel et bien approché du sommet et il a su emmagasiner de l'expérience. L'hiver lui permet de se remobiliser, de s'apaiser et de mieux contrôler ses émotions, et voici qu'il affirme cette fois en 2021 une stabilité inébranlable face à laquelle aucun de ses adversaires ne peut résister.
Passé à l'équipe officielle Yamaha, il enchaîne les succès et sait ramener des points lorsque les courses se révèlent plus difficiles. C'est ce qui lui vaut de n'avoir plus été remplacé en tête du championnat depuis le Grand Prix de France et d'avoir peu à peu éliminé chacun de ses adversaires, jusqu'au dernier, Pecco Bagnaia, ce dimanche.
La carrière de Fabio Quartararo
2005 Premières courses en Conti Cup
2007 2e de la Coupe de Catalogne Promovelocitad 50cc (Conti)
2008 Vainqueur de la Coupe de Catalogne Promovelocitad 50cc (Conti)
2009 Vainqueur de la Coupe de Catalogne Promovelocitad 70cc en 2009 (Conti)
2010 3e du championnat de Méditerranée 80cc (Metrakit)
2011 Champion de Méditerranée 80cc (RMU)
2012 Champion de Méditerranée Pré-Moto3 (RMU)
2013 Champion d'Espagne Moto3 (RMU)
2014 Champion d'Espagne Moto3 (Honda)
2015 10e du championnat du monde Moto3 (Honda)
2016 13e du championnat du monde Moto3 (KTM)
2017 13e du championnat du monde Moto2 (Kalex)
2018 10e du championnat du monde Moto2 (Speed Up)
2019 5e du championnat du monde MotoGP (Yamaha) ; rookie de l'année ; meilleur pilote indépendant
2020 8e du championnat du monde MotoGP (Yamaha)
2021 Champion du monde MotoGP (Yamaha)
Les statistiques de Fabio Quartararo en Grand Prix
Saison | Champ. | Courses | Pole pos. | Victoires | 2e places | 3e places | Pts | Pos. |
2015 | Moto3 | 13 | 2 | 0 | 2 | 0 | 92 | 10e |
2016 | Moto3 | 18 | 0 | 0 | 0 | 0 | 83 | 13e |
2017 | Moto2 | 18 | 0 | 0 | 0 | 0 | 64 | 13e |
2018 | Moto2 | 18 | 1 | 1 | 1 | 0 | 138 | 10e |
2019 | MotoGP | 19 | 6 | 0 | 5 | 2 | 192 | 5e |
2020 | MotoGP | 14 | 4 | 3 | 0 | 0 | 127 | 8e |
2021* | MotoGP | 16 | 5 | 5 | 2 | 3 | 267 | 1er |
* en cours
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