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À la FIM de prouver l'avantage du déflecteur Ducati

Motorsport.com a demandé à certains ingénieurs F1 d’analyser le déflecteur de Ducati, qui a pour l’instant mis en suspens la victoire d’Andrea Dovizioso au Qatar.

Danilo Petrucci, Ducati Team

Danilo Petrucci, Ducati Team

Gold and Goose / Motorsport Images

La conclusion à laquelle ces ingénieurs arrivent est résumée par Toni Cuquerella, qui a occupé le poste de coordinateur des ingénieurs de piste de Ferrari en 2015 et 2016, après être passé par différentes équipes comme, par exemple, BMW Sauber.

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"Il est évident que le déflecteur de Ducati génère une charge aérodynamique et ce, dès le début, car chaque pièce exposée le fait. Dans ce cas, elle pourrait de plus réduire la traînée aérodynamique de la moto. Il faut également prendre en compte que l’effet généré affecte directement le train arrière. En étant fixé sur le bras oscillant, le flux d’air ne doit passer à travers aucun autre élément de la moto. Le problème est qu’au vu de la façon dont il est rédigé, le règlement ouvre une boîte de Pandore car il n’est pas explicitement dit que c’est interdit", explique l’ingénieur valencien.

"La FIM [Fédération internationale de motocyclisme] se retrouve désormais face à la nécessité de clarifier la situation. Il semble évident que Ducati est en avance sur tout le monde en matière d’aérodynamisme et qu’ils ont été très intelligents dans l’interprétation des failles de la réglementation", a ajouté Cuquerella, qui travaille actuellement comme chef ingénieur de Mahindra en Formule E.

Un avis partagé par un ingénieur en aérodynamisme de chez McLaren : "Il est évident que ce dispositif génère de l’appui aérodynamique. Probablement moins que les appendices du carénage, mais il est clair qu’il en génère."

Le fait que le panel de commissaires chargés de juger la réclamation déposée par Aprilia, Suzuki, Honda et KTM ait décidé de se retirer après l’appel effectué par les quatre constructeurs en seconde instance (la Cour d’appel de la FIM tranchera sur ce cas avant la fin du mois) a été le premier indicateur de l’imbroglio qui était en train de s’installer sous les yeux de l’organisme régulateur du championnat, et particulièrement au niveau technique.

"En F1, cela fait 30 ans que l’aérodynamique a une incidence majeure dans le rendement des monoplaces. Son impact est moins important en moto, il est donc normal que la FIM ne soit pas si habituée que cela à gérer ce genre de problèmes", a ajouté Cuquerella. "Mais la F1 a également connu des épisodes récents, où certaines équipes avaient habilement interprété un règlement présentant des failles, afin d’insérer des éléments qui étaient a priori interdits. On se souvient de la saison 2009 avec le double diffuseur de Brawn GP, le diffuseur soufflé de Red Bull et où théoriquement tous les ailerons étaient interdits, à l’exception de l’avant et de l’arrière", a relaté Cuquerella, qui était chez BMW Sauber avec Robert Kubica à cette époque.

L’été dernier, la Commission Grand Prix a approuvé une mesure visant à ralentir les investissements du développement aérodynamique des équipes, avec le vote contre de Ducati, afin de limiter l’escalade des coûts vers laquelle cette dérive amenait implicitement.

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Néanmoins, le fait que le déflecteur de Ducati soit fixé sur le bras oscillant et ne fasse pas partie de la zone reconnue par le règlement comme le corps aérodynamique de la moto, a provoqué la faille dans laquelle les techniciens de la marque italienne se sont engouffrés pour rendre ce dispositif légal. Et lorsqu’ils ont communiqué à Danny Aldridge, le directeur technique du Championnat du monde, que la finalité principale de la pièce n’était pas d’évacuer l’eau mais de rafraîchir le pneu arrière, ils ont obtenu la validation de son utilisation lors des courses sur le sec.

"La FIM devra reformuler le règlement technique, car il est évident qu’elle ne va pas pouvoir prendre les motos une par une et les amener dans une soufflerie pour quantifier le niveau de charge aérodynamique que chaque élément génère. On ne peut pas interdire des pièces générant une charge si on ne peut pas prouver qu’elles le font. Il est en revanche possible de réglementer leurs dimensions", a conclu Cuquerella.

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