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Flash-back : ces champions titrés pour une poignée de points

De Schwantz à Lorenzo, en passant par Doohan, Hayden et Márquez, qui sont ces Champions du monde consacrés pour quelques points ?

Le Champion du Monde 2006 de MotoGP Nicky Hayden savoure

Photo de: Repsol Media

La saison 2017 nous aura offert l'un des championnats les plus disputés, laissant longuement cinq prétendants au titre en bagarre au sommet de la hiérarchie. Tout se jouera cette semaine à Valence entre Marc Márquez et Andrea Dovizioso, les deux seuls à pouvoir encore remporter le Graal, séparés avant cette dernière course par 21 points en faveur de l'Espagnol. Si le pilote Ducati devait réussir à inverser la tendance, ce titre 2017 s'inscrirait encore un peu plus dans l'Histoire et trouverait sa place parmi les six titres sur lesquels nous avons choisis de nous arrêter aujourd'hui, les six saisons les plus serrées depuis la mise en place en 1993 du barème de points actuel.

1993 : Schwantz bat Rainey pour 34 points

Wayne Rainey, Yamaha, et Kevin Schwantz, Suzuki

En 1993, le championnat a déjà 44 ans et il ressemble désormais à ce que nous connaissons aujourd'hui. Voilà une petite vingtaine d'année qu'il se joue sur plus de dix manches – 14 en l'occurrence cette saison-là – et, contrairement à ce qui se faisait jusqu'en 1976, les résultats de toutes les courses sont désormais pris en compte. Une nouveauté de taille va par ailleurs changer les écarts : le système d'attribution des points qui est toujours d'actualité de nos jours entre tout juste en vigueur, avec 15 pilotes récompensés et une victoire valant 25 points.

Wayne Rainey se présente en favori à l'entame de la saison, fort de ses trois titres consécutifs. Engagé en 500cc depuis 1988, il fait chaque année partie des vainqueurs des courses et n'a jamais quitté le trio de tête du championnat, le tout en s'opposant aux Eddie Lawson, Wayne Gardner, Mick Doohan. Et Kevin Schwantz, bien sûr. Tous deux étaient déjà les meilleurs ennemis dans leur championnat national et c'est ensemble qu'ils sont arrivés sur la scène internationale.

Ils se sont détestés autant qu'ils s'admirent mutuellement aujourd'hui. Durant leur carrière, ils étaient une référence permanente l'un pour l'autre, aussi liés par leurs batailles en piste que différents dans leur approche et leur style. Schwantz gagnait moins, en tout cas jusqu'en 1993 car cette saison avait commencé mieux que les précédentes pour le Texan, enfin régulier : entre ses victoires, il parvenait cette fois à engranger de gros points et n'était en effet jamais descendu du podium durant les neuf premières courses.

En marquant le pas à Donington et Brno, Schwantz se fait déposséder de la première place au championnat par Rainey, qui arrive en leader à Misano, 11e des 14 courses de la saison. Mais le championnat et la vie du Californien basculent pendant la course, lorsqu'un accident le cloue sur un fauteuil roulant. Schwantz reprend (bien malgré lui) les rênes du championnat sur cette manche, puis termine quatrième à Laguna Seca. Sur la dernière course, à Jarama, un nouveau podium lui vaut le titre, mais en l'absence de son rival.

1995 : Doohan bat Beattie pour 33 points

Daryl Beattie, Suzuki, et Mick Doohan, Honda

Deux ans plus tard, l'écart entre les deux premiers du championnat est sensiblement le même, mais le scénario totalement différent. Cette fois, Mick Doohan se présente en tant que Champion du monde en titre, après avoir réalisé la saison parfaite l'année précédente. Il débute idéalement sa campagne mondiale en signant deux victoires, chaque fois devant son compatriote Daryl Beattie.

Celui-ci bat son aîné sur la troisième manche, au Japon, puis il réalise l'exploit de s'emparer des commandes du championnat à Jerez. Pourtant en délicatesse avec ses pneus et seulement septième en course, Beattie profite en effet de la chute de Doohan, alors leader, pour passer en tête de la hiérarchie mondiale. À la surprise générale, le jeune Australien enfonce le clou en s'imposant en Allemagne, alors que Doohan se blesse aux essais puis part une seconde fois à la faute en tête de la course.

Deux victoires du Champion en titre et une blessure de son adversaire à Assen inversent à nouveau l'ordre au championnat un mois plus tard. À partir de là, Doohan devance systématiquement Beattie sur chacune des courses restantes. Celui-ci continue cependant à engranger de gros points, au point de repousser le verdict à l'avant-dernière manche, en Argentine, où Doohan s'impose, une nouvelle fois devant celui qui restera son dauphin au championnat.

2012 : Lorenzo bat Pedrosa pour 18 points

Dani Pedrosa, Repsol Honda Team, et Jorge Lorenzo, Yamaha Factory Racing

En 2012, Jorge Lorenzo prend immédiatement les rênes du championnat et doit se confronter d'abord à Casey Stoner, puis à Dani Pedrosa qui prend l'avantage sur l'Australien après la huitième manche. À partir de là, le Catalan signe sept victoires et, tandis que son coéquipier se blesse pendant l'été, il s'affirme comme le réel opposant à Lorenzo.

Les deux Espagnols rivalisent de régularité, Lorenzo ne manquant le podium que deux fois sur l'ensemble de la saison, et Pedrosa trois fois. Chacun d'eux subit notamment un abandon en étant emmené dans la chute d'un autre pilote, mais c'est en Australie que Pedrosa perd le titre. Alors qu'il était revenu à 23 points de Lorenzo, il chute en tête de la course et ouvre la voie au sacre du Majorquin, qui termine la course en deuxième position. Jusqu'à ce dénouement, Lorenzo avait toujours engrangé le maximum de points possibles, terminant systématiquement deuxième des courses remportées par Pedrosa. Une régularité qui paye et qui lui permet d'être à l'abri avec une course d'avance, alors que la dernière verra justement Pedrosa gagner et lui-même chuter.

2006 : Hayden bat Rossi pour 5 points

Nicky Hayden et Valentino Rossi

Nous sommes en 2006 et Valentino Rossi paraît invincible, fort des cinq titres qu'il vient d'enchaîner depuis son arrivée dans la catégorie reine. Pourtant, cette saison va bouleverser l'ordre établi, et d'abord concernant les vainqueurs en course car ils sont sept à s'imposer sur l'ensemble du championnat, Rossi ne signant "que" cinq succès contre neuf ou 11 les années précédentes.

Et puis il y a Nicky Hayden. Sur une Honda pas vraiment aboutie et servant en partie à préparer la nouvelle machine de l'année suivante, l'Américain n'est pas, sur le papier, favori pour le titre. Il en est à sa quatrième saison et a remporté sa première victoire l'année précédente, ce qui fait de lui un outsider régulier, mais les observateurs peinent à l'imaginer rivaliser avec Rossi pour le titre.

Régulier, c'est bien le mot, car en montant systématiquement sur le podium sur les premières courses, Hayden s'empare de la tête du championnat après le troisième Grand Prix, en avril, et s'apprête à y rester jusqu'en octobre, avec pour seule parenthèse la première place reprise par Capirossi après le Mugello mais à égalité de points. Rossi n'est alors que cinquième, des faux pas et résultats mitigés lui coûtant cher malgré ses victoires.

Le numéro 46 remonte pendant l'été, puis il perd à nouveau de précieux points à Laguna Seca, où Hayden signe sa deuxième victoire de l'année. L'écart entre eux culmine alors à 51 points. S'en suivent cinq courses sur lesquelles la tendance s'inverse : Rossi enchaîne les podiums et gagne en Malaisie, tandis qu'Hayden ne parvient plus à figurer dans le top 3. Pire, son coéquipier le fait chuter à l'avant-dernière course, lui faisant cette fois perdre la tête du championnat tout en le blessant.

Tout se joue donc à Valence, où les deux prétendants au titre arrivent séparés de huit points, en faveur de l'Italien. Mais Rossi n'est pas dans le coup sur cette dernière course et sa 13e place finale lui coûte très cher face au podium de l'Américain. L'écart final est de cinq points, en faveur du Kentucky Kid. Beaucoup jugeront que la victoire qui a échappé à Rossi pour deux millièmes au Portugal a été déterminante dans ce verdict, car elle lui a précisément coûté cinq points. Si les deux hommes avaient été classés à égalité au championnat, c'est l'Italien qui aurait été déclaré champion à la faveur de son nombre de victoires. L'Histoire retiendra finalement que Nicky Hayden a été le premier à le priver du titre en MotoGP.

2015 : Lorenzo bat Rossi pour 5 points

Le vainqueur Jorge Lorenzo et le pilote en deuxième place Valentino Rossi, Yamaha Factory Racing

Valentino Rossi avait déjà été battu pour cinq points. Il avait déjà été battu après être arrivé sur la dernière manche de la saison en leader du championnat. Eh bien, en 2015, il allait connaître à nouveau ce sort.

Leader du championnat dès la première course, le Docteur semble avoir réuni toutes les pièces du puzzle pour aller chercher ce fameux dixième titre (toutes catégories confondues) après lequel il court depuis 2010. Il s'oppose principalement à Marc Márquez, qui commet toutefois trop de fautes pour rester durablement en lice, et à Jorge Lorenzo, plus résistant même s'il est moins présent que Rossi sur le podium. L'écart entre les deux pilotes Yamaha reste faible toute la saison, et il est même effacé à Brno lorsque le Majorquin prend la tête à égalité de points à la faveur de ses cinq victoires, contre trois pour Rossi.

Le tournant intervient en Malaisie, sur l'avant-dernier Grand Prix, lorsque Rossi reproche à Márquez d'avoir interféré dans la course au titre la semaine précédente, en Australie, et surtout lorsqu'il est jugé coupable de lui avoir asséné un coup de pied en course. Pénalisé, l'Italien doit partir du fond de la grille à Valence, transformant la dernière course de la saison en une remontée étourdissante. Seulement, pendant que Lorenzo file vers la victoire, le Docteur ne peut grimper plus haut que la quatrième place et il perd ainsi sa courte avance au championnat.

2013 : Márquez bat Lorenzo pour 4 points

Marc Marquez, Repsol Honda Team, Champion du monde 2013

À son arrivée en MotoGP, Marc Márquez ne fait pas dans la demi-mesure. Déjà titré en 125cc et Moto2 en à peine cinq saisons, il est, à 20 ans, en capacité de ramener Honda vers le titre en catégorie reine. Un premier podium à Losail puis une première victoire à Austin et le voilà déjà leader du championnat après ses deux premières courses. Mais Jorge Lorenzo puis Dani Pedrosa s'affirment peu à peu comme des adversaires féroces, si bien que le rookie marque le pas au championnat.

C'est sur l'une de ses pistes fétiches, le Sachsenring, qu'il reprend les rênes, pendant que ses deux rivaux sont forfaits sur blessure. Cette fois, Márquez ne va plus quitter la tête du championnat, alimentant son avance grâce à quatre victoires consécutives et à une série de podiums qui le mène à afficher 43 points d'avance après le Grand Prix de Malaisie. Il reste alors trois courses et on imagine mal que ce championnat va finalement être le plus serré depuis la mise en place du barème de points actuel.

Tout bascule en Australie, quand Márquez se fait disqualifier pour une erreur au changement de moto tandis que Lorenzo entame une série de trois victoires. Le Majorquin n'a plus que 13 points de retard en arrivant à Valence et il met tout en œuvre pour rendre une copie parfaite. Sa troisième place en course est toutefois suffisante au pilote Honda pour coiffer la couronne, avec quatre petits points de marge.

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