Le GP de France maintenu à huis clos : "Pas le moment de lâcher"

Fidèle au poste malgré la crise sanitaire, le Grand Prix de France se tient à huis clos cette année, après une édition 2020 réservée à une poignée de spectateurs. Si personne ne sait ce que réservera l'avenir, la porte est ouverte pour un deuxième Grand Prix cette année.

Marc Marquez, Repsol Honda Team

Marc Marquez, Repsol Honda Team

Gold and Goose / Motorsport Images

L.B., Le Mans - Organisateur et promoteur du Grand Prix de France depuis 28 ans, Claude Michy est déjà passé par bien des aventures au cours de cette longue collaboration avec le MotoGP. Mais qui aurait pu lui faire croire qu'il connaîtrait une édition à huis clos alors que son épreuve a enchaîné les records de fréquentation, dépassant trois ans de suite les 200'000 entrées ?

Infatigable cultivateur de la passion grandissante de la course moto en France, le patron de PHA a su mettre en œuvre au fil des années des solutions populaires qui n'ont eu de cesse d'enrichir l'expérience des spectateurs. Au point que le Grand Prix paraît désormais indissociable de son public, ravi par les bonus qui lui sont proposés. Et pourtant, malgré des portes ouvertes à seulement 5000 privilégiés, Le Mans a bel et bien fait partie des neuf circuits rescapés au calendrier 2020 pour sauver un championnat ébranlé par la crise sanitaire et les contraintes drastiques imposées aux déplacements et aux regroupements de personnes.

Et, cette année, c'est tout bonnement sans public que le Grand Prix de France se tient, toujours chamboulé par la situation sanitaire mais toujours là malgré tout. "Les pilotes ont envie de courir, et nous on a envie d'organiser", déclarait Claude Michy samedi soir en recevant des mains de Carmelo Ezpeleta un prix récompensant l'effort fourni en 2020. Un résumé fidèle de la position de l'Auvergnat, qui continue de faire front et de réaliser ce qui aurait pourtant semblé si inimaginable il y a encore quelques mois.

"Organiser ou pas, cela commence par un choix, et après on met en place des moyens et des solutions pour trouver le schéma économique le moins catastrophique", explique Claude Michy à Motorsport.com. "Premièrement, nous avons des partenaires fidèles qui sont là, même si nous n'avons rien à leur donner. L'année dernière, il y a eu 5000 spectateurs, c'est un deuxième point. Et après il y a les mesures qu'a mises en place l'État français pour toutes les entreprises et qui permettent de garder la tête hors de l'eau."

"L'État français a fait des choses qui n'ont pas été faites dans d'autres pays, pour tout un tas d'entreprises et de corporations très différentes : les cinémas, les restaurants, les organisateurs comme nous, etc", rappelle le promoteur. Quant aux sponsors, fidèles au poste, ils ont même été désireux de "donner un coup de main", alors qu'aucun budget ne leur a été demandé dans ce contexte si particulier de huis clos, dans une relation qui devient plus humaine au regard des bouleversements que chacun doit affronter.

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Voilà qui a aidé à compenser la perte pourtant notable engendrée par ce nouveau schéma d'épreuve. Il n'était donc pas question pour Claude Michy de renoncer à un Grand Prix qui, bien que radicalement différent, peut se tenir. "La Dorna fait des efforts pour que ça existe, donc nous prenons aussi notre part pour que ça se fasse. À partir de ce moment-là, on assume. On ne va pas se plaindre, on organise déjà, il y a des pilotes français, il y a un spectacle fantastique et de [très bonnes] audiences. C'est un tout. Ça n'est pas le moment de lâcher la bride et l'avenir sera meilleur un jour. Il y a de bonnes années, d'autres moins bonnes, et il y en aura des meilleures."

"Tant qu'on peut le faire vivre, on le fait vivre. Et comme nous étions une société globalement bien organisée, qui fonctionnait bien, nous avions un peu de trésorerie, un club de foot que nous avons vendu…" détaille le patron de PHA. "Nous avons toujours été de bons gestionnaires, c'est notre côté auvergnat ! Il faut être prudent dans tout et on s'aperçoit que, quand on a été prudent et gestionnaire, le jour où quelque chose de totalement improbable arrive, ça permet de tenir le coup."

Réaliste, Claude Michy rappelle aussi que l'absence de spectateurs s'accompagne d'économies qui contribuent à atténuer le déficit, en attendant des jours meilleurs où les tribunes vibreront à nouveau. "Si on fait [le Grand Prix] sans public, il y a beaucoup moins de frais. Il n'y a pas d'écran géant, pas de sortie des poubelles, de contrôleurs… Donc la charge descend aussi. C'est de la gestion. Ça n'est pas un équilibre, c'est déficitaire, mais c'est acceptable."

Deux Grands Prix auront déjà été organisés dans ce contexte si différent, et PHA continue de se réinventer. "Nous sommes tous formatés pour faire les choses d'une certaine façon, et au fur et à mesure du temps, nous sommes obligés d'être beaucoup plus réactifs. Mais là, il s'agit même de débrancher notre cerveau et d'imaginer tout ce qu'il pourrait être possible de faire, même ce qui peut paraître complètement incongru."

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Des reports de paiements, un programme digital commercialisé ou encore un format de Fan Zones imaginé pour toucher le public en dehors du Mans − projet mis sur pause pour 2021, mais toujours dans les rouages pour l'avenir −, les idées se bousculent chez PHA, le tout en pensant en premier lieu au public. "Le monde change. Il faut donc être un peu en avance pour voir comment s'organiser. Les Fan Zones, pour moi, c'était ça : c'est en train de changer, il faut se rapprocher du public qu'on ne va pas avoir ici, parce qu'ils sont loin et parce qu'économiquement ce n'est pas toujours simple, donc on va garder toute cette interconnexion [sur d'autres circuits], garder l'esprit, rassembler dans la convivialité. Les gens voient qu'on s'occupe d'eux, on ne les oublie pas."

Un deuxième Grand Prix en France en 2021 ?

Si le bilan est à ce jour acceptable, chacun trépigne à l'idée que les portes s'ouvrent à nouveau au public dès que possible. Claude Michy, pourtant, entend rester pragmatique et mesuré. "Toutes les choses que je ne maîtrise pas, je m'en importe peu. La météo, le virus… Il faut faire avec. Je pense que l'être humain s'adapte toujours à trouver une solution quoi qu'il se passe, mais ça ne sert à rien de se prendre le cerveau avant de savoir ce qu'il va se passer." Il a beau appeler de ses vœux des mesures de bon sens, il s'y pliera quelles qu'elles soient et cherchera, encore et toujours, à s'adapter. "Nous, on vivra avec ce qu'on va nous dire puisqu'on n'a pas la maîtrise du pouvoir", résume-t-il.

Nous sommes à la disposition de la Dorna. S'il y a un problème de calendrier, nous sommes prêts à l'aider pour refaire un Grand Prix.

Claude Michy

Encore et toujours prêt à se réinventer, Claude Michy ne pense pas qu'à 2022. Il a d'ores et déjà assuré la Dorna de son soutien pour la suite de la saison en cours, dont les contours pourraient rester mouvants en fonction de l'évolution de la situation sanitaire et des difficultés de déplacement dans le monde, notamment hors d'Europe où quatre manches sont hypothétiquement prévues à l'automne. "Nous sommes à la disposition de la Dorna. S'il y a un problème de calendrier, nous sommes prêts à l'aider pour refaire un Grand Prix s'il faut", assure-t-il.

Carmelo Ezpeleta a bien pris note de l'offre, sans s'avancer pour le moment à promettre un deuxième Grand Prix au Mans cette année. "Je ne peux rien dire aujourd'hui. Claude nous a offert la possibilité d'avoir cette journée. C'est bienvenu parce qu'on ne sait pas ce qu'il va se passer", a réagi le PDG de Dorna Sports ce dimanche matin sur Canal+. "Il faudra voir ce qu'on pourra faire à la fin de l'année. La proposition de Claude d'avoir cette possibilité, c'est un cadeau pour nous, mais je ne peux rien dire aujourd'hui."

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