Guintoli s'offre une trêve : "Rien ne remplace les courses"

Le Français dispute cette semaine le GP de Catalogne, une parenthèse enchantée dans un agenda désormais plus dévolu au travail de l'ombre, pour celui qui est devenu l'atout expérience de Suzuki dans son développement.

Sylvain Guintoli, Team Suzuki MotoGP

Sylvain Guintoli, Team Suzuki MotoGP

Gold and Goose / Motorsport Images

L.B., Montmeló - Pour la première fois depuis un an, Sylvain Guintoli est de retour aux affaires en MotoGP, aligné par Suzuki pour la première de ce qui devraient être trois wild-cards pour lui cette année, la prochaine à avoir été officialisée étant celle de Brno. S'il est également engagé sur les 8H de Suzuka, qu'il disputera aussi avec Suzuki, au sein du team Yoshimura, le Drômois n'est désormais plus investi à temps plein dans la compétition. "Je ne le vois pas comme un arrêt de la course, c'est plutôt que j'en fais un peu moins", souligne-t-il, précisant tout de même qu'il compense cela par un programme de tests qui, lui, n'est pas léger.

Si c'est plutôt un concours de circonstances qui a permis l'union entre la structure MotoGP de Suzuki et Guintoli, facilité par le fait qu'il roulait pour la marque en BSB lorsque le rapprochement s'est opéré, aujourd'hui le numéro 50 représente un précieux atout expérience pour Hamamatsu. Si l'on ajoute à cela le fait qu'il a "tout de suite eu une super relation avec la moto" et que celle-ci lui "donne beaucoup de ressenti", c'est un Sylvain Guintoli ravi d'être de retour aux affaires et impatient de reprendre le guidon de la GSX-RR que Motorsport.com a rencontré jeudi dans le paddock du GP de Catalogne.

Comment te sens-tu à l'heure de disputer ce qui est ton premier Grand Prix MotoGP depuis un an ?

Je me sens très bien. On a fait un très bon travail depuis l'année dernière pour faire progresser la moto. Suzuki a travaillé d'arrache-pied sur tous les fronts et clairement la moto est redevenue depuis le début de l'année une moto qui est capable d'aller sur le podium. Ils ont vraiment bien bossé. Et moi je suis super content d'être là. J'ai fait beaucoup de kilomètres avec la moto, j'ai fait beaucoup de tests, mais rien ne remplace les courses, donc je suis content d'être de retour sur la grille.

Sylvain Guintoli, Team Suzuki MotoGP

Ce n'est pas un peu dur à titre personnel de ne plus avoir cette routine de course désormais ?

Non. Ça fait 20 ans que je fais ça, donc c'est désormais un peu différent mais le travail de développement sur la moto est vraiment super intéressant. Il y a tout le temps des nouveautés. L'effort humain et l'effort financier que Suzuki met derrière, c'est quelque chose de phénoménal. J'ai la chance de pouvoir essayer toutes les nouvelles évolutions avant tout le monde, de les développer, de pouvoir influencer toute la direction de travail. En tant que pilote, je me suis trouvé dans un schéma où je me fais plaisir à faire ça et ça me fait plaisir de voir que la moto est devant. Pour moi, les courses c'est la cerise sur le gâteau.

Est-ce que tu avais pu sentir au cours de ton parcours que ça te plairait autant de faire ce travail de test et de développement, sans l'adrénaline de la course ?

Je pense que, dans tous les sports et dans toutes les professions, il y a une espèce de chemin qu'on suit ou pas. Des courses, des championnats, ça fait des années que j'en fais. L'année dernière ça a été l'apothéose, quand j'ai fait le BSB à plein temps, des courses de Championnat du monde Superbike, du Championnat du monde d'Endurance, trois Grands Prix MotoGP. J'étais tout le temps en train de rouler, tous les week-ends sur une moto différente. J'ai fait Michelin, Pirelli, Bridgestone, c'était un truc de fou ! D'ailleurs, je me demande si un pilote a déjà fait ça dans la même année. Cette année, je me concentre plus sur le développement de la moto. Et au niveau de l'adrénaline, il n'y a pas vraiment mieux qu'une MotoGP !

Comment s'organise ton programme en tant que pilote d'essais ?

Ça dépend. Mon agenda dépend du programme de tests. Il y a aussi un facteur lié à la production. Par exemple, s'ils font un nouveau carénage, il faut que le carénage soit prêt à être testé. Ou s'il y a un nouveau bras oscillant, il faut attendre qu'il soit prêt, ou alors peut-être qu'ils voudront attendre qu'il y en ait trois ou quatre pour qu'on puisse les évaluer et prendre une direction. Pour le moment on a eu beaucoup d'évolutions à tester sur tous les fronts et ça n'a pas arrêté. En novembre il y a eu deux jours à Jerez, ensuite on a fait deux fois trois jours à Sepang, puis j'y suis retourné en février, je suis allé à Motegi, Mugello, Barcelone… Donc je fais beaucoup de kilomètres.

Quand on fait des journées de tests comme ça, on passe beaucoup de temps à évaluer [les pièces] et on sait tout de suite ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, les nouveautés qui ont un potentiel et où il faut creuser un peu. Je ne sais pas au jour le jour ce qui se passe à Hamamatsu, mais j'ai une idée claire des axes de travail. Après, je suis pilote de tests donc ils m'appellent quand ils ont besoin de moi.

Sylvain Guintoli, Team Suzuki MotoGP

L'année prochaine, Suzuki aura deux pilotes très jeunes : Álex Rins qui aura deux ans d'expérience et Joan Mir qui aura tout à découvrir. Quel peut être ton rôle à leurs côtés ?

Je le vois comme un gage de confiance. On sait que la base de la moto est bonne. On apprend souvent de ses erreurs quand on en fait, alors pour moi la moto est maintenant compétitive et elle va le rester. C'est donc un choix intéressant d'avoir deux jeunes pilotes qui vont être en compétition et qui sont très doués. Joan Mir est un jeune pilote mais il est clairement très, très doué, au vu de ce qu'il a fait en Moto3 et de ce qu'il a tout de suite fait cette année en Moto2.

Des jeunes qui ont montré un talent comme ça en Moto3 et en Moto2, normalement ils ont tout de suite été rapides quand ils sont arrivés en MotoGP. Il y a un chemin tracé : les pilotes qui vont vite en Moto2 arrivent à s'adapter rapidement sur la MotoGP. Aujourd'hui on n'a aucune idée de ce qui va se passer, mais c'est hyper intéressant. C'est clairement un pilote qui est très doué.

Tu n'aurais pas rêvé secrètement que Suzuki t'appelle pour que ce soit toi le titulaire ?

Oh non, non. Là où je peux apporter le plus c'est dans ce que je suis en train de faire en ce moment, c'est pour ça que ça a marché l'année dernière et que ça marche cette année. C'est un rôle qui me plaît et qui me convient.

Penses-tu qu'une nouvelle perte des concessions ferait une grande différence dans la manière de travailler de Suzuki ?

Non, je ne pense pas. Suzuki c'est un des constructeurs qui est sur le devant de la scène en MotoGP. La moto est compétitive. C'est une marque avec une Histoire, qui a déjà été Championne du monde, ils font partie des constructeurs qui sont au top, donc les concessions ils ne les veulent pas.

Tu les vois gagner à la régulière cette année ?

Oui, la moto peut gagner à la régulière. C'est maintenant un package qui est performant.

Sylvain Guintoli, Team Suzuki MotoGP

Comment vois-tu le départ de Iannone et le fait qu'il n'ait pas eu énormément de temps pour s'adapter et faire ses preuves ? Ça va très vite cette année...

Oui, c'est souvent comme ça. Je suis bien placé pour le savoir, ça fait 20 ans que je cours et je n'ai pas beaucoup roulé deux années d'affilée dans le même team. Pour les pilotes c'est souvent comment ça, alors il faut essayer de s'adapter, de se placer et parfois ça passe, parfois moins.

La saison ne fait que démarrer. Avec le package actuel, les deux pilotes peuvent aller chercher les podiums et ils vont sûrement avoir une opportunité de gagner. Après, les contrats de pilotes ça doit se faire vite, en plus en ce moment ça se passe avec une année d'avance, donc quand le moment est arrivé de prendre la décision il faut la prendre. Mais il reste encore beaucoup de temps cette année pour continuer à faire des performances comme ils ont fait depuis le début de l'année.

Johann Zarco aussi a pris une décision très tôt. Tu penses qu'il a fait le bon choix ?

L'avenir nous le dira ! Là-dessus c'est vraiment difficile de se prononcer. Souvent tu dis un pilote va aller là et ça va le faire ou pas le faire… Tu regardes Valentino quand il est parti chez Ducati, ou Jorge... C'est un pari osé mais l'avenir nous le dira.

Je suis un fan de MotoGP, je suis toute l'actualité et les résultats de Johann aussi. Les performances qu'il a faites jusqu'à maintenant, avec le team d'Hervé [Poncharal] en plus, ça m'a fait plaisir aussi pour eux.

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