Le happy end d'une saison de montagnes russes pour Di Giannantonio

C'est la belle histoire de cette saison 2023 du MotoGP : le retournement de situation qui a permis à Fabio Di Giannantonio de trouver un guidon à la dernière minute.

Fabio Di Giannantonio, Gresini Racing

Lorsque Fabio Di Giannantonio a pris place sur la grille de départ pour la dernière course de la saison, il n'avait encore signé avec aucune équipe pour la saison suivante − saison qui débutait officiellement deux jours plus tard, avec le premier test de l'hiver. Pourtant, le pilote italien se voulait serein. Bien sûr, il savait que son manager avait œuvré en coulisses pour s'assurer qu'une solution soit trouvée in extremis, mais il avait aussi volontairement choisi de compartimenter les choses : d'abord, il fallait finir sa saison, et ce n'est qu'ensuite qu'il souhaitait véritablement s'intéresser à 2024.

"Pendant le week-end, je ne voulais pas penser à ce qui se passait hors piste. Puis, après la course, on a tout finalisé et il est devenu certain à 100% que j’allais rouler l’an prochain", a expliqué Di Giannantonio, qui a fini par apposer sa signature sur un contrat le liant au team VR46.

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Si l'équipe dirigée par Valentino Rossi l'a sauvé de justesse, il avait pourtant précédemment cru qu'une place lui serait réservée chez Repsol Honda. Fin octobre, après l'arrivée du GP de Thaïlande, il était en effet persuadé que l'annonce ne tarderait plus... mais quelques jours plus tard, quand le paddock s'est installé en Malaisie, ce sont d'autres noms qui circulaient.

"J’ai parlé avec Alberto [Puig] et ma relation avec lui est très bonne. Il a été bon avec moi pendant cette période, donc de mon côté ça allait", souligne Di Giannantonio, qui sait néanmoins qu'un championnat d'aussi haut niveau peut se révéler cruel.

"Au fond, c’est comme ça. Dans notre sport, ça semble être comme ça, alors il faut faire avec. Au final, il faut performer. On est au plus haut niveau des sports mécaniques et il faut performer. Il est certain qu'il y a assez peu de places, alors il faut en être, être un de ceux qui vont vite", pointe-t-il. Et en ce sens, il n'aurait pu mieux faire car, sans jamais s'être laissé abattre par la situation, il est allé chercher une première victoire épatante dix jours plus tard, à l'occasion de l'avant-dernier Grand Prix de la saison.

Dans la foulée, son horizon s'est éclairci, même s'il a tenté de se préserver jusqu'au bout, en laissant son manager "faire des choses de manager". "J’étais juste concentré sur le fait de donner le meilleur de moi-même en piste. Et quand on est arrivés à Valence, je m'imaginais en noir et jaune !"

Intégrer le team VR46 n'était pourtant pas une option envisageable quelques semaines plus tôt : "Il y a deux mois, il n'y avait pas beaucoup de motos disponibles. Le team VR46 était au complet pour 2024, alors à ce moment-là c'était impensable, il n'y avait pas de place disponible." Et pour cause, Luca Marini était déjà sous contrat aux côtés de Marco Bezzecchi, et Honda examinait d'autres candidats pour remplacer Marc Márquez.

Mais Marini a manifesté son intérêt et su convaincre le HRC qu'il serait l'homme de la situation, puis il a obtenu la rupture de son accord avec VR46. Quant à la structure managée par Alessio Salucci sous la gouvernance de Valentino Rossi, elle a d'abord eu pour projet de faire débuter un pilote venu de la catégorie Moto2, avant de changer son fusil d'épaule. En intégrant le cercle des vainqueurs une semaine avant la conclusion du championnat, Fabio Di Giannantonio a écrit une de ces histoires qui font toute la beauté du sport.

Fabio Di Giannantonio a sauvé sa place en remportant sa première victoire à une semaine de la fin du championnat.

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Fabio Di Giannantonio a sauvé sa place en remportant sa première victoire à une semaine de la fin du championnat.

"Dans ce sport, on a vu qu'il se passe des choses très vite, et ça dépend beaucoup des résultats en piste, voire uniquement de ça. Alors il ne faut jamais dire jamais", affirme le Romain de 25 ans, qui a connu de longs mois d'incertitude. Dominé par son coéquipier Álex Márquez alors qu'il disputait sa deuxième saison dans la catégorie MotoGP et dans l'équipe Gresini, Di Giannantonio espérait prolonger son contrat en même temps que l'Espagnol, au début de l'été... En vain. Elle intéressait l'autre Márquez et lui, il est resté sur la liste d'attente.

Cantonné à de rares apparitions dans le top 10, il n'est pas monté plus haut que la huitième place pendant ses 34 premiers Grands Prix. Après le Japon, début octobre, il était encore 16e du championnat, avec deux fois moins de points que son voisin de stand. C'est en Indonésie, deux semaines plus tard, que tout a changé. Soudain, Di Giannantonio s'est affirmé comme l'un des hommes forts de cette fin de saison : quatrième à Mandalika, il est monté sur le podium à Phillip Island, donnant déjà le ton ; puis au Qatar, il est passé à deux doigts de la victoire du sprint et a fini par s'imposer le dimanche, avant de clore à Valence avec une autre quatrième place − une pénalité l'ayant privé du podium.

"Des montagnes russes d'émotions"

"Cette année a été un voyage incroyable, des montagnes russes d'émotions, pour finalement en arriver à un contrat pour 2024 avec l'une des meilleures équipes de la grille", résume-t-il au micro du site officiel du MotoGP, conscient de tout ce qu'il vient de traverser en un an, lui qui avait bouclé sa première saison déçu et frustré.

"En début d'année, on avait un plan pour me faire progresser. On ne pouvait évidemment pas s'attendre à ce que je me batte pour le podium lors des premières courses, parce que je sortais d'une année difficile", se remémore-t-il après des mois de lutte. "Le plan était donc que je progresse en apprenant certaines choses, mais ça a pris du temps, c'est certain. On voulait vraiment s'en tenir à notre plan et rester concentrés sur le travail qu'on avait à faire et puis, petit à petit, ma vitesse s'est améliorée au fil de l'année, mes sensations avec la moto aussi, les résultats ont commencé à arriver petit à petit, donc j'ai gagné en confiance et on a fini l'année en faisant, je crois, du super boulot."

Dans tout ce tourbillon, a-t-il eu peur de ne pas avoir de guidon ? "Clairement. Quand j'étais à la maison, loin de la piste, c’était difficile de penser à ce que pourrait être mon avenir. Il y a quelques mois, tout était très difficile. Mais comme je l’ai toujours dit, la force dans ces cas-là c’est soi-même, et surtout le groupe qui nous entoure, et je dois dire que j’ai eu un groupe formidable, entre mes amis, ma famille, ma copine, mais aussi mes collaborateurs, mon staff à la maison. On a toujours essayé de ne pas trop prêter attention à l’avenir, plutôt de penser au présent et de travailler. C'est-ce que j’ai toujours dit et c’est ce qu’on a fait. Mais il est clair que ça n’a pas été une période rose."

"Il est certain que cette année a été assez compliquée avec tous les changements qui se sont produits, mais quoi qu’il en soit, je suis super heureux et je ne veux voir que les choses positives, à savoir que j’ai finalement un super guidon pour l’an prochain. Et puis, on a terminé la saison à un niveau élevé. Il y a donc beaucoup de choses desquelles l’on peut retirer du positif, alors il faut regarder vers l’avant !”

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