Poncharal : "Pas fou" d'imaginer un pilote satellite titré en MotoGP
Le patron du team Tech3 observe avec enthousiasme le changement de dimension des équipes satellites en MotoGP et les solides résultats de leurs pilotes, qui ont multiplié les victoires ces dernières saisons.
Si Hervé Poncharal ne s'est pas défilé face au bilan décevant de Tech3 cette année, il a souhaité le relativiser en saluant la spirale positive dans laquelle se trouvent désormais les équipes satellites du plateau MotoGP. Celles-ci ont véritablement changé de dimension, contribuant solidement à la richesse de saisons qui voient les vainqueurs se multiplier.
Depuis le record de neuf vainqueurs différents établi en 2016, on a ainsi vu se succéder cinq pilotes sur la plus haute marche du podium en 2017, 2018 et 2019, puis neuf à nouveau en 2020 (en seulement 14 courses) et encore huit en 2021. Parmi eux, de nouveaux noms au palmarès de la catégorie, mais aussi des équipes qui jusqu'alors n'avaient encore jamais gagné.
Voir les teams satellites s'imposer en course était tout bonnement impensable il y a encore quelques années, à moins éventuellement de conditions instables qui poussaient la critique à faire la moue et à amoindrir leur performance. Ainsi, lorsque Jack Miller mit fin à dix ans de disette des équipes privées en 2016, après le fameux succès de Toni Elías au GP du Portugal 2006, on vit dans sa victoire une certaine part de "chance" due à la pluie.
Mais ce qui était alors une surprise est devenue un fait établi depuis : les pilotes des structures satellites ont désormais bel et bien les moyens de se battre pour la première place. Cal Crutchlow l'a prouvé à plusieurs reprises, puis la saison 2020 a définitivement donné un grand coup de pied dans la fourmilière : Fabio Quartararo (Petronas SRT), Miguel Oliveira (Tech3) et Franco Morbidelli (Petronas SRT) ont gagné, et même plus d'une fois jusqu'à représenter la majorité des courses face aux pilotes d'usine. Cette année, enfin, c'est Jorge Martín qui a apporté sa contribution au guidon de la Ducati du team Pramac.
Preuve s'il en était besoin que ces performances n'étaient pas dues au hasard, les pilotes de ces structures se sont même mêlés à la lutte pour le titre. On a ainsi vu Crutchlow en tête du championnat après sa victoire à la deuxième course de 2018, une première depuis 14 ans. Et personne n'aura oublié un Quartararo longtemps prétendant à la couronne en 2020 alors qu'il courait toujours pour l'équipe satellite Yamaha, puis la deuxième place finale de son coéquipier, Morbidelli. Cette année, c'est Johann Zarco que l'on a vu un temps aux commandes du classement général.
Ce changement de dimension est fait pour durer. Le fait est que les teams satellites disposent maintenant de machines d'usine et souvent d'un matériel identique aux équipes officielles, ce qui a profondément fait évoluer la catégorie. Une mutation dont Hervé Poncharal se félicite, lui qui a connu les émotions incomparables de la victoire l'an dernier avec Miguel Oliveira.
"Le niveau des équipes indépendantes et satellites a beaucoup augmenté", observe le patron de l'équipe Tech3. "Il y a quelques années, il y dix ans je dirais, nous étions là, entre guillemets, pour remplir la grille, et les constructeurs nous voyaient comme un poids sur leurs épaules. Ils devaient le faire pour avoir une grille, mais c'était surtout : 'OK, vous récupérez les trucs qui étaient censés aller à la poubelle et donnez-nous de l'argent pour ça, mais vous faites votre travail et nous, on se bat pour le championnat'. Mais maintenant…"
"Nous avons gagné des courses l'année dernière, Razlan [Razali, patron du team SRT] aussi, Paolo [Campinoti, patron de Pramac] cette année, Lucio [Cecchinello, patron de LCR] dans le passé. Nous pouvons voir que le travail que nous avons fait avec la Dorna et l'IRTA, en poussant la MSMA, a été très, très productif. Et maintenant, vous n'avez plus de pilotes satellites ou de pilotes d'usine, tout le monde est au même niveau."
Hervé Poncharal et Miguel Oliveira après la victoire de Tech3 au Grand Prix de Styrie 2020
La place occupée par Tech3 dans le groupe KTM est d'autant plus évidente que, depuis l'an dernier, l'appellation de "factory team" lui a été donnée. Dans les faits, les évolutions lui parviennent tout de même un peu plus tard qu'à l'équipe officielle, néanmoins le constructeur autrichien souhaite une véritable interaction dans le développement technique dans l'espoir de mieux avancer en doublant les ressources.
"La plupart des pilotes satellites sont sous contrat avec les usines, sur ma veste il est écrit 'factory racing' et cela montre que tout ce pour quoi nous avons travaillé ces dix dernières années a mûri et que nous avons atteint ce que nous voulions atteindre", ajoute Hervé Poncharal. "Je voudrais remercier tout le monde pour cela parce que c'est un scénario différent maintenant et ce n'est pas fou de penser qu'un pilote satellite pourrait gagner le championnat à tout moment."
Six constructeurs restent engagés en MotoGP pour le nouveau cycle réglementaire qui débute, et parmi eux quatre qui peuvent compter sur une ou plusieurs équipes satellites, seuls Suzuki et Aprilia n'étant pas encore concernés. Six teams privés feront partie de l'échiquier en 2022, avec une majorité écrasante de Ducati (six), face au schéma plus classique de Yamaha, Honda et KTM (deux chacun).
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