Honda et son approche nouvelle, en quête "d'air frais"

Le directeur du HRC reconnaît que l'arrivée de Ken Kawauchi en tant que nouveau directeur technique traduit l'intention de la marque de rechercher "de nouvelles idées et de nouveaux points de vue".

Un mécanicien de Marc Marquez, Repsol Honda Team

Un mécanicien de Marc Marquez, Repsol Honda Team

Srinivasa Krishnan

Outre le renouvellement de la moitié de son line-up, Honda se distingue en ce début d'année avec le recrutement d'un nouveau directeur technique prenant la suite de Takeo Yokoyama : c'est Ken Kawauchi qui rejoint la marque à l'aile dorée à ce poste, après avoir mené le programme Suzuki depuis de nombreuses années.

Récemment, il a revêtu pour la première fois les couleurs de Honda pour participer à un test privé organisé à Jerez. On le reverra ces prochains jours à Sepang, cette fois pour les premiers essais officiels de la pré-saison, d'abord le shakedown réservé aux pilotes essayeurs et qui débutera demain, puis le test collectif prévu du 10 au 12 février et qui lancera véritablement la préparation du championnat. Les quatre pilotes de la marque y découvriront la dernière version de la RC213V, avec laquelle l'objectif évident sera de remonter la pente après une saison 2022 catastrophique. Aucune victoire et la dernière place parmi les six constructeurs engagés : c'est bien simple, jamais Honda n'avait connu pire année en Grand Prix.

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C'est dans le but d'inverser la vapeur que Ken Kawauchi a été débauché, une démarche inhabituelle pour le HRC. "La raison pour laquelle nous faisons venir des ingénieurs de l'extérieur, c'est pour apporter de nouvelles idées, de nouveaux points de vue et un air frais", a expliqué Tetsuhiro Kuwata lors d'un entretien avec les médias au Japon il y a quelques jours.

Il s'agit ici de remplacer un maillon essentiel dans la chaîne, celui qui a pour mission de faire le lien entre l'équipe de course et les attentes des pilotes d'un côté, et les ingénieurs basés à Tokyo et en charge du développement de l'autre. Ken Kawauchi devra comprendre les requêtes nées du ressenti en piste pour les transmettre aux ingénieurs et leur permettre de bien orienter le développement.

Faire appel pour cela à une personne venue de l'extérieur et ayant acquis chez la concurrence une riche expérience est un choix peu commun pour Honda, plus enclin habituellement à la promotion interne. "L'expérience et les connaissances de quelqu'un qui vient de l'extérieur seront un bon stimulant pour que le HRC aille de l'avant. Pour que Honda puisse avancer, il était important d'apporter de l'air frais", a expliqué l'ingénieur japonais.

Les louanges ont été nombreuses pour accompagner ce transfert, ses anciens collègues rappelant à quel point le caractère et les compétences de Ken Kawauchi pouvaient répondre au besoin d'un constructeur comme Honda, qui semble représenter mieux qu'aucun autre les difficultés actuelles des marques japonaises, à la peine depuis l'apparition du COVID-19. Améliorer la communication interne pour mieux organiser le développement, telle a justement été la requête de Marc Márquez, qui a plusieurs fois exprimé ces derniers mois sa volonté de voir le constructeur réagir.

"L'année dernière, nous avons essayé d'améliorer les performances de la moto en introduisant de nouvelles pièces. Mais au bout du compte, notre empressement à réagir rapidement sur plusieurs fronts a fait que nous nous sommes perdus", a admis Tetsuhiro Kuwata.

Ken Kawauchi a tenu un rôle essentiel chez Suzuki

Ken Kawauchi a tenu un rôle essentiel chez Suzuki

Ancien team manager de Repsol Honda mais aussi de Suzuki, Livio Suppo voit dans ce recrutement un changement idéal pour le HRC. "Il est crucial [que toute l'équipe] ait la même vision et que les gens qui sont sur le circuit fassent confiance aux gens de l'usine et vice versa. S'ils ne partagent pas les mêmes idées, alors c'est un désastre pour le développement de la moto", observe-t-il auprès du site officiel du MotoGP.

"Sachant cela, Ken a deux gros atouts. Premièrement, il a démontré qu'il était très bon dans son travail. Deuxièmement, il a un très bon caractère. Je pense que dans ce genre de travail, l'empathie est super importante parce qu'il est impossible que les ingénieurs du circuit et ceux de l'usine partagent tout le temps la même vision. Ceux qui sont sur la piste peuvent manquer quelque chose que ceux de l'usine comprennent et vice versa. Donc, l'empathie et la capacité à travailler avec les deux groupes sont très importantes et je crois que Ken a cela."

"Je ne pense pas que son rôle sera de construire une nouvelle moto", poursuit Livio Suppo. "Il aidera tout le HRC à aller dans la même direction, ce qui est très important. Je dis bien la même direction et non la bonne, car il y a une grande différence. Si tout le monde travaille dans la même direction, on comprend si c'est la bonne voie ou pas, alors que si les gens travaillent dans des directions opposées, personne ne saura ce qui est bon ou mauvais. La moto peut être nulle et personne ne sait à qui revient la faute. Il est important de ne pas avoir de guerre interne entre des personnes qui pensent que leurs idées sont meilleures que celles d'un autre."

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