Interview - L'équipe Suzuki vise le top 8, sans pression du constructeur
Photo de: Suzuki MotoGP
L.B., Le Mans - Après une parenthèse de trois ans, Suzuki effectue cette saison son retour en MotoGP avec une structure dirigée par l'expérimenté Davide Brivio, ancien team manager Yamaha. Des débuts plutôt prometteurs, quoique contraints à la modestie qu'impose l'interruption de ce programme qui a laissé s'échapper les mastodontes du Championnat.
"Nous devons nous estimer heureux de ce que nous faisons, parce que nous sommes une équipe débutante, jeune," rappelle Davide Brivio à Motorsport.com. "Nous n'en sommes qu'à notre première année de course après un arrêt plutôt long et nous avons clairement beaucoup de terrain à rattraper par rapport à ceux qui sont toujours restés en MotoGP."
Randy de Puniet a eu un rôle très important.
Davide Brivio
Afin de porter la GSX-RR à un niveau digne du MotoGP, Randy de Puniet a beaucoup pesé dans la préparation de ce projet dont il a mené les essais durant un an et demi. "Il a eu un rôle très important," confirme Brivio. "Il a donné les premières indications sur les problèmes de châssis qu'avait cette moto et les problèmes d'électronique. Son expérience a été très utile pour nous."
Pour la concrétisation, c'est toutefois vers de jeunes pilotes que Suzuki s'est tourné. Après avoir un temps tenté de convaincre Andrea Iannone, finalement parti vers l'équipe officielle Ducati, c'est aux Espagnols Aleix Espargaro et Maverick Viñales qu'a été confiée la GSX-RR. Des pilotes qui ne bénéficient pas d'une expérience aussi riche l'un que l'autre et qui jouent donc un rôle différent au sein de l'équipe, sans nourrir les mêmes ambitions immédiates.
"Nous sommes ravis de nos pilotes, c'était un bon choix parce que ce sont deux jeunes pilotes," juge le directeur de l'équipe. "Aleix a quand même beaucoup d'expérience et il est utile pour ses conseils et la façon dont il mène notre développement. Il sait ce qu'il veut, il sait ce qu'il faut et il nous donne de bonnes indications. A mon avis, Maverick Viñales a beaucoup de talent. Il fera certainement partie des protagonistes à l'avenir. Il grandit avec nous : pendant que nous essayons de faire progresser la moto, lui se familiarise avec le MotoGP."
Pas de pression de la part du constructeur
Après les cinq premières manches de la saison, les pilotes Suzuki occupent la neuvième et la dixième places du Championnat, avec pour meilleurs résultats deux septièmes positions décrochées par Espargaró. Un bon début, qui permet à l'équipe de figurer devant l'équipe satellite Ducati (Pramac), mais encore à distance respectable des trois constructeurs leaders du MotoGP. La route est encore longue et passe nécessairement par le développement d'une moto manquant encore de certaines qualités essentielles.
"D'un point de vue technique, beaucoup de choses peuvent bien entendu être améliorées. Néanmoins, nous sommes partis d'une très bonne base en matière de châssis," rappelle Brivio. "Nous sommes en train de développer le moteur, car nous ne sommes pas très rapides pour le moment. Nous travaillons également sur l'électronique, un secteur plutôt compliqué qui demande beaucoup d'expérience. Pour des débutants, c'est plutôt bien. Nous réalisons un travail de développement de la moto et de croissance en tant que team et pilotes. Nous espérons travailler longuement tous ensemble, conserver ce groupe pour valoriser tout ce travail."
Ce n'est pas un projet d'un an ou deux. Je crois que nous avons le temps.
Davide Brivio
Quid du niveau attendu à court terme? "Difficile de fixer un objectif chiffré," temporise Davide Brivio. "C'est maintenant qu'arrive le plus difficile. Nous devons nous rapprocher le plus possible de nos adversaires principaux, à savoir les trois constructeurs engagés depuis des années. La situation s'est un peu compliquée parce que Ducati s'est portée au niveau de Honda et Yamaha, mais cela reste notre objectif."
"J'estime que faire partie des huit premiers cette année serait un bon résultat. Ensuite, nous devrons essayer de progresser dans les années à venir et, qui sait, dans quelque temps rivaliser avec eux. Le travail de Ducati a démontré qu'il fallait beaucoup de temps. Nous essaierons donc de suivre une route qui nous permette de nous battre le plus tôt possible avec ces trois équipes."
Le directeur de l'équipe assure ne pas avoir la corde au cou, la maison-mère d'Hamamatsu ayant décidé ce retour parfaitement consciente des délais nécessaires au succès. "C'est un projet qui démarre tout juste. Suzuki revient en MotoGP, ce n'est donc pas un projet d'un an ou deux. Je crois que nous avons le temps pour faire du bon travail," promet Davide Brivio.
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