Jack Miller : "J'étais fatigué de devoir justifier ma place"

Jack Miller était lassé de devoir constamment prouver sa valeur à Ducati et a senti une envie plus nette chez KTM. Le vainqueur de Motegi sent que l'équipe penchait plus du côté de Pecco Bagnaia en raison de sa nationalité italienne.

Jack Miller, Ducati Team

Photo de: Dorna

Jack Miller va mettre un terme en fin d'année à une relation de cinq ans avec Ducati, entamée avec Pramac avant d'intégrer l'équipe officielle la saison passée. Le futur pilote KTM s'apprête ainsi à couper les ponts avec le constructeur au moment où celui-ci domine le MotoGP comme jamais, avec six victoires consécutives. Mais s'il est impressionné par la forme actuelle de la Desmosedici, Miller l'est également par son propre parcours à son guidon.

"J'ai fait beaucoup de choses que je ne pensais pas possibles quand j'ai signé chez Ducati en 2018", a assuré l'Australien dans une interview livrée au site officiel du MotoGP avant son succès à Motegi. "On ne savait pas ce que la moto allait devenir, tout ce qui allait se passer. Elle était encore en train d'évoluer à l'époque. On façonnait la moto que l'on a maintenant mais elle n'était vraiment pas au niveau actuel. C'était un défi pour moi. J'ai pu passer par le système Pramac et tracer ma voie jusqu'à l'équipe d'usine, et en plus gagner dans l'équipe d'usine. C'était un accomplissement incroyable pour moi."

Malgré le niveau atteint par Ducati et par lui-même, Miller dernier ne semble pas véritablement regretter son départ en fin de saison. Contrairement à d'autres pilotes liés au constructeur italien, il n'a jamais pu disposer d'un contrat dans la durée et a déjà confié qu'il était soulagé de ne pas avoir à subir une nouvelle attente comme celle vécue par Enea Bastianini et Jorge Martín pour prendre sa succession dans l'équipe officielle.

"Je ne vais pas dire que tout était rose : j'étais fatigué des contrats d'un an, de devoir justifier ma place au Qatar tous les ans, de montrer que je méritais le poste, que je méritais ma place, et de devoir répondre aux questions des médias et de tout le monde. J'en avais marre de devoir justifier pourquoi je devais être désiré."

Tout en se réjouissant de la bonne ambiance dans l'équipe et de sa relation sans nuage avec Pecco Bagnaia, Jack Miller a senti un certain tropisme vers son coéquipier au sein d'une structure quasi exclusivement faite de membres italiens. Cette situation sera renforcée avec l'arrivée d'Enea Bastianini, et pourrait même générer une certaine rivalité interne selon Miller.

"Il y a eu une bonne dynamique depuis qu'on partage le garage avec Pecco. Il a vraiment pris un rôle de leader, il a pris l'avantage sur moi, je l'admets. Il a fait mieux que ce dont j'étais capable ces deux dernières années. Ce n'est pas faute d'avoir essayé ! Il y aura deux Italiens dans une équipe italienne, je ne veux pas en dire trop [à ce sujet]. Je pense que tous deux savent ce qui est important, ils savent ce qu'ils veulent. Ça serait dur de trouver un coéquipier aussi facile à vivre que moi."

Jack Miller, Ducati Team, Francesco Bagnaia, Ducati Team

Coéquipiers depuis 2019, Pecco Bagnaia et Jack Miller ont rejoint l'équipe Ducati officielle ensemble en 2021

"Au final, je viens de l'autre côté du monde. Je suis australien dans une équipe italienne, je ne parle pas la langue. Je crois qu'on peut dire qu'on est un peu mis sur la touche. C'est peut-être plus facile pour l'équipe [avec un Italien]. Je tiens à dire que je parle beaucoup avec l'équipe et qu'elle aime ma présence, mais ce n'est jamais la même chose, la même culture."

"Avec deux pilotes du même pays, je pense que cela va un peu pimenter les choses. Je pense que l'ambiance sera vraiment différente dans l'équipe l'an prochain mais qu'ils seront quand même très performants."

Une plus forte envie chez KTM

C'est pour toutes ces raisons qu'avant même que son départ ne soit acté par Ducati, Miller a pris les devants en sondant l'intérêt de KTM. Il a tout de suite senti une envie de le recruter et le contrat de deux saisons proposé par la marque autrichienne l'a séduit à un moment de sa carrière où il se sent sûr de ses forces.

"Aki [Ajo] est mon manager depuis longtemps, il dirige l'équipe de KTM en Moto3 et Moto2. J'ai demandé à Aki quelles étaient mes chances avec eux, s'ils seraient intéressés. Il leur a demandé et ils étaient extrêmement intéressés, ce qui m'a déjà apporté une grosse motivation parce que je me suis dit 'ces gars ont un gros projet et ils veulent mes connaissances, les compétences que je pense pouvoir leur offrir'."

"C'était important et à ce stade de ma carrière, j'ai 27 ans, je ne suis pas un perdreau de l'année. Je reste jeune mais si on regarde l'âge de certains qui sont ici... Après Cal [Crutchlow] qui est de retour, Aleix [Espargaró] est le plus âgé, et ensuite [ils sont beaucoup plus jeunes]. À ce stade de ma carrière, je sais ce que j'ai fait chez Ducati, quel a été mon rôle. L'aventure a été incroyable et avec l'expérience que j'ai de la Ducati mais aussi chez Honda, j'ai pu comprendre beaucoup de choses ces dernières années."

"Comme je l'ai dit, j'ai 27 ans mais je suis en MotoGP depuis longtemps. Je pense que je peux leur offrir beaucoup d'informations et qu'ils peuvent m'apporter un gros soutien et une moto très performante dans un avenir proche."

Le vainqueur Jack Miller, Ducati Team

Jack Miller sur le podium après sa victoire au Japon

Comptant à son palmarès un succès au guidon de la Honda, puis trois à ce jour avec la Ducati, Miller va maintenant chercher à gagner avec une KTM, une moto beaucoup moins performante que la GP22 cette saison mais qu'il ne juge pas si distancée. Brad Binder reste sur une deuxième place au Japon, derrière Miller justement, et il avait terminé au pied du podium une semaine plus tôt au GP d'Aragón.

"Je pense qu'ils ne sont pas loin", a souligné Miller. "Ils ont gagné une course cette année [sous la pluie en Indonésie, ndlr], ils ont fait quelques podiums. J'ai passé une vingtaine de tours derrière Brad [en Aragón] et quand la moto est bonne, elle l'est vraiment. Ce n'est pas comme lancer un tout nouveau projet. Ils ont gagné des Grands Prix et je pense qu'ils ont quelque chose de très bon."

"Ils ont les connaissances, tout le monde sait ce qu'ils veulent faire, ils l'ont fait dans tous les championnats où ils se sont engagés et ils veulent le reproduire ici. C'est cool de faire partie de ça. Je ne dis rien de nouveau, mais c'est un peu un retour au bercail. L'équipe a vraiment lancé ma carrière en Grand Prix. On peut dire que la boucle est bouclée et c'est vraiment cool de faire partie de ça."

Jack Miller va également retrouver Brad Binder, un pilote au parcours très différent même s'ils ont rejoint le Championnat du monde quasi simultanément : "Je pense que la dynamique sera très bonne dans l'équipe. Avec Brad, on est arrivés dans ce paddock en 2011. Il a fait une wild-card à Indianapolis et moi à Misano. On a tous les deux fini en 125cc en 2011 à partir de ce Grand Prix [au Japon]. On a partagé notre hospitalité les premières années. Les Sud-Africains et les Australiens sont très proches, culturellement, etc."

"Je pense que l'ambiance sera incroyable dans le garage. Nous sommes de grands compétiteurs mais on s'entend bien aussi donc c'est vraiment bien de faire partie de ça."

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